EDITO DE NOVEMBRE 2022

Par l’équipe de direction de l’institut FMES

Si le mois de novembre a connu son lot de surprises, celles-ci n’ont pas atténué la tendance actuelle à l’accroissement des tensions.

Début novembre, déjouant les pronostics, le président américain Joe Biden a conservé le contrôle crucial du Sénat lors des élections de mi-mandat, même s’il a perdu celui de la Chambre des représentants. Il sera donc contraint au statu quo et ne pourra probablement pousser aucune initiative majeure dans la seconde partie de son mandat, tout particulièrement au Moyen-Orient. Il est donc plus que jamais illusoire d’espérer un retour des États-Unis dans l’accord nucléaire avec l’Iran, pas plus que des pressions efficaces à l’encontre d’Israël, des monarchies du Golfe ou de la Turquie. Donald Trump n’a de son côté pas réussi son pari de mettre à genou son adversaire démocrate. Même s’il s’est officiellement déclaré candidat à l’élection présidentielle de 2024, il n’a pas convaincu son électorat et se retrouve désormais défié dans son propre camp par le gouverneur de Floride, Ron de Santis, qui semble s’imposer comme le véritable vainqueur de cette élection. Les États-Unis vont donc se consacrer sur leur situation intérieure en limitant leur implication internationale aux dossiers russes et chinois.

En Chine, alors qu’il venait d’être triomphalement réélu par le parti communiste chinois, le président Xi Jinping fait face pour la première fois de son règne à des manifestations de grande ampleur qui critiquent sa gestion de la crise sanitaire persistante. Si sa posture inflexible et l’utilisation de ses outils ultramodernes de contrôle de la population semblent à ce stade efficace, l’empereur de Pékin sera attentif à ne pas donner l’image d’un pouvoir fragilisé à l’extérieur. Pour ne pas multiplier les fronts, il a adopté une posture plus conciliante sur la scène internationale lors des réunions du G20 à Bali et a préféré ne pas se rendre personnellement à la COP 27 de Charm el-Cheikh où l’accord sur le financement des fonds vers les pays fragiles a achoppé notamment sur la question de la participation de la Chine.

En Israël, Benjamin Netanyahou a lui aussi déjoué les pronostics en remportant les élections générales. C’est une mauvaise nouvelle pour les Palestiniens, pour l’administration Biden et pour les Européens qui avaient noué une relation fructueuse avec Yaïr Lapid, l’actuel Premier ministre. La coalition qu’il entend constituer pour gouverner avec des partis ultra-orthodoxes et ultra-nationalistes (qui insistent pour annexer davantage de territoires palestiniens) pourrait constituer une menace pour les accords d’Abraham puisqu’elle place les monarques arabes qui ont normalisé leurs relations avec Israël dans une posture délicate. C’est en revanche une excellente nouvelle pour Vladimir Poutine dont Benjamin Netanyahou est proche et qui sait ainsi qu’il ne risque pas de voir Israël se ranger du côté de l’Ukraine.

En Ukraine, justement, la reconquête du verrou de Kherson par l’armée ukrainienne permet à celle-ci de consolider sa ligne défensive et d’accroître l’incertitude et le désarroi dans le camp russe. La capacité des forces ukrainiennes à percer le front pour atteindre la mer d’Azov et rompre la continuité du dispositif russe sera déterminante. Comme le sera la capacité d’escalade russe.

Contre toute attente, la contestation ne faiblit pas en Iran, même si les manifestants éparpillés sur la majeure partie du pays ne parviennent pas pour l’instant à atteindre la masse critique indispensable pour contraindre le régime à des changements majeurs. Il n’empêche que la situation ressemble de plus en plus à celle qui prévalait en 1978, l’année précédant la chute du Chah. Conscients du risque de perdre le pouvoir probablement au profit des Gardiens de la révolution, les mollahs multiplient les démarches auprès des uns et des autres, de manière un peu désordonnée, témoignant de leur réelle inquiétude.

En Turquie enfin, profitant du vide laissé en Syrie par la Russie et l’Iran trop occupés ailleurs, et cherchant à fédérer les nationalistes en prévision des élections de 2023, le président R.T. Erdogan a lancé l’offensive de grande ampleur « Griffe Épée » contre les poches de résistance kurdes réparties le long de la frontière turco-syrienne. Dans le contexte actuel, on ne voit pas qui pourrait désormais l’arrêter, à part les Kurdes eux-mêmes.

L’Europe et la France, de leur côté, empêtrées dans la gestion économique des conséquences de la guerre en Ukraine, sont confrontées au retour des spectres des débats migratoires, des fâcheries franco-allemandes et du retour éventuel du port du masque. L’annonce de la Revue Nationale Stratégique par le président Macron ainsi que sa visite d’État aux États-Unis ne semblent pas en mesure d’éloigner les lourds nuages qui se rapprochent. Votre institut de son côté tente de participer à la meilleure prise en compte de cet environnement qui se trouble. Les sessions parisiennes des SMHES et des S2M, le colloque organisé au Sénat sur l’avenir des Balkans occidentaux et la réception réunissant les partenaires parisiens de la FMES en ont été des belles illustrations.

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