Quelle politique américaine pour le Moyen-Orient en 2025 ?

Arnaud Peyronnet, chercheur associé à la FMES

Alors que la campagne présidentielle américaine s’accélère et que le conflit à Gaza et son extension au Liban est devenu une thématique extrêmement polarisante sur la scène politique intérieure américaine, les deux candidats ont des vues plutôt divergentes quant à la politique extérieure des Etats-Unis au Moyen-Orient. La candidate démocrate reste logiquement dans la lignée de la politique menée par le Président Biden, avec des concessions à la frange la plus progressiste du camp démocrate au sujet de Gaza. Si le soutien américain à Israël n’est pas remis en cause, Kamala Harris appelle Israël à un cessez le feu immédiat, si besoin par l’intermédiaire d’une très forte pression politique de Washington. Vis-à-vis de l’Iran, la démocrate recherche le dialogue, la réduction des tensions et la non-confrontation afin de préserver la stabilité régionale et d’isoler si possible la Russie. Avec les pays du Golfe et notamment l’Arabie Saoudite, elle mettra en avant le nécessaire respect des droits humains par ses partenaires avant d’approfondir les relations bilatérales, à moins que l’influence croissante de la Chine dans la région remette une dose de réalisme dans la politique étrangère de K. Harris. Un mandat Trump 2 serait la suite logique du premier mandat. Sur la question Israël/Palestine, ce nouveau mandat pourrait s’articuler autour de trois axes : un soutien inconditionnel à Israël notamment face au Hamas, au Hezbollah et à l’Iran ; un appui à l’insertion de l’Etat hébreu dans son environnement arabe ; la disparition de la « question nationale palestinienne » des agendas. Sur l’Iran, un retour de la politique de pression maximale sur Téhéran est probable. Le rapprochement saoudo-américain serait vu comme une « solution » aux problèmes de la région. De fait, le conflit israélo-palestinien est le seul sujet qui divise vraiment les deux candidats. Concernant l’Iran et les pays du Golfe, seule une différence de « style » est notable mais la vision des intérêts stratégiques américains reste commune. Enfin, ni l’Irak ni la lutte contre le terrorisme djihadiste ne sont mentionnés dans les discours des deux candidats sur le Moyen-Orient, comme si cet « épisode » de l’histoire était clos voire tabou, actant le retrait progressif des forces terrestres américaines de la région, pour la plus grande crainte des Jordaniens et des Libanais. Israël, les monarchies du Golfe, l’Egypte et la Turquie souhaitent une victoire de Donald Trump, là ou les autres acteurs régionaux, Iran en tête, espèrent une victoire de Kamala Harris.

Carte extraite de l’Atlas Stratégique FMES de la Méditerranée et du Moyen-Orient en vente dès le 4 octobre sur le site de l’Institut FMES et la plateforme Pumbo.

Les défis et axes potentiels de la politique américaine au Moyen-Orient

Les Etats-Unis font face au Moyen-Orient à un contexte stratégique de plus en plus compétitif qui les oppose à la Russie (Libye, Soudan, mer rouge, Iran), à la Chine (pays du Golfe, corne de l’Afrique, Iran), à la Turquie (Qatar, Somalie, « République turque de Chypre Nord » ; Libye) et bien sûr à l’Iran (Irak, Syrie, Yémen, Liban). L’irruption de la Chine au Moyen-Orient[1] et l’approfondissement du lien russo-iranien sur fond de guerre en Ukraine[2] représentent des défis colossaux pour Washington. De fait et quelle que soit la couleur de la nouvelle administration américaine en janvier 2025, les Etats-Unis vont vouloir rechercher avant tout la stabilité et le calme au Moyen-Orient[3] afin de faire face à leurs compétiteurs mondiaux (Chine et Russie). Dans cette optique, la guerre à Gaza représente un sérieux obstacle, expliquant les appels réguliers des deux candidats à arrêter ce conflit au plus vite.

