L’Ukraine dans la campagne présidentielle américaine

Oksana Mitrofanova, chercheuse senior à l’Institut d’Histoire mondiale de l’Académie nationale des sciences d’Ukraine, ATER à l’Université Lyon 3, enseignante-chercheuse associée au CREE, INALCO.

Le résultat de l’élection présidentielle aux États-Unis sera l’un des facteurs déterminants pour la suite de la guerre à outrance menée par la Russie contre l’Ukraine. Cet article tente de prévoir des scenarios pour l’Ukraine qui dépendent du futur président des Etats-Unis et de la réaction ukrainienne à la politique américaine à venir. L’article analyse les convergences et divergences des positions de Kamala Harris et de Donald Trump sur l’aide américaine à l’Ukraine et la fin éventuelle de la guerre. Le risque essentiel est que cette guerre s’éternise au cœur du continent européen car il semble que si le pouvoir américain ne veut pas de défaite de l’Ukraine, il n’est pas prêt à assumer sa participation à une défaite de la Russie. La partie ukrainienne considère que des négociations entérinant la perte de territoires ukrainiens ne seraient qu’une pause profitable pour la Russie avant la guerre suivante.

Même si le président Joe Biden restera au pouvoir jusqu’à l’investiture de son successeur le 20 janvier 2025, des conclusions préliminaires peuvent être tirées aujourd’hui sur l’aide apportée par son administration à l’Ukraine au cours des cinq semestres du conflit russo-ukrainien déjà écoulés.

L’action réelle de Biden en faveur de l’Ukraine

Dès les premières heures de l’attaque russe du 24 février 2022, Joe Biden a en effet fermement pris la défense de l’Ukraine. Pendant les deux ans et demi de la guerre, son administration a fourni à l’Ukraine 2000 missiles Stinger[1] et 10 000 missiles Javelin[2], plus de 40 lance-roquettes multiples HIMARS[3], des ATACMS, 12 batteries de missiles sol-air NASAMS[4],  31  chars M1 Abrams et 300 blindés M2 Bradley[5]et autres types d’armes. L’aide américaine aurait ainsi totalisé 175 milliards de dollars depuis le début du conflit. 

Dans le même temps, le président Biden n’a pas satisfait toutes les demandes des dirigeants ukrainiens, ce qui a eu des conséquences négatives sur la situation opérationnelle sur le terrain. Dans de nombreux médias, les dirigeants ukrainiens ont regretté que les États-Unis n’aient livré des armes et des munitions qu’en quantités trop limitées et à des rythmes trop lents. Le Pentagone possède plus de 6 600 chars de combat M1 Abrams en stock, mais en deux ans et demi, les États-Unis n’en ont livré que 31 à l’Ukraine. Malgré leur flotte de 1200 chasseurs F-16, les Etats-Unis n’en ont livré aucun à l’Ukraine. De plus, l’administration Biden n’autorise toujours pas les forces armées ukrainiennes à frapper avec des missiles américains et des F-16 des installations militaires ennemies situées dans la profondeur du territoire russe.

Lors des sommets de l’OTAN de Vilnius en juillet 2023 et de Washington en juillet 2024, Joe Biden s’est aussi montré très réservé sur les perspectives d’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance atlantique, la repoussant à la fin du conflit russo-ukrainien.[6]

La stratégie disruptive de Trump

En analysant les déclarations de Donald Trump concernant l’Ukraine, on est frappé par l’absence d’une vision conceptuelle claire de la stratégie de ce candidat pour régler cette guerre à grande échelle. Tout d’abord, il convient de rappeler que si le 22 février 2022 Trump a qualifié la reconnaissance par la Russie de deux territoires séparatistes dans l’est de l’Ukraine de mesure « géniale », dès le 24 février 2022 il décrivit l’invasion à grande échelle russe comme « un événement très triste pour le monde et le pays ». Seule la volonté de Trump d’obliger les Européens à accroître le financement de l’Ukraine est sans ambiguïté. Le 18 avril 2024, il a demandé « pourquoi les Européens ne donnaient pas plus d’argent à l’Ukraine ? » Selon lui, les États-Unis ont alloué 100 milliards de dollars de plus à l’Ukraine que les Européens et ce « alors que la survie de l’Ukraine est bien plus importante pour l’Europe que pour les États-Unis ». D’ailleurs, Trump n’hésita pas à évoquer un éventuel arrêt de l’aide américaine à l’Ukraine. Dès le 10 mai 2023, lors d’une réunion avec les électeurs du New Hampshire, il déclara ainsi qu’il ne serait pas obligé de fournir une aide à l’Ukraine s’il remportait les élections.[7]

