« Vous resterez jeunes tant que vous resterez réceptifs, réceptifs à ce qui est beau, bon et grand, réceptifs aux messages de la nature, de l‘homme et de l‘infini. » Général Douglas Mac Arthur
C’est à Rabat, magnifique capitale du Maroc que le premier séminaire de la 4ème session méditerranéenne des hautes études stratégiques/cycle « Jeunes des deux rives » s’est tenu du 29 avril au 3 Mai 2024.
Avant toute chose, il semble utile de rappeler l’origine des SMHES/cycle « Jeunes des deux rives », formation singulière que la FMES conduit depuis 4 ans. Dans le cadre du Sommet des deux rives qui s’est tenu à Marseille en Juin 2019 dans le cadre d’un dialogue 5+5 qui demandait à être revivifié, des initiatives ont été recherchées pour favoriser les échanges entre les rives Nord et Sud de la Méditerranée. C’est ainsi que naturellement, l’institut FMES a proposé la création d’une session méditerranéenne des hautes études stratégiques (SMHES) régionale en partenariat avec les pays du dialogue 5+5 (France, Espagne, Italie, Malte, Portugal, Algérie, Maroc, Tunisie, Mauritanie, Libye). Cette session baptisée SMHES/ cycle « Jeunes des deux rives » vise à accueillir 20 jeunes auditeurs (2 participants par pays membre) et prend la forme de deux séminaires distincts mais complémentaires. Chaque séminaire consiste en une semaine de formation. L’un d’eux est organisé dans un pays du nord de la Méditerranée et l’autre dans un pays du sud. Cette formation de dix jours au total vise à offrir aux jeunes auditrices et auditeurs une sensibilisation aux enjeux, risques et opportunités de la mare nostrum. Pour chaque séminaire, un thème d’étude commun est retenu ; il est adressé à l’ensemble des participants et fait l’objet de la publication d’un acte à l’issue de la formation. Ce dernier n’engage bien sûr que ses auteurs mais il fertilise une réflexion croisée sur les grandes problématiques du bassin méditerranéen.
Cette formation de deux semaines complémentaires associe dix jeunes diplômés ou étudiants en master et dix officiers-élèves militaires en formation (un participant civil et un participant militaire pour chaque pays) pour permettre une synergie entre les étudiants civils et militaires et s’inscrire dans l’esprit du Dialogue 5+5 dans son volet diplomatique comme dans sa composante sécuritaire.
Parce que la Méditerranée, carrefour des civilisations et d’échanges culturels représente une zone hautement sensible dans de nombreux domaines, en s’adressant à des futurs décideurs, les SMHES/ cycle « Jeunes des deux rives » entendent renforcer la coopération à travers le dialogue et l’échange. Les SMHES/cycle « Jeunes des deux rives » permettent ainsi à ses auditrices et auditeurs de partager des réflexions à la fois sur ce qui rassemble leurs pays mais aussi sur les points et les sujets qui les divisent. Elles permettent aussi et avant tout de concrétiser le concept d’identité ouest-méditerranéenne.
Ces sessions ont aussi pour objectif de favoriser les liens entre des jeunes auditrices et auditeurs issus des mondes académique et militaire qui peuvent ensuite, à l’issue de la formation, mieux appréhender les enjeux géostratégiques, de défense et de sécurité de l’espace méditerranéen.
Enfin, les auditeurs, en tant que citoyens engagés ayant bénéficié d’une ouverture sur le monde qui les entoure, peuvent commencer à tisser un réseau à l’échelle internationale. Au fil des ans, ce réseau d’alumni développera des liens et des ramifications et il incarnera la coopération méditerranéenne.
C’est au sein de l’Université Internationale de Rabat (UIR) que la session a été reçue tout au long de cette première semaine de formation. C’est tout particulièrement au Professeur Michel BOYER et au Doyen du Collège des Sciences Sociales de l’UIR, le Docteur Farid EL ASRI que la 4ème SMHES/cycle « Jeunes des deux rives » doit l’honneur d’avoir été reçue durant quatre jours dans les murs de la magnifique Université Internationale de Rabat. Le Professeur Michel BOYER est un Français qui enseigne à l’UIR depuis huit ans et sa très grande réputation, ajoutée à sa bonne humeur communicative et à son caractère chaleureux ont vite convaincu la hiérarchie de l’université de l’intérêt qu’il y avait à y recevoir la session. C’est le Professeur Michel BOYER et ses équipes d’étudiants et de doctorants qui ont été les artisans du programme de cette semaine et ils l’ont conduite de la plus belle des manières pour le plus grand bénéfice des auditrices et des auditeurs qui ne s’attendaient sans doute pas à un accueil et des activités de ce niveau et de cette qualité.