Dans ce contexte géopolitique perturbé, le positionnement de Washington vis à vis des Etats du Golfe représentera un enjeu essentiel. Qatar, Emirats Arabes Unis et Arabie Saoudite sont de plus en plus autonomes, tant vis-à-vis des Etats-Unis, de la Chine, de la Russie, de l’Iran ou de la Turquie, dans un mouvement assumé de multi-alignement. L’Arabie Saoudite est vue à Washington comme un Etat pivot tandis que le rôle de médiateur du Qatar (avec le Hamas, l’Iran, les Talibans), son influence auprès de la rue arabe et sa proximité croissante avec la Turquie (y compris sur la problématique palestinienne) en font un acteur de poids. Sur ce point, si Trump est vu à Doha comme un homme « imprévisible » et donc « à risque », les démocrates sont mieux perçus, surtout du fait des discours de Kamala Harris sur la problématique palestinienne. Une administration démocrate pourrait ainsi faire du Qatar le leader d’un programme de reconstruction de Gaza, quitte à laisser les EAU décider de l’avenir politique de l’Autorité Palestinienne. Les pays du Golfe représentent en outre un gigantesque marché pour l’industrie de défense américaine, seule pourvoyeuse de sécurité combat proven, notamment dans le domaine de la défense aérienne. Les Etats-Unis ont aussi besoin d’aménagements dans la politique pétrolière des Etats du golfe pour affaiblir la Russie. Une augmentation de la production afin de faire baisser les prix mondiaux (et donc les revenus tirés par la Russie de ses exportations de pétrole) pourrait ainsi être demandée par Washington à ses partenaires régionaux. Dans ce cadre, l’approfondissement des relations stratégiques entre Washington et ses alliés régionaux est vu comme une nécessité afin de stabiliser le Moyen-Orient contre l’activisme déstabilisateur iranien (au Yémen, en Irak, en Syrie et au Liban) voire russe et chinois. Les accords Abraham conclus en 2020 représentent un socle important de cette stratégie qui a vocation à s’élargir[4] et qui n’est remis en cause par aucun des deux partis américains. Les velléités de constitution d’une coalition of the willing régionale en matière de défense aérienne, afin de faire face à la menace balistique et drone iranienne, à l’instar des évènements du 13 avril 2024[5], en est le pilier militaire.

Si le soutien à Israël reste un axiome bipartisan, la résilience des pays frontaliers de l’Etat hébreu représente un deuxième enjeu majeur pour la future administration américaine. C’est le cas de l’Egypte, fragilisée tant par le conflit à Gaza que les conséquences économiques des attaques houthies en mer Rouge. Le soutien américain au pouvoir égyptien s’accentuera, tant politiquement que financièrement, y compris via des fonds saoudiens[6]. La proximité du Président Sissi avec Trump[7] donnerait un avantage à ce dernier, même si la candidate démocrate s’est efforcée ces derniers mois de louer le rôle du Caire pour la paix dans la région. La Jordanie, un allié essentiel des Etats-Unis (du fait de sa position centrale pour les opérations militaires en Syrie et Irak) voit ses équilibres internes menacés par les conséquences du conflit à Gaza. Elle attend de Washington des mesures politiques fortes vis-à-vis d’Israël quant à sa souveraineté et son autorité sur les lieux saints de Jérusalem. Or, Amman, un allié tactique pour la lutte contre le terrorisme, reste pour le moment l’angle mort de la politique régionale américaine du fait du retrait progressif des troupes américaines du théâtre syro-irakien. Le risque est identique pour le Liban, du fait de la proximité américano-israélienne et de la démesure de la riposte israélienne aux attaques du 7 octobre 2023. La propagation du chaos au Liban et à la Jordanie est un réel danger sans réengagement stratégique significatif des Américains qui n’est envisagé par aucun des deux candidats. Le théâtre syro-irakien et la lutte contre Daech n’intéressent plus aux Etats-Unis et ne sont d’ailleurs même pas mentionnés dans les discours des candidats. Le retrait américain de cette zone semble ainsi inéluctable et un objectif partagé par les deux partis, marquant la fin de la longue guerre contre le terrorisme islamique débuté en 2001, et ce alors que Daech constitue toujours une menace dans la région[8]. Les gouvernements américain et irakien ont d’ailleurs acté fin août 2024 le retrait des forces américaines[9] et de la coalition internationale d’Irak entre septembre 2025 et fin 2026[10], ce qui laissera alors le champ libre à d’autres acteurs régionaux (Iran, Turquie, Russie).

