Retour sur le sommet de l’OTAN à Vilnius

La FMES a été partenaire du NATO Public Forum qui s’est déroulé en marge du sommet de l’Alliance atlantique à Vilnius les 11 et 12 juillet.

Jean-Michel Martinet, qui a représenté l’institut à ce Forum qui offre à ses participants une occasion unique de contacts avec les dirigeants des pays membres et de débats internationaux autour des thèmes du sommet de l’OTAN, revient sur les conclusions de ce sommet pour en tirer six enseignements.

Premier enseignement : l’OTAN s’étend.

Le sommet de Vilnius a été marqué par la présence, pour la première fois comme Etat membre, de la Finlande et de la validation de l’adhésion de la Suède. Il s’agit d’un tournant historique pour l’Alliance atlantique, dont la responsabilité s’étend désormais à la défense de l’ensemble de l’Europe du Nord et de la Scandinavie.

Cette extension permet également à l’OTAN de mettre sous pression les forces navales russes en Baltique, en faisant de cette mer un lac sous contrôle des marines de l’Alliance atlantique.

Deuxième enseignement : renforcement des capacités au risque d’une mainmise américaine.

Alors que la paix qui régnait en Europe a volé en éclats à la suite de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, le sommet a également été l’occasion d’une démonstration d’unité et de détermination de l’Alliance atlantique à défendre le milliard d’habitants de ces Etats membres.

Cette détermination s’exprime au travers des nouveaux plans de défense régionaux qui nomme la Russie comme l’adversaire potentiel et en tirent toutes les conséquences en termes de nouveau modèle de forces plus solides et réactives, de refonte des structures de commandements pour les rendre plus souple et de densification de l’appareil productif industriel pour fournir les armements nécessaires en quantité, tout en préservant l’avance technologique de l’industrie d’armement des pays de l’Alliance.

Troisième enseignement : l’OTAN est unie.

L’unité de l’Alliance atlantique a été démontrée dans sa position à l’égard de l’adhésion de l’Ukraine. Si les médias n’ont retenu que l’absence d’échéance pour l’adhésion de l’Ukraine, c’est surtout la réaffirmation du soutien massif et dans la durée de l’aide à l’Ukraine qui doit retenir l’attention. Sur l’adhésion immédiate réclamée par les ukrainiens, comment une décision positive aurait-il pu être faite tant qu’un terme n’est pas mis à la guerre conduite par la Russie ? Une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN avant d’y être parvenu entraînerait en effet une activation de l’article 5 du traité de l’Atlantique nord et provoquerait une extension dramatique du conflit.

En revanche la reconnaissance exprimée que l’Ukraine a suffisamment progressé pour qu’un plan d’action pour l’adhésion ne soit plus une nécessité, est autrement plus révélatrice des perspectives ouvertes, tout comme la réunion inaugurale du Conseil OTAN-Ukraine qui s’est tenue le 12 juillet en présence du Président Zelensky.

Quatrième enseignement : le nucléaire reste essentiel.

Unité également pour parler de la dissuasion nucléaire, qui a fait la démonstration de sa pertinence en contenant le conflit. La déclaration finale du sommet souligne l’absolue nécessité de maintenir sa crédibilité et reconnait la complémentarité des forces nucléaires stratégiques de l’Alliance et des forces nucléaires indépendantes du Royaume-Uni et de la France, qui contribuent à la sécurité globale de l’Alliance.

En dépit de l’usage par la Russie de la menace nucléaire, y compris pour servir ses actions de désinformation, les occidentaux n’ont pas faibli dans leur soutien à l’Ukraine et ne se sont pas laissés dicter par Poutine ses conditions sous couvert de chantage nucléaire. Ce message fort sera également entendu par la Chine.

Cinquième enseignement : la Chine dans le viseur.

Elargissant sa zone d’intérêt à l’extérieur du périmètre d’application du traité de l’Atlantique Nord tel que défini par son article 6, conformément au concept stratégique de l’Alliance de 2022, la menace chinoise a été mise en exergue. Si l’Alliance atlantique est ouverte au dialogue, les ambitions de la République populaire de Chine, le rapprochement de la Chine avec la Russie, ses actions de désinformations prenant les Alliés pour cible et ses tentatives de déstabilisation de l’ordre mondiale dans les domaines spatial, cyber et maritime, ont été dénoncées.

Cette perception d’une menace globale chinoise et la conscience qu’une crise en Indo-Pacifique impactera la zone euro-atlantique, conduit l’Alliance atlantique à rechercher de nécessaires liens plus étroits avec les Etats de la zone Indo-Pacifique. L’invitation des chefs d’Etat et de gouvernement d’Australie, du Japon, de Nouvelle-Zélande et de la République de Corée au sommet de Vilnius en est une illustration.

Sixième enseignement : le Sud est un front indirect.

De même, l’instabilité de l’Afrique du Nord, du Sahel et du Moyen-Orient, due à des facteurs endogènes mais également alimentées par les ingérences de la Russie et de la Chine, a été identifiée comme un défi majeur pour la sécurité future de l’Alliance atlantique. Une réflexion a donc été lancée pour en mesurer toutes les implications en termes de menaces et proposer les options pour en contrer le développement.

Les résultats de ces travaux seront présentés au prochain somment de l’OTAN en 2024. De son côté la FMES continuera aux débats publics sur le sujet, notamment lors de la deuxième édition des Rencontres stratégiques de la Méditerranée organisée à Toulon les 9 et 10 novembre prochains.

Le prochain sommet de l’OTAN est prévu du 9 au 11 juillet 2024, à Washington, à moins qu’une circonstance exceptionnelle ne nécessite avant cette échéance la tenue d’un sommet extraordinaire.

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