L’UIR est en effet un établissement prestigieux, à la réputation internationale méritée et installé dans des locaux vastes et modernes sur un site proche de Rabat entièrement dédié à l’enseignement supérieur et à la recherche. L’Université Internationale de Rabat ou UIR est une université semi-publique fondée en 2010 sous contrat avec l’État marocain. Elle offre une formation pluridisciplinaire au sein de plusieurs pôles comme l’Ingénierie, le Droit, l’Architecture, les Sciences Politiques, le Management, la Médecine Générale, la Médecine Dentaire et les Sciences Paramédicales. Son campus fait 27 hectares au sein du Parc Technopolis situé en face de Sala Al Jadida. Ce campus, particulièrement vert at aéré, a été certifié Haute Qualité Environnementale (HQE), ce qui en fait l’unique campus en Afrique à disposer de cette certification. Avec six bâtiments destinés à l’enseignement, six résidences universitaires, une bibliothèque, un restaurant universitaire et des services de restauration annexes, des laboratoires de recherche et un complexe sportif (deux courts de tennis, deux terrains de basketball, un terrain de football et une piscine semi-olympique), le campus de l’UIR permet aux étudiants de bénéficier d’un cadre de vie exceptionnel qui les aide à combiner leurs études avec une vie personnelle et sociale épanouie.
Le campus de l’UIR est doté d’une ferme solaire, d’un lac artificiel et d’une centrale photovoltaïque, d’une superficie de 2.500 m2 pouvant ainsi alimenter en énergie électrique plusieurs bâtiments du campus de l’UIR. L’électricité produite est directement injectée au niveau des bâtiments et réduit ainsi leur consommation globale d’environ 20%. Située à une quinzaine de kilomètres du centre de Rabat, l’UIR est un espace privilégié qui offre aux étudiants un niveau académique parmi les plus élevés au monde dans un environnement exceptionnel, particulièrement moderne tout en étant accueillant et chaleureux. Elle est la traduction concrète de l’engagement du pays derrière son Souverain en faveur de l’éducation et du savoir.
C’est donc dans ce lieu prestigieux que les auditrices et les auditeurs de la 4ème SMHES/cycle « Jeunes des deux rives » ont eu la très grande chance de suivre leur premier séminaire. Après un accueil convivial et chaleureux autour de pâtisseries marocaines arrosées de thé et de café et entourés par l’équipe dirigeante du collège des sciences sociales de l’UIR et tout particulièrement par son Doyen le Dr Farid EL ASRI, les auditrices et les auditeurs de la session ont débuté la matinée du 29 avril par une visite rapide des installations de l’université et tout particulièrement de son campus aux atouts multiples qui rendent si agréable la vie des étudiants. L’enseignement a ensuite débuté par la conférence du Docteur Nadia KHROUZ sur le thème des migrations. Femme de terrain autant que de réflexion, cette brillante enseignante distinguée par de nombreux prix académiques et scientifiques a montré la position singulière du Maroc s’agissant des migrations. Avec beaucoup d’arguments chiffrés, le Docteur KHROUZ, a objectivé le sujet des migrations et partant invalidé un certain nombre de préjugés et d’instrumentalisations qui s’attachent à ce sujet délicat. Son analyse sur le sens de formules usitées pour parler de certains phénomènes migratoires a marqué les esprits. Ainsi, elle a montré que selon que l’arrivant est un riche retraité européen ou un ressortissant dans le plus grand dénuement issu d’un pays de l’Afrique subsaharienne les formules diffèrent ; le premier est un expatrié alors que le second est un migrant ! Or tous les deux arrivent au Maroc pour s’y installer temporairement ou définitivement…
Après un rapide déjeuner partagé avec les étudiants du Professeur Michel BOYER, l’enseignement a repris avec une seconde conférence, toute aussi brillante que la première, du Dr Amina BOUBIA. Cette enseignante chercheuse a développé l’analyse des liens entre la culture et les transformations politiques au Maghreb en prenant l’exemple du Maroc. Sa réflexion autour du concept d’«artiste organique» qu’elle a forgé conduit à proposer une nouvelle typologie pour l’analyse des actions collectives et des mouvements sociaux. Dans la même veine, elle a développé la notion d’« artivisme » dans le monde arabe et, s’appuyant sur de nombreux exemples tirés de la culture musicale mais aussi de la tradition artisanale locale, elle a montré la porosité des sphères culturelles et politiques et comment elles interagissent. Enfin la journée s’est achevée par une troisième conférence délivrée par le Dr Anass MOUSSA sur l’éducation comme vecteur d’émergence. Le Professeur MOUSSA a dépeint l’évolution et l’adaptation des différentes réformes et projets éducatifs qu’a connues le Maroc au cours des cinquante dernières années et comment le pays, stimulé par son Souverain, a adopté une approche délibérément ambitieuse en matière d’éducation.
