Edito du Président de l’Institut FMES, l’Amiral Benoit le MASNE de CHERMONT
18 juin 1940, 18 juin 2020 … Quatre-vingts ans ont passé depuis l’appel lancé depuis Londres par le général de Gaulle. De Gaulle est alors quasiment seul, mais il ose dire, alors que la défaite face aux armées allemandes était largement consommée, que celle-ci n’était pas « définitive ». « Rien n’est perdu pour la France. » En 2020, rien ne doit être jamais perdu.
Rien n’était perdu en 1940 sur le plan militaire car, cinq ans après, les 7 et 8 mai 1945, le Général s’imposait à la table des vainqueurs à Reims puis à Berlin.
Rien n’était perdu non plus sur le plan politique. Nommé président du gouvernement provisoire de la République en novembre 1945, contraint de se retirer en janvier 1946, rappelé par le président Coty en 1958, il est élu président de la République en 1959.
Dès 1958, il met un terme au régime des partis et rénove profondément les institutions de la République par la constitution de 1958. En 1959, il accorde la priorité absolue à la fabrication de l’arme nucléaire, garantie fondamentale à ses yeux de l’indépendance de la France. En 1963, il signe avec le chancelier Adenauer, au grand dam des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, un accord de coopération entre la France et l’Allemagne. En 1964, il reconnaît la République populaire de Chine. En 1966, il procède au retrait de la France des organismes intégrés de l’OTAN.
Sur le plan économique et social, il instaure des réformes capitales pour la société française et cela dès 1944. Entre 1944 et 1946, il signe les ordonnances de création de la sécurité sociale, de l’institut d’études politiques et de l’Ecole nationale d’administration. Il met en place les comités d’entreprise et instaure l’assurance sociale obligatoire pour tous les salariés. Il octroie le droit de vote aux femmes.
En 1967, il signe l’ordonnance sur « la participation des salariés aux fruits de l’expansion des entreprises ». L’idée était ancienne dans l’esprit du Général, elle était inspirée par sa méfiance envers le « loi d’airain » du capitalisme.
En 1968, après les « événements », les accords de Matignon accordent aux syndicats les plus représentatifs un rôle national. Une loi sur le droit syndical dans l’entreprise est votée en décembre 1968. Deux mois plus tard est signée une convention entre le patronat et les syndicats sur les garanties sociales assurées aux travailleurs frappés d’un licenciement collectif.
En 1969, la quatrième vague de réformes voulue par le Général échoue après l’échec du référendum sur la décentralisation, la réforme de Sénat et la suppression du Conseil économique et social. Cet échec entraîne son retrait définitif de la scène politique.
Dans l’esprit des Français, le Général reste un très grand homme d’Etat. Il incarnait le courage, la ténacité et la volonté absolue de servir la France. Pour lui, rien n’était jamais perdu.