Par l’équipe de direction de l’institut FMES
Toute l’équipe de la FMES vous souhaite une belle, bonne et heureuse année 2022 !
Celle-ci débute sur les chapeaux de roue, illustrant une fois encore le monde qui change et se durcit sous nos yeux. Le président russe Vladimir Poutine accentue la pression sur l’Ukraine et ses voisins d’Europe orientale, tout en organisant l’intervention militaire de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) au Kazakhstan, puis en annonçant des déploiements navals d’ampleurs comme la marine russe n’en avait plus connus depuis trois décennies. Ce faisant, le maître du Kremlin démontre sa maîtrise du jeu d’échecs. Il profite de la perte de poids américaine pour pousser ses pions et montrer sa capacité à prendre des risques calculés, rehaussant par là même son prestige et son utilité aux yeux des dirigeants chinois très satisfaits de le voir fixer à proximité de l’Europe une partie des forces militaires qui auraient dû être déployées en Asie. A l’heure où les négociations de Vienne sur le dossier nucléaire iranien s’accélèrent, le Kremlin fait sans doute coup-double, car il se met en posture de convaincre Téhéran qu’il reste incontournable dans l’équation stratégique mondiale, qu’il demeure le meilleur fournisseur d’armes sophistiquées de l’Iran (missiles sol-air S-400 et chasseurs Su-35 en cours de négociation) et s’invite dans l’élaboration d’un accord intérimaire entre Washington et Téhéran. Ce n’est donc pas un hasard si les combats s’intensifient au Yémen où les Houthis soutenus par l’Iran défient les Saoudiens soutenus par les Etats-Unis, et si les autorités iraniennes multiplient les déplacements à Moscou et Pékin, en parallèle de leur dialogue direct avec les Etats-Unis, probablement pour faire monter les enchères.
De leur côté, les élites dirigeantes américaines tentent d’opérer le damage control d’une situation critique, conséquence de 30 ans d’erreurs stratégiques, et marquée par les difficultés intérieures de leur président âgé et l’image de relative faiblesse qu’il projette urbi et orbi. Elles adoptent une posture martiale pour bien signifier à Moscou et Pékin qu’elles réagiront sans faiblir à toute provocation outrancière.
A l’heure de la présidence française de l’Union européenne et de la campagne électorale en France, peut-être ces tensions à nos portes contribueront-elles à sensibiliser les citoyens européens et français à l’absolue nécessité de prendre conscience du monde brutal dans lequel nous évoluons afin de rehausser leur effort de défense ? Sinon, l’Union européenne risque un déclassement stratégique que les dirigeants américains, russes, chinois et turcs appellent probablement de leurs vœux pour marginaliser ou vassaliser plus facilement une Europe toujours riche et potentiellement puissante, mais perçue comme faible et sans réelle volonté de se défendre.
Plus que jamais, la FMES se tiendra à vos côtés en 2022 pour déchiffrer les recompositions géopolitiques en cours, contribuer au débat stratégique et à la formation des élites régionales et nationales, comme l’illustrent la session très réussie des SMHES en lien avec l’industrie aérospatiale, mais aussi la participation active de notre Institut à La Fabrique Défense aux halles de la Villette du 28 au 30 janvier. Convaincre les jeunes générations de la nécessité vitale de s’intéresser aux questions de défense et aux enjeux de sécurité internationale constitue sans aucun doute le meilleur investissement qu’un pays puisse faire.
L’équipe de direction de l’institut FMES.