La deuxième journée s’est révélée être tout aussi riche et stimulante que la première pour les auditrices et les auditeurs de la 4ème SMHES/ Cycle « jeunes des deux rives ». Il faut dire que le Dr EL ASRI Doyen du collège des sciences sociales de l’UIR et le Professeur Michel BOYER ont eu la riche idée de mélanger tout au long de cette seconde journée, les auditrices et les auditeurs de la session avec leurs étudiants de Master 1 et 2. Cette heureuse initiative a permis des échanges fertiles entre jeunes du même âge mais venant d’horizons différents et parfois lointains ; les conférences et les intervalles de cette seconde journée en ont été encore plus riches et denses. La première conférence de cette deuxième journée, faite par le Dr Najib MOKTHARI, a porté sur les printemps arabes et sur leurs conséquences. En quoi ces soulèvements étaient l’expression de frustrations sociales et politiques ? Comment elles se sont exprimées et répandues ? A quoi ont-elles abouti ? En quoi sont-elles des occasions manquées ou des expériences transformatives inachevées ? Toutes ces questions ont été abordées pendant cette conférence très chargée en émotion et illustrée de documents filmés particulièrement parlants et émouvants. Dans la même veine le conférencier suivant, le Pr Salmane Tariq El ALLAMI a développé la thématique sensible des médias et de la désinformation et les auditrices et les auditeurs ont ainsi pu faire le lien avec la conférence précédente mais aussi avec celle du Dr Amina BOUBIA qui abordait les articulations entre transformations culturelles et évolutions sociétales et politiques.
Au terme de cette matinée dense, un copieux buffet offert par l’UIR a réuni la session, les étudiants et les professeurs du collège des sciences sociales permettant à toutes et à tous de poursuivre les échanges et les débats dans une ambiance chaleureuse et détendue avant de reprendre le fil des conférences. La première de l’après-midi a été celle du Professeur Nabil ADEL qui, venu spécialement de Casablanca, a développé les dynamiques et les aspects géoéconomiques de l’émergence du Maroc. Au passage le Professeur ADEL a donné un véritable cours d’économie générale particulièrement brillant sous l’angle des grands déterminants de l’économie moderne. Pour tout décideur du XXIème siècle, la maîtrise de ces notions est indispensable et c’est une grande chance pour les auditrices et les auditeurs de la session d’avoir pu entendre le Pr ADEL. Ensuite, sous la houlette attentive et bienveillante du Professeur Michel BOYER, deux de ses étudiants, Benjamin RAYMOND et Narjiss BEKKALI se sont succédés au pupitre pour présenter en détail et avec beaucoup de talent le rôle du Maroc dans la sécurité régionale en Méditerranée achevant ainsi une journée particulièrement dense mais enrichissante à tous points de vue.
Après ces deux journées intenses, le Mercredi 1er Mai n’a pas dérogé à la tradition et a été consacré à des activités culturelles. Sous la direction du Professeur BOYER appuyé par Benjamin RAYMOND, les auditeurs ont consacré cette troisième journée à la découverte de quelques-unes des attractions culturelles de la splendide capitale qu’est Rabat. Deux musées ont ouvert le bal durant la matinée, celui dédié à l’art moderne dans un premier temps puis le musée archéologique dans un second temps. Dans le premier, les auditrices et les auditeurs ont pu apprécier la vivacité et l’originalité de l’art contemporain au Maroc ; qu’il soit indigène ou importé. Dans le second musée, ils ont découvert les multiples cultures qui se sont succédées et mêlées sur cette terre baignée par une mer et un océan et où l’Europe et l’Afrique sont à portée de vue l’une de l’autre. Après un copieux déjeuner dans un restaurant emblématique de le culture culinaire marocaine, la déambulation a emmené le groupe dans le dédale des ruelles de la médina. Ses multiples échoppes colorées où le parfum des épices, des fleurs et des fruits se marie aux milles reflets des bijoux et des étoffes traditionnelles invitent à se perdre de longues heures dans ce labyrinthe particulièrement bien entretenu malgré son apparent désordre. Pour finir, la visite a conduit les auditrices et les auditeurs dans la Kasbah des Oudayas. Cet ensemble fortifié, très touristique, est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2010. Cet ancien camp militaire bâti au XIIème siècle et stratégiquement placé à l’embouchure de la rivière Bouregreg était jadis le repaire des pirates et des corsaires de Salé ; on y trouve également quelques superbes palais.
