Séminaire toulonnais pour la 2ème SMHEM

La 2ème session méditerranéenne des hautes études maritimes (SMHEM) était en séminaire à Toulon du 6 au 8 décembre pour un module consacré à l’Action de l’Etat en mer.

Le commissaire général Thierry de la Burgade, adjoint du préfet maritime de la Méditerranée, a présenté aux auditeurs l’organisation générale et les missions principales de l’AEM.

L’organisation administrative et opérationnelle de l’action de l’Etat en mer en France repose sur la coordination interministérielle et le partage de 45 missions, avec la désignation d’administrations pilotes. Alors que l’action régalienne en mer est confiée à un seul corps constitué dans certains Etats (comme l’US Coast Guard aux Etats-Unis), plusieurs administrations françaises agissent en mer, avec la capacité commune à constater des infractions dans une vaste palette de missions et une coordination au niveau central comme local.

Le comité interministériel de la mer, présidé par le Premier ministre et réunissant l’ensemble des ministres intéressés, fixe les orientations gouvernementales dans le domaine maritime. 

Placé directement sous l’autorité du Premier ministre, le secrétariat général de la mer assure la coordination de l’action de l’Etat en mer au niveau central.

Au niveau local, le préfet maritime anime et coordonne opérationnellement les moyens des administrations, sans faire obstacle à l’exercice de leurs compétences, mais en faisant le meilleur usage de leurs compétences respectives. Il s’appuie ainsi sur les moyens des services de l’Etat (marine nationale, affaires maritimes, douane, gendarmerie) concourant à l’action de l’Etat en mer.

La gendarmerie maritime et la direction générale des affaires maritimes des pêches et de l’aquaculture avaient déjà été présentées aux auditeurs lors du séminaire parisien en novembre. Le séminaire de décembre a permis de compléter ce tour d’horizon des administrations agissant en mer avec l’administrateur supérieur Max Ballarin, chef du service garde-côtes des douanes de Méditerranée, qui a décrit son service aux auditeurs.

Administration civile en charge de la surveillance et de la protection de la frontière maritime, la garde-côtes des douanes assure une grande variété de missions hauturières et semi-hauturières, parmi lesquelles des missions fiscales, environnementales, de lutte contre la fraude et de service public en mer.

Lutte contre la fraude et les grands trafics, protection des frontières maritimes, contribution aux missions de l’action de l’Etat en mer pilotées par les préfets maritimes, sont ses axes de positionnement stratégique pour le futur.

En Méditerranée, elle dispose d’un patrouilleur hauturier, cinq vedettes de surveillance rapprochée de 13m, six vedettes de 24 à 33m, deux hélicoptères et deux aéronefs.

L’enjeu pour l’avenir est de poursuivre la modernisation des systèmes d’information pour exploiter les données de masse dont l’AIS et les informations issues des patrouilles aéromaritimes, et parvenir à un traitement automatisé s’appuyant sur des critères de ciblage. Ce travail s’effectue avec le souci de l’intégration des données de différents partenaires des services de l’Etat et de l’Union européenne.

La garde-côtes des douanes pourra ainsi maintenir son haut niveau d’efficacité et continuer à mettre en œuvre des modes d’actions basés sur l’intervention et l’interception ciblées.

L’administrateur en chef des affaires maritimes Aymeric Le Masne de Chermont, directeur du centre opérationnel de recherche et de sauvetage de Méditerranée (CROSS MED) a détaillé ses missions de surveillance de la navigation, recherche et sauvetage (4.230 opérations coordonnées en 2022), surveillance des pollutions et diffusion des renseignements d’intérêts maritimes.

En matière de surveillance de la navigation, sujet qui rejoint la thématique des travaux de comité des auditeurs portant sur les moyens de surveillance maritime nécessaires à la France en Méditerranée, la méconnaissance de la règlementation par les navires marchands et la peur des capitaines d’être sanctionnés en cas de signalement d’une difficulté, sont les deux principales difficultés auxquelles le CROSS MED doit faire face.

