LA RUSSIE FACE À LA PANDÉMIE DE CORONAVIRUS

Ana Pouvreau – Spécialiste des mondes russe et turc, chercheur en sciences politiques, docteur ès lettres de l’Université de Paris IV-Sorbonne et diplômée de Boston University en relations internationales et études stratégiques. Elle est auditrice de l’IHEDN et éditorialiste à l’institut FMES.

Le 19 avril 2020, la Russie (147 millions d’habitants) comptait officiellement 42 853 cas confirmés de coronavirus et 361 décès dus au virus[1]. A Moscou, épicentre de l’épidémie en Russie (deux tiers des cas), les quelque 12 millions d’habitants sont soumis, depuis le 30 mars 2020, à un strict confinement (karantin), qui devrait durer au moins jusqu’au 1er mai. Les mesures de confinement varient selon les régions de cet immense pays d’une superficie de 17 millions de km2, où de nombreux foyers de coronavirus se sont déclarés dans la partie occidentale[2].

Cette crise du coronavirus constitue une véritable surprise stratégique[3] pour le pouvoir russe, dont l’agenda se trouve bouleversé dans plusieurs domaines. Le vote populaire, prévu le 22 avril, afin d’approuver la réforme constitutionnelle adoptée par la Douma le 11 mars dernier, qui pourrait notamment permettre au président Poutine de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2036, a dû être repoussé à une date ultérieure. Par ailleurs, les commémorations du 75ème anniversaire de la victoire de l’Union soviétique sur l’Allemagne nazie et le défilé militaire, prévus le 9 mai 2020, lors du Jour de la Victoire (Den’ Pobedy), et qui devaient se dérouler en présence du président français, ont été décalées.

Sur fond de crise pétrolière avec l’Arabie saoudite (en dépit d’un compromis obtenu le 12 avril 2020 pour réduire la production de brut), la situation demeure préoccupante pour l’économie du pays, déjà affaibli par les sanctions internationales mises en place en 2014, à la suite de l’annexion de la Crimée par la Russie. La pandémie de coronavirus pourrait en effet provoquer la faillite de 3 millions d’entreprises tandis que le chômage menace désormais 8 millions de personnes. La croissance de l’économie russe devrait chuter de 3 à 5 % en 2020 selon les estimations de la Chambre de commerce et d’industrie de la Fédération de Russie[4].

Cependant, en dépit de ces contretemps malencontreux au plan intérieur, la Russie s’est attachée dès le début de la pandémie, à saisir l’occasion d’exercer son influence sur la scène internationale en offrant notamment une aide médicale aux Etats-Unis, à l’Italie et à la Serbie.

I.          Le spectre de l’instauration d’un « cyber-goulag » sous prétexte de lutte contre le coronavirus en Russie 

Dans sa gestion de la crise du coronavirus, le gouvernement russe a fait le choix d’une posture de plus en plus autoritaire en s’appuyant sur une communication lénifiante. Force est de constater, à ce stade, que le pouvoir, sous prétexte de pandémie, poursuit le verrouillage de la société russe et réduit davantage les libertés fondamentales de la population en invoquant la nécessité d’agir dans le sens d’un intérêt général qui est celui du droit à la vie dans le cadre de l’urgence sanitaire. Cette évolution délétère a conduit certaines personnalités politiques telles que Daria Besedina et Maxim Katz, à évoquer une dérive vers « un cyber-goulag » et un “camp de concentration numérique”[5].