La relation américano-turque représente un troisième enjeu majeur pour Washington. Le rôle régional de la Turquie est croissant, du fait de sa politique néo-ottomane revitalisée par son opposition ferme à Israël suite à la guerre à Gaza. La Turquie s’est ainsi rapprochée de l’Egypte et de l’Irak tout en concluant des accords de défense avec le Qatar et la Somalie. En outre, Ankara reste l’hôte de plusieurs bases OTAN vitales pour les forces américaines et s’est imposée depuis 2022 comme un « intermédiaire utile » entre les Etats-Unis et la Russie, comme l’a montré l’affaire des échanges de prisonniers russes et américains sur le sol turc le 1er août 2024. Or la Turquie est très critique de la politique américaine vis-à-vis d’Israël, ce qui constitue un point de crispation supplémentaire dans une relation déjà tendue avec l’administration Biden. Le retour potentiel d’une administration Trump est plutôt vu favorablement à Ankara, afin de réinitialiser un dialogue interrompu avec Washington. La Turquie sait en effet qu’elle pourra négocier certains de ses atouts avec Trump, chose qui sera sans doute plus difficile avec Kamala Harris qui incarne la continuité de Joe Biden[11].

La politique moyen-orientale du camp démocrate avec Kamala Harris

La candidate démocrate, qui a peu d’expérience sur les questions internationales, représente l’aile progressiste du parti démocrate américain, un caractère encore accentué par le choix de Tim Waltz comme colistier[12]. Si sa politique internationale vis-à-vis du Moyen-Orient devrait être pour une large part une continuation de celle conduite par Joe Biden, quelques différences de style et un ancrage plus « à gauche » pourraient s’esquisser afin de satisfaire sa base électorale[13].

L’affichage de son soutien à Israël reste un impératif pour la classe politique américaine. Kamala Harris ne fait pas exception et s’intègre dans cette ligne bipartisane. Durant son mandat de sénateur, elle a plusieurs fois soutenu des résolutions pro-israéliennes[14], y compris contre l’administration Obama, et a rappelé le droit d’Israël à assurer sa défense. De même, elle s’est toujours opposée à un embargo sur le transfert d’armes américaines à Israël[15] et reste proche des courants libéraux juifs américains. Elle a toutefois mentionné à plusieurs reprises son opposition farouche à la manière dont le gouvernement israélien menait la guerre à Gaza[16], se distanciant à plusieurs reprises de la ligne très prudente de Joe Biden. Elle n’a ainsi pas assisté au discours du Premier Ministre israélien au Congrès le 25 juillet 2024 et son entretien officiel avec Benjamin Netanyahu a été houleux. Elle se préoccupe en particulier du sort de la population palestinienne de Gaza, appelant à un cessez le feu immédiat du côté israélien. Elle est ainsi en faveur d’une pression accentuée de Washington sur le gouvernement israélien afin de faire cesser la guerre et acheminer efficacement l’aide humanitaire aux Palestiniens. Mais la candidate Harris reste adepte de l’équilibre. Elle n’a ainsi pas profité de la convention démocrate du mois d’août pour proposer une rupture de fond sur cette question pourtant la plus polarisante pour la politique étrangère américaine depuis la guerre d’Irak de 2003[17]. De fait, en cas de présidence démocrate, la rhétorique américaine vis-à-vis d’Israël pourrait être plus sévère qu’aujourd’hui, accentuant le désalignement politique des deux pays. Une présidence Harris pourrait être similaire à celle de l’ère Carter : un soutien des Etats-Unis de principe à Israël mais pas au détriment des droits des Palestiniens. De nouvelles initiatives pour promouvoir une solution à deux Etats pourraient être proposées[18], au grand dam du gouvernement Netanyahu voire des Israéliens eux-mêmes.

