Au Sahel, les attaques se multiplient. En dépit de l’opération Barkhane qui déploie près de 4 500 soldats français, les attaques djihadistes continuent de fragiliser cette région. Dans ce contexte difficile, la ministre française des Armées, Florence Parly a entamé, le lundi 4 novembre, une tournée au Tchad, au Burkina Faso et au Mali.
Le samedi 2 novembre, le soldat français Ronan Pointeau a été tué par un engin explosif, au cours d’un attentat revendiqué par la branche locale de l’Etat islamique, l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS). Depuis janvier 2013, il est le 28ème soldat français mort au Sahel. La veille, un camp militaire à Indelimane, dans le nord-est malien, a fait l’objet d’une attaque meurtrière comptant 49 victimes. Le dimanche 3 novembre, au Burkina Faso, quatre personnes ont été tuées dans une embuscade. En quatre ans, le Burkina Faso est devenu une cible privilégiée avec plus de 600 victimes et le déplacement de près de 500 000 burkinabés fuyant les zones exposées, notamment sur les parties frontalières du Mali et du Niger.
Lancée le 1er août 2014 sur demande du gouvernement malien, l’opération Barkhane déploie ses militaires dans cinq pays de la région du Sahel : le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad couvrant un périmètre presque égal à celui de l’Europe. Il s’agit de la plus grosse opération extérieure dans laquelle l’armée française est engagée actuellement. Les lignes d’opérations, si elles ciblent en priorité la sécurité, couvrent également l’appui au profit des populations locales, notamment à travers des aides médicales, contribuant à favoriser le dialogue et l’acceptation des troupes étrangères sur le territoire sahélo-saharien. Pour autant, l’image de Barkhane souffre de la violence dont le niveau ne faiblit pas.
Six ans après cette intervention qui a suivi l’opération Serval au Mali et Epervier au Tchad, les violences djihadistes persistent dans la région. Elles se sont d’ailleurs étendues au-delà des frontières maliennes pour se propager au Burkina Faso et au Niger, pays voisins. En effet, alors que le Mali représentait le principal théâtre des violences djihadistes, la situation au Burkina Faso s’est dégradée et l’insécurité s’accroît, notamment dans le nord du pays. Si la situation à Bamako reste explosive, le Niger est menacé à l’est avec la progression de Boko Haram, à l’ouest avec l’EIGS ainsi qu’au nord avec les conséquences que peut engendrer le chaos libyen.
En visite dans les pays du Sahel, Florence Parly a rendu hommage aux soldats tués et a réaffirmé l’engagement dans la France au Sahel. Consciente de l’importance des enjeux de l’opération Barkhane la ministre a déclaré : « Barkhane ne s’enlise pas, Barkhane s’adapte en permanence. Barkhane se transforme pour avancer plus loin, pour mieux accompagner les forces armées sahéliennes dans leurs opérations. » Et la ministre de prévenir que le combat contre les djihadistes sera long : « Il faudra du temps pour construire cette résilience des forces locales. Nous sommes armés de patience et malgré les attaques, ne détournons pas les yeux des signes encourageants : la force G5 Sahel monte en puissance, comme nous l’avons vu avec l’opération Amane ».
Créée en 2014, la force conjointe du G5 Sahel lutte aux côtés des armées nationales et des soldats de l’opération Barkhane, même si aujourd’hui les armées nationales peinent à enrayer les percées djihadistes. Selon le journaliste et spécialiste des mouvements djihadistes Wassim Nasr, « ces Etats ont aussi leurs prérogatives et ont leurs propres intérêts qui ne concordent toujours pas avec ce qu’on appelle la guerre contre le terrorisme ».
En 2019, la branche sahélienne de l’Etat islamique et d’autres groupes armés ont intensifié leur présence dans la région et tirent profit la crise politique profonde des pays du Sahel.
La situation catastrophique aux plans économique et politique de ces pays, parmi les Etats les plus pauvres du monde, font le lit des groupes djihadistes. Ces derniers en profitent pour recruter dans leurs rangs. Au-delà des difficultés, Barkhane reste un verrou excluant le risque de chaos dans cette bande sahélo-saharienne. En tout état de cause, ce verrou limite une expansion du terrorisme dont les effets sont évidemment ressentis sur la rive nord de la Méditerranée ne serait-ce que par le volume des flux migratoires.