Edito septembre 2024

C’est dans une indifférence quasi-générale que les délégations du monde entier se sont retrouvées à New York pour l’ouverture de la 79e Assemblée Générale des Nations Unies, s’exprimant devant un auditoire très clairsemé. Il ne s’agit pas d’un désintérêt pour les crises et conflits en cours, mais bien de l’illustration de la perte de prestige et d’autorité de l’ONU. Car les conflits ne se sont pas apaisés, bien au contraire, et les rivalités entre grandes puissances s’expriment désormais en dehors de cette enceinte comme l’illustre notre carte du mois.

Dans notre région de prédilection, la seconde quinzaine de septembre a été marquée par l’escalade de l’affrontement entre Israël et le Hezbollah que nous annoncions de longue date. La succession d’actions réalisées en quelques jours a marqué la reprise d’initiative de Tel-Aviv :explosion simultanée de plusieurs milliers de bipeurs et de talkies-walkies appartenant aux cadres du Hezbollah et de leurs conseillers iraniens, destruction de stocks de missiles, élimination de nombreux cadres dirigeants, dont le chef charismatique Hassan Nasrallah. Le Hezbollah, groggy, n’est plus en mesure de riposter de manière coordonnée. Israël a affaibli considérablement la menace principale qui pesait sur ses frontières mais est aujourd’hui confronté à l’objectif politique de ces opérations : quel est le niveau suffisant de destruction de la milice chiite pour garantir la sécurité de l’Etat hébreux, sachant que les ferments de la reconstruction du Hezbollah sont semés par les même bombes qui le détruisent ? La réponse dépend de deux facteurs : la capacité des sociétés civiles et politique libanaises de profiter de cet affaiblissement pour rééquilibrer les pouvoirs et rétablir un semblant d’Etat d’une part. L’évolution du régime et de la stratégie iranienne, entre accommodement ou durcissement d’autre part. Les Etats-Unis, mais également les Etats du Golfe, s’ils craignent l’escalade incontrôlée suivent avec attention cette recomposition radicale, issue d’une réaction d’Israël d’une violence inattendue, provoquée paradoxalement par le sentiment d’extrême vulnérabilité qu’ont suscité les attaques du 7 octobre 2023 et du 13 avril 2024.

La bataille des perceptions au sein de l’opinion publique occidentale, surtout américaine, est également menée.  D’un côté Israël s’efforce d’éliminer rapidement Yahya Sinwar, le chef du Hamas, pour pouvoir décréter la fin des combats à Gaza et faire ainsi retomber la pression internationale à son encontre. De l’autre, le président iranien a réagi assez modérément aux attaques au Liban et remis le dossier nucléaire sur la table des négociations à New York, pour démontrer son ouverture.

Le président ukrainien Volodimir Zelenski est quant à lui venu quémander un surcroît d’aide militaire lui permettant de frapper la Russie en profondeur, alors que son offensive vers Koursk s’épuise et que l’armée russe continue de grignoter son territoire. Pour dissuader les chefs d’Etat européens d’aider davantage l’Ukraine, Vladimir Poutine n’a pas hésité à brandir une énième fois la menace d’utilisation de l’arme nucléaire.

En Afrique du Nord, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a été réélu sans surprise le 7 septembre à l’issu d’un imbroglio sur son score et le taux réel de participation – très bas – qui renforce la perte de légitimité du pouvoir en place comme l’a souligné le conférencier du mois de septembre. De la même manière et sans le moindre suspens, Kaïs Saïed sera réélu à la présidence tunisienne le 6 octobre prochain.

Aux Etats-Unis comme dans le reste du monde, chacun a le regard tourné vers l’élection présidentielle américaine du 5 novembre, car chacun comprend qu’elle aura un impact important sur de nombreux dossiers brûlants.

En Afrique, les attaques sanglantes perpétrées à Bamako par le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans affilié à Al-Qaida ont confirmé les grandes difficultés que l’armée malienne et ses supplétifs russes éprouvent à contenir la progression inexorable des groupes djihadistes. La violente prise à partie de l’Algérie par le représentant du Mali lors de l’Assemblée générale des Nations unies a en outre révélé aux yeux du monde la profondeur des reconfigurations dans la zone, où le Maroc se pose désormais en interlocuteur privilégié des Etats sahéliens. La situation se complique par ailleurs dans les pays côtiers, notamment au Bénin où l’un des proches de Patrice Talon et le commandant de la garde républicaine ont été accusés de tentative de coup d’état. Enfin, au Soudan la guerre oubliée continue : l’armée nationale loyale au Général Al Burhan, assiégée à El-Fasher dans le Darfour du Nord, a entrepris une offensive dans la capitale Khartoum, dont les Forces du général « Hemetti » tiennent le centre-ville, faisant des centaines de milliers de victimes.

Tous ces thèmes figurent au programme de nos Rencontres Stratégiques de la Méditerranée qui se dérouleront dans quelques jours à Toulon, au cours desquelles nous dévoilerons l’édition 2024 de notre Atlas stratégique de la Méditerranée et du Moyen-Orient.  Vous pouvez encore vous y inscrire. Nous en dresserons le bilan le mois prochain.

L’équipe de direction de l’Institut

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