Vis-à-vis de l’Iran, une Présidence démocrate reprendra l’héritage Biden, à savoir la recherche du dialogue, la réduction des tensions et la non-confrontation afin de préserver la stabilité régionale. Sur le programme nucléaire iranien, et alors que cette thématique pourrait être un des premiers défis de la nouvelle administration compte-tenu de l’escalade régionale entre Israël et l’Iran, il est peu probable que Kamala Harris souhaite reprendre les négociations avec l’Iran, sauf si celui-ci démontre sa volonté de faire des concessions[19]. Le mandat Biden n’a d’ailleurs vu aucune avancée diplomatique sur ce sujet dorénavant gelé. La candidate démocrate reste cependant favorable au JCPOA[20], en rupture complète avec son adversaire républicain. En 2018, elle a fortement critiqué la décision « téméraire » de Trump de se retirer de cet accord, qu’elle considérait comme un succès majeur de l’administration Obama. Elle a également condamné en 2020 l’élimination par les Etats Unis de Qassem Soleimani[21], afin d’éviter « l’escalade et la confrontation »[22]. En cas d’ouverture diplomatique de Téhéran, notamment dans le contexte de sa nouvelle présidence, une reprise des négociations reste donc théoriquement envisageable. Une administration Harris mettra cependant une pression plus importante sur l’Iran (comme sur d’autres pays) en matière de respect des droits de l’homme qui deviendra certainement une ligne politique à part entière. Kamala Harris a en effet largement critiqué les violences du régime iranien contre les protestataires et les mouvements anti-gouvernementaux depuis 2022[23].

Avec les pays du Golfe et notamment l’Arabie Saoudite, une nouvelle administration démocrate devrait continuer d’insister sur le respect des droits humains par ses partenaires. Lorsqu’elle était au Sénat, Kamala Harris a vivement critiqué l’Arabie Saoudite quant à la conduite de la guerre au Yémen et quant à son implication dans la mort du journaliste du Washington Post, Jamal Khashoggi. Elle s’est même opposée à la vente d’armes à Ryad[24]. La candidate démocrate s’est également prononcée en faveur d’un aggiornamento de la relation américano-saoudienne afin que celle-ci « corresponde aux valeurs et intérêts des Etats-Unis »[25]. Mais une dose de « réalisme » pourrait s’imposer à l’administration démocrate surtout en cas de reconduction à son poste d’A. Blinken, secrétaire d’Etat chevronné et bien au fait des luttes de puissance en cours dans le Golfe. La poursuite des efforts américains pour un accord trilatéral entre Washington, Ryad et Jérusalem, incluant des garanties de sécurité américaines au profit du royaume wahhabite, semble avoir le plein soutien de K. Harris, à condition d’obtenir d’Israël son acceptation d’une voie pour la constitution d’un Etat palestinien indépendant (condition saoudienne que la candidate démocrate ne peut que soutenir). Un tel rapprochement trilatéral serait une victoire diplomatique face à la Chine et la Russie. L’extension des accords Abraham aux domaines des technologies et de la transition énergétique serait aussi probablement recherchée.

Un mandat Trump 2 dans le sillage du mandat Trump 1

Donald Trump dispose d’un lien privilégié, économique et personnel, avec le royaume wahhabite. Celui-ci fut même en 2016 le théâtre de son premier déplacement à l’étranger comme Président. Il reste très apprécié par les Etats du golfe pour son opposition ferme à l’Iran, pour son pragmatisme et son absence d’intérêt pour la question du respect des droits de l’homme à l’étranger. Un partenariat approfondi de sécurité avec Washington étant ardemment recherché par ces pays[28], et particulièrement par l’Arabie Saoudite, des leviers de négociation sur des sujets régionaux plus larges (extension des accords Abraham par exemple) pourraient facilement s’ouvrir sous un deuxième mandat Trump. De son côté, une administration républicaine pourrait voir dans un nouvel accord-cadre avec Ryad (nouvel accord de type Quincy) un moyen de contrer l’influence de la Chine, de dissuader l’Iran, d’autonomiser les pays du Golfe et d’assurer l’intégration régionale d’Israël (et la disparition de la question palestinienne) en échange de garanties de sécurité américaines et d’une coopération énergétique renforcée. Un tel accord serait la consécration de « l’art du deal » tant vanté par le candidat Trump. Dans tous les cas, le rapprochement saoudo-américain sera sans nul doute une haute priorité internationale d’un second mandat Trump et vu comme la « solution » aux problèmes de la région.