Une journée a enfin été consacrée à la marine nationale pour permettre aux auditeurs de bénéficier d’une présentation de très grande qualité des quatre composantes de la marine nationale par le vice-amiral François-Xavier Polderman, chef d’état-major de la force d’action navale, le contre-amiral Serge Bordarier, commandant de l’aéronautique navale, le capitaine de vaisseau commandant l’escadrilles des sous-marins nucléaires d’attaque et le commandant du commando Hubert.

Les notions de tactique navale qui ont été données aux auditeurs leur ont permis de comprendre l’avantage stratégique offert à la France par la possession d’une marine de haute mer disposant de capacités capables d’agir dans tout le spectre des opérations aéromaritimes.

Des visites des simulateurs d’entraînement de l’escadrille des sous-marins nucléaires d’attaque, puis de la frégate Alsace ont ensuite illustré ces présentations et offert aux auditeurs des opportunités d’échanges avec des équipages jeunes et passionnés.

En complément, le contre-amiral Guillaume Merveilleux du Vignaux, commandant du Pôle Ecoles Méditerranée (PEM) a détaillé aux auditeurs les défis permanents de la formation au sein de la marine, pour s’adapter en permanence aux évolutions technologiques des navires mais également des menaces auxquelles ils ont à faire face. S’appuyant sur des outils modernes accordant une place importante à la simulation, l’action du PEM est guidée par le double objectif de fournir à la marine des équipages au meilleur niveau de compétences et possédant les qualités morales qui font la différence au combat.

La présence des auditeurs à Toulon a par ailleurs été mise à profit pour effectuer une visite sur la base Méditerranée de Orange Marine à La Seyne sur Mer, où les auditeurs ont échangé sur les enjeux stratégiques des câbles sous-marins avec Cyril Defais, directeur adjoint de la base marine Méditerranée et responsable du département opérationnel de Orange Marine. Un rappel historique a permis de mettre en lumière l’importance stratégique des câbles sous-marins, dont le déploiement a commencé en 1850 et s’est très rapidement développé pour accompagner le développement des échanges commerciaux et la mondialisation de l’économie.

Permettant d’abandonner les câbles à paire de cuivre, qui avaient été remplacés par des câbles coaxials, la révolution de la fibre optique en 1988, par les débits de données ainsi permis, a conféré une supériorité totale au câble par rapport au satellite. Cette révolution s’est poursuivie avec des innovations technologiques qui ont permis en 30 ans d’atteindre des débits 1 million de fois plus rapide.

La problématique de souveraineté induite par les prises de propriété des GAFAM, qui n’est pas sans rappeler le monopole britannique aux débuts de l’histoire des câbles sous-marins, a été mise en lumière.

Cibles de choix dans le cadre des guerres hybrides, les câbles sous-marins nécessitent d’être surveillés et des capacités de réparation réactives doivent être disponibles.

Dans ce contexte, la France bénéficie d’un avantage stratégique grâce à Orange Marine, seule filiale marine européenne du secteur des câbles sous-marins, dont la flotte câblière représente 15% de la flotte mondiale avec six navires câbliers et un navire de surveillance. Ses navires assurent une alerte pour être en mesure d’appareiller en 24 heures.

A ce jour, Orange Marine a installé plus de 257.000 kilomètres de câbles sous-marins de fibre optique dans tous les océans. Ses navires ont réalisé plus de 800 réparations sur des liaisons sous-marines, jusqu’à 6.000 mètres de profondeur.

A l’issue de ce passionnant échange, une visite du site a permis aux auditeurs de mesurer la haute technicité des moyens mis en œuvre par les navires de Orange Marine. Enfin, dans le cadre des travaux de comité des auditeurs sur les moyens de surveillance maritime, Monsieur David Bajouco, directeur de la business unit « sécurité maritime » et Arnaud Blanchard, responsable des opérations de CLS (Collecte Localisation Satellites) ont présenté les services à haute valeur ajoutée de leur entreprise pour la surveillance maritime. CLS, filiale du CNES et de CNP, est une société internationale, pionnière dans la fourniture de solutions d’observation et de surveillance de la Terre depuis 1986.

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