Un mois après l’annonce par les autorités chinoises de l’existence d’un cluster de pneumonie virale à Wuhan, province de Hubei, le 31 décembre 2019, la Russie a annoncé le 31 janvier 2020, la découverte de ses premiers cas de malades du coronavirus sur son territoire national[6]. Il s’agissait de deux ressortissants chinois. Entré en fonctions le 15 janvier 2020, le nouveau Premier ministre russe Mikhaïl Michoustine, a ordonné la fermeture, à compter du 31 janvier 2020, de la frontière extrême-orientale du pays. 16 des 25 points de passage le long de la frontière russo-chinoise longue de 4200 kilomètres ont été fermés[7]. L’évacuation de plus de 3000 Russes présents dans la province de Hubei, berceau de la pandémie et dans l’île de Hainan, a également été annoncée. La Russie a suspendu la délivrance de visas pour les Chinois travaillant sur le territoire russe, tandis que les liaisons aériennes avec la Chine ont été réduites au minimum. A noter que les hydrocarbures constituent près des deux tiers des exportations de la Russie vers la Chine, principalement du pétrole brut circulant dans les pipelines, qui ne devrait pas être affecté par la fermeture des frontières. Par ailleurs, si les liaisons ferroviaires vers la Chine (à l’exception de la liaison Moscou-Pékin) sont interrompues, ces mesures ne concernent pas le fret[8].

A la suite de la déclaration de l’OMS, le 11 mars, qualifiant l’épidémie de coronavirus de pandémie, la Russie a fermé ses frontières occidentales à compter de la deuxième semaine de mars, afin de bloquer l’entrée des étrangers. Elle a également fermé sa frontière avec le Belarus, au risque d’irriter le président biélorussien Alexandre Loukachenko, qui, niant l’ampleur de la pandémie, refuse toujours, à ce jour, d’imposer des mesures de distanciation sociale[9]. Il faudra attendre le 27 mars pour que l’ensemble des vols réguliers et vols charters entre la Russie et d’autres pays, à l’exception de ceux dédiés au retour des Russes à partir de l’étranger, soient suspendus[10].

En ce qui concerne les mesures appliquées à la population, le pouvoir a décidé d’adopter une approche autoritaire. Dans un discours du 28 mars, le président russe annonce la fermeture des écoles, des restaurants, des cafés et autres établissements non-essentiels, dans le cadre d’une période de « congés ». Dans la région de Moscou, les habitants ont été autorisés, dans un premier temps, à quitter leur domicile en cas d’urgence médicale, pour se rendre au travail ou aller acheter de la nourriture ou des médicaments. Ils étaient contraints d’évoluer dans un rayon de 100 m autour de leur domicile pour promener leur animal de compagnie. Les autorités ont tenté d’utiliser leur réseau de caméras de reconnaissance faciale, mais celui-ci, à la différence de la Chine, a des capacités encore limitées. A Moscou, les autorités s’appuient sur 170 000 caméras de surveillance pour surveiller la population.

Cependant, depuis le 15 avril, l’étau s’est resserré de manière drastique. Si les personnes se rendant à leur travail peuvent toutefois bénéficier d’un laissez-passer spécial illimité, désormais, toute personne âgée de plus de 14 ans et résidant dans Moscou et sa région doit, pour pouvoir se déplacer, utiliser un code barre spécifique (code QR), après avoir téléchargé une application sur son smartphone ou s’être inscrite sur un site web du gouvernement. Les citoyens doivent déclarer aux autorités un itinéraire et un motif de sortie à l’avance. Tout d’abord, appliquée aux personnes utilisant les transports en commun, la mesure sera peu à peu étendue à de courts trajets au sein même des quartiers d’habitation. Les forces de sécurité sont habilitées à scanner ces codes et à sanctionner les contrevenants avec des menaces de peines de prison pour les récalcitrants. Selon CNN, les résidents ne peuvent obtenir que deux laissez-passer par semaine, chacun valable pour une journée[11].

II.        La mise en exergue du rôle des forces armées russes dans la lutte contre le coronavirus  

La crise du coronavirus, constitue une occasion inespérée pour la Russie d’exercer son soft power à l’étranger tout en glorifiant l’action humanitaire de ses forces armées dans la lutte mondiale contre la pandémie.