Le « Deal du siècle » proposé par Trump en 2020 comme plan de paix entre Israéliens et Palestiniens reconnaissait la légalité des colonies israéliennes en Cisjordanie et donc les prétentions de l’Etat hébreu sur la Judée et Samarie, en échange de territoires israéliens frontaliers avec l’Egypte dans la région de Gaza. Vu la situation actuelle et le conflit à Gaza, ce projet, gelé dès son origine, semble désormais caduque. En tout cas, les opérations militaires israéliennes à Gaza et l’occupation de zones entières de l’enclave palestinienne par Tsahal rendent illusoire la possibilité d’échanges de territoires dans le cadre d’un processus de paix. Trump reste attaché à la défense d’Israël et a fortement critiqué les velléités de l’administration Biden de geler les livraisons d’armes américaines à Tel Aviv. A contrario, il est gêné par la longueur de ce conflit qui nuit à l’image d’Israël et donc indirectement à celle des Etats-Unis. Il a ainsi demandé à plusieurs reprises aux dirigeants de l’Etat hébreu de finir cette guerre « le plus vite possible »[29]. Il a en outre critiqué le gouvernement israélien pour ses manquements face aux attaques du 7 octobre 2023[30]. En août 2024, lors d’un meeting de campagne, il a précisé que s’il était élu Président, Israël recevrait toute l’aide nécessaire pour terminer rapidement la guerre à Gaza, menaçant à la même occasion le Hamas de représailles sévères des Etats-Unis si les otages américains encore détenus n’étaient pas libérés. Sur la question Israël/Palestine, un second mandat Trump pourrait s’articuler autour de trois axes : un soutien inconditionnel à Israël notamment face au Hamas, au Hezbollah et à l’Iran ; un appui à l’insertion de l’Etat hébreu dans son environnement arabe via l’élargissement des accords Abraham à l’Arabie Saoudite (y compris en échange de garanties de sécurité fortes à Ryad) ; la disparition de la question nationale palestinienne via l’inclusion de cette population dans les pays avoisinants via des deals particuliers avec Washington. Une nouvelle administration Trump ne sera pas favorable à la cause palestinienne. Une reconstruction de Gaza sur fonds américains sera d’autant plus illusoire que la droite radicale israélienne reste très ancrée chez les proches conseillers de Trump. David Friedman, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Israël pendant le premier mandat Trump, tout comme Jared Kushner, son gendre, parlent ouvertement d’annexion par Israël de la Cisjordanie, d’un rivage gazaoui potentiellement intéressant pour l’immobilier de tourisme, et du déplacement des populations de l’enclave vers le Néguev ou d’autres pays, sans droit au retour[31].

Sur l’Iran, un deuxième mandat Trump devrait voir le retour de la politique de pression maximale sur Téhéran via l’accentuation des sanctions, notamment contre ses exportations de pétrole[32], et de ciblage des hauts cadres Pasdarans présents dans la région[33]. A contrario, il devrait s’abstenir de maintenir une trop forte empreinte militaire américaine au Moyen-Orient, le courant trumpiste étant plus isolationniste et focalisé sur la Chine qu’auparavant, notamment en raison de la « fatigue » américaine pour les longues guerres de la région. Le retrait des troupes américaines du Moyen-Orient était une promesse du candidat Trump avant son premier mandat et il a constamment essayé de le faire jusqu’en 2019, s’opposant même à ses conseillers sur ce sujet[34]. Ce point restera d’actualité pour un deuxième mandat Trump qui pourrait voir un retrait complet des forces américaines de Syrie et d’Irak, voire d’autres pays, confiant la sécurité de la région à ses alliés locaux, pour la plus grande crainte de la Jordanie et du Liban.  


[1] Vers un réalignement géopolitique au Moyen-Orient, Arnaud Peyronnet, FMES, 29/03/2023.

[2] Partenariat stratégique en développement, Téhéran exportant des munitions et missiles à Moscou en échange d’un accès à des technologies sensibles potentiellement dans le domaine nucléaire.