Après cet intermède culturel particulièrement apprécié de toutes et tous, la dernière journée de ce séminaire à Rabat a été consacrée aux travaux de groupe et à la restitution solennelle des travaux qu’a ensuite conclut une brève cérémonie au cours de laquelle les attestations de participation ont été formellement remises aux auditrices et aux auditeurs de la 4ème SMHES/ cycle « Jeunes des deux rives » Durant la matinée et le début d’après-midi les auditeurs et les auditrices ont été répartis en 3 comités et chacun d’eux a développé l’une des thématiques abordées pendant les deux premières journées pour présenter, lors de la restitution solennelle, une série de recommandations argumentées. Les trois thématiques choisies par les comités étaient les suivantes :
- Les Migrations
- Les images de marque nationales
- Les conséquences géopolitiques des printemps arabes
La restitution solennelle des travaux, pour laquelle les auditeurs et auditrices élèves-officiers avaient revêtu leur uniforme s’est faite dans l’un des grands amphithéâtres de l’UIR face à un jury composé des personnalités suivantes :
- Mr LE Dr Farid El ARSI Doyen du Collège des Sciences Sociales de l’UIR
- Mr Le Professeur Michel BOYER
- Madame la Professeure Amina BOUBIA
- Mr Le général de corps d’armée Laurent KOLODZIEJ, directeur des SMHES
- Madame Agathe DELORME, référente pédagogique des SMHES
Chacune des restitutions a été suivie d’une séquence de questions réponses, de critiques et de commentaires visant à souligner tel ou tel aspect ou angle qui méritait d’être développé ou retravaillé. Face à ce jury un peu impressionnant les auditrices et les auditeurs étaient tous dans leurs petits souliers ! Néanmoins, leurs trois restitutions ont montré un fort investissement et un travail profond et sérieux de la part de tous. Au terme de seulement trois journées de travail, il était par ailleurs illusoire d’espérer un résultat totalement abouti.
Au demeurant, la profondeur du travail académique, sans être à négliger, n’était qu’un des multiples aspects de ce séminaire. Il visait avant tout à rapprocher de jeunes étudiants civils et militaires venant des pays du Dialogue 5+5 créant ainsi entre eux une dynamique tout comme une compréhension et un respect mutuels. A ce titre, il a été frappant de constater que ces jeunes qui ne se connaissaient pas le 28 avril soir à leur arrivée à Rabat ont, en 4 journées, tissé entre eux des liens chaleureux, forts et confiants qui dépassent les couleurs d’uniformes et les nationalités. Ces auditrices et ces auditeurs parlent tous le langage de la jeunesse, celui de l’enthousiasme, de l’émerveillement, du partage et de l’amitié et c’est sans doute la plus belle des réussites de cette initiative portée par la FMES depuis 4 ans. En poursuivant l’organisation de ces SMHES/cycle « Jeunes des deux rives », la FMES participe au développement et au maintien de liens entre les deux rives de la Méditerranée. Le faire en visant des jeunes civils et militaires qui, pour certaines et certains d’entre eux seront demain de futurs décideurs, est particulièrement opportun et pertinent. L’UIR de Rabat l’a également très bien compris et mérite des remerciements chaleureux et appuyés pour avoir si bien organisé et conduit ce séminaire dans ses murs. Que Mr le Doyen Farid El ASRI, le Professeur Michel BOYER et tous les enseignants et les équipiers qui ont participé à ce séminaire soient remerciés. C’est désormais une relation d’amitié et de confiance qui lie la FMES et l’UIR et, à ce titre, il faut également mentionner que les deux institutions ont signé, à l’occasion de la présence à Rabat de la 4ème SMHES/cycle « Jeunes des deux rives », une convention de coopération générale.
Cette dernière permettra des relations régulières et approfondies tant dans les échanges de personnels, dans le domaine des publications conjointes et croisées que dans celui de la recherche et des travaux académiques.
Au final, parce qu’ils ont collectivement vécu une aventure passionnante, tant intellectuellement qu’humainement, c’est avec une certaine tristesse que les auditrices et les auditeurs de la 4ème SMHES/cycle « Jeunes des deux rives » se sont séparés le vendredi 3 Mai ; chacune et chacun retournant vers son pays et ses études. Ils se retrouveront cependant à Lisbonne du 17 au 21 Juin pour y suivre le second séminaire de la session et capitaliser sur tout ce qu’ils ont appris, vécu et partagé durant ces quatre journées exaltantes passées à Rabat. Il ne fait aucun doute que l’Institut Supérieur des Sciences Sociales et Politiques de Lisbonne qui accueillera pour la seconde fois une SMHES cycle « Jeunes des deux rives » se montrera encore une fois à la hauteur des enjeux et saura prolonger la magie qui a été créée à Rabat.