Au plan intérieur, selon Krasnaja Zvesda (L’Etoile rouge), outil de communication du ministère de la Défense de la Fédération de Russie, la situation épidémiologique dans les forces armées demeurait stable et entièrement sous contrôle[12]. 11 000 militaires auraient été testés. L’ensemble des forces seraient soumises à des contrôles quotidiens de température grâce à l’installation de 5554 points de contrôle de température, tandis que des unités avaient été spécialement affectées à la désinfection des locaux et équipements. En cas de suspicion de maladie, les militaires seraient immédiatement envoyés dans des structures médicales pour y subir des tests avant d’être placés en confinement obligatoire, comme cela a été fait pour les équipages de deux sous-marins de la Flotte du Nord[13]. Dans son bulletin de veille épidémiologique du 4 avril 2020, le ministère de la Défense russe indiquait qu’aucun cas de coronavirus n’avait été détecté dans les forces armées[14]. 2782 respirateurs artificiels seraient disponibles. Par ailleurs, le 26 mars, le ministre de la Défense, le général Sergueï Choïgou, a indiqué que l’armée avait reçu un don d’un million de masques et de 200 000 tests de coronavirus de la part du milliardaire chinois Jack Ma[15]. Il a déclaré le 7 avril que l’armée était totalement préparée à faire face à la pandémie et qu’elle avait entamé une série d’exercices dans ce sens à la suite du discours présidentiel du 25 mars dernier[16]. Pour rappel, à son crédit, le général Choïgou a été ministre de l’EMERCOM, le ministère des situations d’urgence pendant près de deux décennies. Plus de 3 500 hommes sous la supervision de l’armée sont en train de construire 16 hôpitaux temporaires. L’ensemble de ces mesures coûteraient 9 milliards de roubles. Le Barents Observer, publication indépendante spécialisée dans la région Arctique, notait le 7 avril, que l’armée russe n’avait pas réduit ses activités, comme en témoignaient un exercice dans la péninsule de Kola, début avril, ou l’incorporation de 135 000 appelés du contingent dans le cadre de la conscription à partir du 1er avril[17]. Cependant, le ministère de la Défense a reconnu, la semaine dernière, que des dizaines de cadets et d’instructeurs de l’académie navale Nakhimov, avaient été testés positifs au coronavirus à Moscou[18]. Par ailleurs, ce même ministère a indiqué que quelque 15 000 soldats ayant participé aux répétitions du défilé du Jour de la Victoire, le 1er avril, allaient être confinés sur leurs bases, pendant deux semaines. Cette déclaration fait suite à la diffusion d’une vidéo clandestine montrant les répétitions du défilé à Moscou au mépris des mesures de distanciation sociale imposées au même moment dans la capitale[19].

Au plan de l’aide internationale, à partir du 22 mars, la Russie a acheminé vers le Nord de l’Italie, par voie aérienne militaire puis par camions, une aide médicale à savoir, 180 médecins, des infirmières ainsi que des respirateurs et des masques. Étiquetés «From Russia with Love», les avions et les camions ont célébré l’amitié entre les deux pays, mettant ainsi en scène une opération de communication en faveur de la Russie. Domenico Arcurile commissaire du gouvernement italien en charge de la gestion de la crise du Covid-19, a exprimé la gratitude du gouvernement italien vis-à-vis du gouvernement russe[20]. Des voix discordantes se sont élevées dans un reportage du journaliste Jacopo Iacoboni publié dans le journal La Stampa citant de hauts responsables italiens qualifiant l’aide russe d’«inutile». Par ailleurs, le même quotidien a révélé que les 122 officiers de l’unité de défense contre les armes radiologiques, chimiques et biologiques, présents sur le territoire italien étaient placés sous le commandement du général Sergueï Kikot, un personnage controversé en Occident depuis qu’il a affirmé qu’aucune arme chimique n’avait été utilisée par le régime de Bachar el-Assad[21]. Ces développements laissent supposer que les forces russes, particulièrement entraînées au combat NRBC, trouvent un intérêt à observer in situ les conséquences d’une épidémie virale dans un pays étranger.