[3] En témoigne également les négociations intenses conduites par les Etats-Unis en août 2024 pour lier un potentiel accord de cessez-le-feu à Gaza à un arrêt des hostilités au plan régional.

[4] La politique américaine cherche à intégrer l’Arabie Saoudite aux accords Abraham.

[5] Attaque massive de l’Iran (300 missiles et drones lancés sur Israël) déjouée par la mise en alerte et l’action de nombreux moyens de défense aérienne multinationaux, sous l’égide d’USCENTCOM (Commandement américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale).

[6] Le soutien durable à l’Egypte pouvant être un des points des négociations Ryad/Washington.

[7] Un don du Président Sissi en faveur de la campagne de Trump suscite d’ailleurs des polémiques. Washington Post, 02/08/2024.

[8] Selon CENTCOM, le nombre d’attaques de Daech sur le théâtre syro-irakien a doublé en 2024 comparativement à 2023. En outre, l’avenir des camps d’internement de djihadistes et de leurs sympathisants dans le Nord-Est syrien reste incertain. New York Times, 03/09/2024. Fin août, un raid conjoint des forces américaines et irakiennes a permis l’élimination de 15 terroristes de Daech en Irak.

[9] Les forces américaines comptent 2500 personnels en Irak, 900 en Syrie. Middle East Eye, 06/09/2024.

[10] Middle East Eye, 06/09/2024.

[11] Ce qui n’empêche pas le Président Erdogan de chercher à avoir une rencontre bilatérale avec la candidate démocrate. Turkiye Today, 20/09/2024.

[12] Si Tim Waltz soutient la politique traditionnelle des démocrates au Moyen-Orient, il semble moins interventionniste que la plupart et regarde avec beaucoup de méfiance les alliés régionaux de Washington, notamment au prisme du respect des droits de l’homme. Al Jazeera, 08/08/2024.

[13] Notamment auprès des arabes-américains et des courants les plus à gauche du parti démocrate, présents en nombre dans le Michigan (swing state) qui critiquent fortement l’absence de résultats de l’administration Biden à faire pression sur Israël pour arrêter la guerre à Gaza.

[14] Al Majalla, 04/08/2024.

[15] BBC, 08/08/2024.

[16] En mars 2024, elle a déclaré « qu’Israël n’en faisait pas assez pour éviter une catastrophe humanitaire à Gaza », menaçant même l’Etat hébreu de « conséquences s’il lançait une invasion terrestre de Rafah ».  Reuters, 22/07/2024.

[17] Al Monitor, 25/08/2024.

[18] Kamala Harris a déclaré que « la solution à deux Etats est la seule voie tant pour un Etat d’Israël démocratique et en sécurité que pour donner aux Palestiniens leurs droits à la liberté, la sécurité et la prospérité » Al-Sarira, 09/08/2024.

[19] Reuters, 22/07/2024.

[20] Joint Comprehensive Plan of Action.

[21] Commandant de la Force Al Qods, Al-Sarira, 09/08/2024.

[22] Ibid.

[23] The National, 22/07/2024.

[24] Al Majalla, 04/08/2024 et Al Ahram, 30/07/2024.

[25] The National, 22/07/2024.

[26] Washington Post, 31/01/2024.

[27] Comme en témoigne la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem comme capitale d’Israël en décembre 2017 et la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le Golan.

[28] Les faibles résultats de l’attaque iranienne d’avril 2024 contre Israël ayant démontré qu’une architecture régionale de défense aérienne sous leadership américain était souhaitable pour leur propre protection. Ce qui n’empêche pas les pays du Golfe de sonder régulièrement les Chinois et les Russes en matière de sécurité.

[29] Neue Zürchen Zeitung, 27/05/2024.

[30] The Guardian, 25/04/2024.

[31] Ibid.

[32] L’arme économique au travers d’un pétrole peu cher (via une forte relance de la production américaine) nuirait à l’Iran, tout comme à la Russie.

[33] A l’instar de l’élimination de Qassem Soleimani en janvier 2020.

[34] En octobre 2019, il a ainsi brusquement ordonné le retrait de nombreuses forces américaines de l’Est syrien.

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