Retour sur le quatrième séminaire de SHEGA : Entreprendre et créer en Afrique

Les 10 et 11 avril 2025 s’est tenu à Paris le quatrième séminaire de la Session des Hautes Études Géopolitiques Africaines, centré sur le thème « Entreprendre et créer en Afrique ».

La première journée a débuté avec Sylvère-Henry Cissé, journaliste, auteur, conseiller en communication et membre du Conseil scientifique Histoire, Sport & Citoyenneté Paris 2024. À travers une intervention intitulée « Sport et entrepreneuriat », il a mis en lumière le sport comme levier de croissance économique et de cohésion sociale. Si les jeunes entrepreneurs s’en emparent pour créer de la valeur, le modèle dominant – hérité de logiques subventionnées – ne reflète pas toujours les réalités africaines. Il a souligné la nécessité de réinventer une économie du sport ancrée localement, en insistant sur les enjeux politiques et identitaires liés au sport, notamment dans le football.

Ibrahima Coulibaly, agriculteur malien et président de plusieurs organisations agricoles panafricaines, a ensuite rappelé que les grands défis africains, corruption, instabilité, pauvreté, sont intimement liés à l’agriculture. Il a dénoncé une politique agricole fondée sur la rente et l’importation, au détriment des producteurs locaux, et appelé à une véritable souveraineté alimentaire. Selon lui, l’Afrique ne souffre pas d’un manque de production mais d’un défaut de valorisation et de commercialisation.

La parole a ensuite été donnée à Alexander Bassey, entrepreneur engagé dans la transition énergétique. Il a évoqué les immenses potentiels du continent en matière d’énergies renouvelables (solaire, hydraulique), mais aussi les obstacles : infrastructures vétustes, dépendance aux énergies fossiles, manque de financements et d’harmonisation des politiques. Il a souligné l’importance d’une mobilisation conjointe entre acteurs locaux, États et investisseurs pour accompagner un modèle énergétique plus décentralisé, durable et inclusif.

La deuxième journée a été ouverte par Francis Kpatindé, enseignant à Sciences Po, qui a proposé une analyse fine des processus électoraux africains. Il a montré que si le vote est une réalité constante à travers le continent, parfois avec des modalités originales comme le vote par billes en Gambie, les élections ne garantissent pas nécessairement un fonctionnement démocratique. Il a alerté sur la montée des régimes militaires et l’attrait croissant des jeunes pour des modèles autoritaires, tout en saluant les progrès de certains États insulaires comme le Cap-Vert ou Maurice.

La journée s’est poursuivie avec Jean-Cédric Sow, créateur de mode d’origine congolaise et sénégalaise, basé entre Paris, Brazzaville, Tokyo et Berlin. À travers sa marque Alina Sow, il explore ses identités multiples et les valorise dans une mode afro-contemporaine. Il a évoqué les défis de la production textile en Afrique, confrontée à l’absence de structures, à une concurrence mondiale féroce et à un marché local encore peu structuré.

Puis, Elom 20ce, artiste et activiste togolais, est venu défendre un art engagé. Pour lui, le RAP signifie Réapprendre À Parler : il s’agit de redonner une voix aux populations africaines. À travers son parcours mêlant art, militantisme et réflexion politique, il a plaidé pour une prise en compte des sciences orales et populaires dans la construction de nouveaux récits africains.

Enfin, Didier Acouetey, CEO d’AfricSearch, premier cabinet de « chasseur de têtes » sur le continent africain, a conclu les échanges en insistant sur la centralité du capital humain pour l’avenir du continent. Il a rappelé que les PME représentent environ 40 % des emplois en Afrique, mais qu’elles peinent à se développer en raison d’un manque d’écosystèmes adaptés, de soutien bancaire et de structures d’accompagnement. Miser sur les talents africains, accompagner la croissance des TPE et PME, transformer l’environnement économique : autant de leviers indispensables pour bâtir un entrepreneuriat africain résilient et innovant.

Partager sur les réseaux sociaux

EDITO

Ce mois d’avril aura illustré l’étendue, mais aussi les limites de l’exercice du pouvoir par Donald Trump dont le style consiste à bousculer vite et fort, quitte à rétropédaler si nécessaire. Tout d’abord par la...

Institut FMES

Rejoignez-nous

La newsletter FMES

Déposez votre mail pour vous abonner à notre newsletter mensuelle
et autres mailings (conférences, formations, etc.)

La newsletter FMES

Déposez votre mail pour vous abonner à notre newsletter mensuelle
et autres mailings (conférences, formations, etc.)