Le 25 mars, au lendemain de la visite du ministre de la Défense russe à Damas, un cargo de la Marine russe Dvinitsa-50, a été observé dans le détroit de Bosphore. Le navire a acheminé des ambulances ainsi que des équipements médicaux destinés à combattre le coronavirus en Syrie. L’Iran a également bénéficié d’une aide médicale fournie par la Russie[22].

Le 2 avril, un avion de transport militaire russe An-124 transportant de l’aide médicale à destination des Etats-Unis, sous forme de masques et de respirateurs, a atterri à New York, métropole durement touchée par la pandémie. Le président Trump a exprimé sa gratitude vis-à-vis de la Russie, tandis que certains observateurs dénonçaient une opération de propagande[23]. 

Enfin, après un accord entre Vladimir Poutine et le président de la Serbie, Aleksandar Vučić, il a été convenu début avril que la Russie fournirait des équipes médicales composées de 87 médecins militaires et de spécialistes en virologie et en épidémiologie, équipés de matériels de diagnostic et de désinfection. 11 vols étaient prévus.

*****

En dépit du caractère tardif des mesures prises par le pouvoir russe pour endiguer la propagation du virus et du désastre sanitaire qui s’annonce sur l’ensemble du territoire de la Fédération, la Russie a su indubitablement instrumentaliser la crise afin d’accroître son influence à l’échelle globale. Il n’est pas certain cependant que le régime russe résiste à la crise économique grave qui couve sous les cendres de la pandémie, et ce malgré la volonté de Vladimir Poutine d’amortir le choc d’un effondrement par une série de mesures annoncées à la mi-avril en faveur des entreprises du pays. Le 26 mars dernier, il a lancé un appel au G7 en faveur d’une levée des sanctions internationales.

[1] “Coronavirus in Russia: The Latest News – April 19”, The Moscow Times, 19 avril 2020. [https://www.themoscowtimes.com/2020/04/19/coronavirus-in-russia-the-latest-news-april-19-a69117].

[2] Cf. Carte des cas de coronavirus sur le territoire russe sur le lien: https://www.themoscowtimes.com/2020/04/18/coronavirus-in-russia-the-latest-news-april-17-a69117

[3] Même s’il n’y a pas dans ce cas d’adversaire défini, la notion de surprise stratégique fait référence, selon le politologue Corentin Brustlein, à une « situation de choc ou de sidération, aux plans psychologique et organisationnel, résultant d’une action offensive adverse, révélant une impréparation relative de la victime et lui imposant d’ajuster les moyens, voire les objectifs, de sa posture stratégique » in Corentin Brustlein : « La surprise stratégique, de la notion aux implications », Institut français des relations internationales (IFRI), Paris, 2008.

[4] Jake Cordell and Stanislav Zakharkin“Analysts Fear the Economic Impact of Russia’s April Coronavirus Shutdown Will Be Catastrophic”The Moscow Times, 3 avril 2020. [https://www.themoscowtimes.com/2020/04/02/russia-economy-coronavirus-analysts-fear-economic-impact-russias-april-coronavirus-shutdown-catastrophic-a69851]

[5]JC Robles: “Moscow’s Digital Tracking ‘Cyber Gulag’ Helps Enforcing Lockdown by Tracking People”Tech Times, 14 avril 2020. [https://www.techtimes.com/articles/248814/20200414/moscows-digital-tracking-cyber-gulag-helps-enforcing-lockdown-by-tracking-people.htm]

[6] ”Coronavirus: la Russie annonce deux premiers cas confirmés sur son territoire ”, Le Figaro, 31 janvier 2020. [https://www.lefigaro.fr/flash-eco/coronavirus-la-russie-annonce-deux-premiers-cas-confirmes-sur-son-territoire-20200131]

[7] Kirill Zykov : “Prime Minister Mishustin closed Russia’s border with China to prevent the spread of the deadly coronavirus”The Moscow Times, 30 janvier 2020. [https://www.themoscowtimes.com/2020/01/30/russia-closes-far-east-border-over-coronavirus-a69100]