Cette approche reflète des perspectives isolationnistes américaines. L’ancien vice-président Mike Pence, dans une interview accordée à CNN le 8 octobre 2023, a noté que l’élection de D. Trump pour un second mandat pourrait conduire à un isolationnisme accru et à la perte de leadership des États-Unis sur le monde démocratique.

Déjà le 16 juillet 2023, dans une interview accordée à Fox News, Trump avait annoncé son intention d’assurer la paix en Ukraine dans les 24 heures s’il redevenait président.[8] Lors du débat du 11 septembre 2024, Trump a noté qu’« il est dans l’intérêt des États-Unis de mettre fin à cette guerre, juste d’y mettre fin, de s’entendre sur un accord, car nous devons arrêter la destruction de toutes ces vies humaines. » Le candidat de Trump à la vice-présidence, le sénateur James Vance, juge absurde l’absence de négociations avec Vladimir Poutine et souligne l’absence d’un plan viable du gouvernement Biden pour promouvoir la victoire des Ukrainiens. Il estime nécessaire de négocier la paix dans les plus brefs délais. Cette position du tandem Trump-Vance inquiète les Ukrainiens, car un hypothétique accord de paix pourrait signifier, entre autres, la perte de certains territoires pour l’Ukraine, assimilable à une défaite ukrainienne majeure.  Dès le 8 mars 2023, dans une interview radiophonique avec l’animateur de Fox News, D. Trump a déclaré qu’il pourrait accepter de donner à Poutine « certains territoires ukrainiens russophones ».

Trump utilise en fait le thème de la guerre en Ukraine comme un argument de campagne interne. Entre octobre 2023 et avril 2024, le candidat républicain, utilisant son influence sur la faction républicaine de la Chambre des représentants, tenta de bloquer toute initiative de l’administration Biden afin de montrer que celle-ci était incapable d’agir.  Les plus ardents Trumpistes, dits MAGA-Républicains[9], ont pour mission de bloquer tous les projets de loi visant à fournir une aide à l’Ukraine. Cette position jusqu’au-boutiste de l’aile trumpiste du parti républicain fut contrée par l’aile plus modérée du même parti. On peut ainsi noter que le 15 février 2024, sur son site, l’ancien vice-président Mike Pence a appelé les républicains à voter en faveur de l’aide à l’Ukraine et ce « afin que les Russes ne gagnent pas sur le champ de bataille », s’opposant ainsi à la position de Trump.  Une fois Biden remplacé par Kamala Harris, Trump essaya de la diaboliser en soulignant que « si Harris remporte les élections, la Troisième Guerre mondiale commencera ».

La légèreté des prises de parole de D. Trump rend cependant difficile l’analyse. Lors d’un débat sur l’Ukraine organisé le 17 février 2024 à Munich par la Fondation V. Pinchuk, l’ancien secrétaire d’État américain Mike Pompeo a déclaré que « Trump devrait être jugé sur ses actions réelles, et non sur ses déclarations très médiatisées qui ne seront pas nécessairement appliquées. »

Kamala Harris, soutien constant de l’Ukraine

À l’instar de Joe Biden, la vice-présidente Kamala Harris préconise de fournir une aide militaire et financière à l’Ukraine pour la défendre contre l’agression russe. Au cours de la guerre russo-ukrainienne,  Harris a fait de nombreuses déclarations officielles en faveur de l’Ukraine et a rencontré à de nombreuses reprises les autorités ukrainiennes.  Entre 2022 et 2024, Harris a rencontré le président Zelensky à 6 reprises. Dès le 17 février 2022, elle a averti Zelenski que l’attaque russe était inévitable. Lors de la conférence de Munich de 2024, elle a déclaré qu’il était dans l’intérêt stratégique des États-Unis de continuer à soutenir Kyiv afin de parvenir à une paix durable et juste pour une Ukraine « libre, démocratique et indépendante ».  Lors de leur dernière rencontre le 15 juin 2024 dans le cadre du sommet de la paix en Suisse, la vice-présidente américaine a souligné que la guerre menée par la Russie en Ukraine était « un échec total  [10]