[8]Jake RudnitskyEvgenia Pismennaya: “Russia Closes Border With China to People, Not Goods”, Bloomberg, 30 janvier 2020. [https://www.bloomberg.com/news/articles/2020-01-30/russia-closing-border-with-china-to-affect-people-not-goods]

[9] Artyom Shraibman :”Coronavirus Inflames Russia-Belarus Quarrel”, Carnegie Moscow Center, 25 mars 2020. [https://carnegie.ru/commentary/81361]

[10] “Домодедово закрыл галерею международных рейсов”, Agence TASS, 3 avril 2020. [https://tass.ru/ekonomika/8156133]

[11] Mary Ilyushina : “Moscow rolls out digital tracking to enforce lockdown. Critics dub it a ‘cyber Gulag’”CNN Online, 14 avril 2020. [https://edition.cnn.com/2020/04/14/world/moscow-cyber-tracking-qr-code-intl/index.html]

[12]“Ситуация стабильная и контролируемая”, Krasnja Zvesda, 15 avril 2020. [http://redstar.ru/situatsiya-stabilnaya-i-kontroliruemaya/]

[13] Igor Delanoë : “La marine russe touchée par le COVID-19 », L’Observatoire CCI France-Russie, 28 mars 2020. [https://www.obsfr.ru/fr/blogs-et-videos/evenement/article/covid-19-dobralsja-do-rossiiskogo-flota.html]

[14] Бюллетень по санитарно-эпидемиологической обстановке в ВС РФ на 4 апреля 2020, 4 avril 2020. [http://мультимедиа.минобороны.рф/multimedia/infographics/sanitaryconditions/gallery.htm?id=75202@cmsPhotoGallery]

[15] “Китайский предприниматель передал России более 1 млн масок и 200 тыс. тестов для выявления COVID-19”, Site Internet du ministère de la Défense de la Fédération de Russie, 26 mars 2020. [https://function.mil.ru/news_page/country/more.htm?id=12283950@egNews]

[16] Ian Bratskij: “Шойгу: ВС РФ продемонстрировали готовность к борьбе с коронавирусом в ходе внезапной проверки”, TV Zvesda, 7 avril 2020. [https://tvzvezda.ru/news/forces/content/2020471345-Tq9D8.html]

[17] Atle Staalesen :“Defense Minister Shoigu says Armed Forces are fully prepared for coronavirus”, Barents Monitor, 7 avril 2020. [https://thebarentsobserver.com/en/security/2020/04/defense-minister-shoigu-says-armed-forces-are-fully-prepared-coronavirus]

[18] “31 coronavirus confirmed in 31 pupils of Nakhimov naval school”, Corona24 News, 17 avril 2020. [https://www.corona24.news/c/2020/04/17/31-coronavirus-confirmed-in-31-pupils-of-nakhimov-naval-school-society.html]

[19] Andrew Roth“Russia quarantines thousands of soldiers after parade rehearsals”The Guardian, 20 avril 2020. [https://www.theguardian.com/world/2020/apr/20/russia-quarantines-thousand-of-soldiers-after-parade-rehearsals-coronavirus]

[20] Robin EmmottAndrew Osborn :”Russian aid to Italy leaves EU exposed”Reuters, 26 mars 2020. [https://uk.reuters.com/article/uk-health-coronavirus-russia-eu/russian-aid-to-italy-leaves-eu-exposed-idUKKBN21D28N]

[21] Natalia Antelava and Jacopo IacoboniThe influence operation behind Russia’s coronavirus aid to Italy”CodaStory, 2 avril 2020. [https://www.codastory.com/]

[22] Maxim A. Suchkov: “Intel: Why Moscow is dispatching its military to fight coronavirus in Syria, Italy”Al-Monitor, 24 mars 2020. [https://www.al-monitor.com/pulse/originals/2020/03/intel-moscow-military-fight-coronavirus-syria-italy.html]

[23] Anton Troianovski“Turning the Tables, Russia Sends Virus Aid to U.S.”The New York Times, 2 avril 2020. [https://www.nytimes.com/2020/04/02/world/europe/coronavirus-us-russia-aid.html]

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