Au cours du débat avec Trump le 11 septembre 2024, Harris a rappelé que les États-Unis ont uni 50 pays pour soutenir l’Ukraine dans sa juste défense et que grâce à ce soutien, la défense aérienne, les munitions, l’artillerie, les missiles Javelins et les chars Abrams que les États-Unis ont fournis, l’Ukraine est toujours debout en tant que pays indépendant et libre. La candidate démocrate a annoncé « qu’il s’agit de la position de l’Amérique, en tant que pays leader qui adhère aux règles et normes internationales, en tant que leader qui fait preuve de force, sachant que les alliances que nous avons dans le monde dépendent de notre capacité à prendre soin de nos amis et à ne pas favoriser nos ennemis. » Pour les Ukrainiens, la position de Harris semble évidemment bien plus encourageante que la volonté de Trump de mettre fin à la guerre à tout prix.

Le candidat à la vice-présidence de Kamala Harris, Tim Walz, est perçu en Ukraine comme un partisan constant d’une aide significative à. Le gouverneur du Minnesota a appelé la Russie à rendre des comptes pour cette agression. À l’occasion du deuxième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2024, il a de nouveau souligné l’importance d’aider les Ukrainiens qui « se battent pour la liberté et la démocratie ».

Cependant, si les déclarations des dirigeants démocrates sont très favorables à la cause ukrainienne, leurs intentions réelles semblent plus prudentes car l’aile gauche du parti démocrate reste pacifiste et isolationniste. La frappe dans la profondeur du territoire russe à l’aide de missiles américains de longue portée reste ainsi une ligne rouge pour les démocrates.[11]

Election américaine : quels scénarios pour l’Ukraine ?

Le résultat de l’élection présidentielle aux États-Unis sera l’un des facteurs déterminants pour la suite de la guerre à outrance menée par la Russie contre l’Ukraine. Depuis le début des hostilités, les États-Unis sont le principal fournisseur d’aide militaire à l’Ukraine. Un retard important dans la fourniture de matériel américain à l’armée ukrainienne contribuerait à l’avancée des troupes russes, au moins dans l’est du pays. Un arrêt complet de l’aide américaine aurait bien sûr des conséquences catastrophiques pour l’Ukraine, compte tenu de la forte dépendance de celle-ci vis-à-vis de ses alliés occidentaux et en particulier américains.

Dans le cas de l’élection de Kamala Harris à la présidence des États-Unis, le scénario le plus probable semble être qu’elle amplifie le soutien à l’Ukraine, comme en témoignent ses déclarations lors du débat avec D. Trump le 10 septembre dernier. Selon les derniers sondages aux États-Unis, il est fort probable que la position pro-ukrainienne de K. Harris bénéficierait d’un soutien bipartisan au Congrès américain. Selon les résultats de la dernière enquête du centre de recherche américain Pew Research Center, publiée le 16 février 2024, 74 % des Américains considèrent la guerre de la Russie contre l’Ukraine comme importante pour les intérêts nationaux des États-Unis, et 43 % des personnes interrogées la jugent extrêmement importante. Dans le même temps, les démocrates sont plus susceptibles que les républicains de considérer la guerre russo-ukrainienne comme importante pour les intérêts nationaux des États-Unis (81 % contre 69 %)[12].

Cependant, l’autorisation de frappe en profondeur du territoire russe risque de continuer à être écartée en raison de la crainte des États-Unis d’une escalade du conflit avec la Russie qui reste une puissance nucléaire, ce qui peut expliquer la position prudente des États-Unis concernant la fourniture très limitée de moyens offensifs (chars d’assaut, missiles de croisière, artillerie à très longue portée et avions de combat). Il semble que l’administration démocrate ne veut ni de défaite de l’Ukraine, ni de défaite totale de la Russie, ce qui risque de se traduire par une guerre qui s’éternise au cœur du continent européen.

Dans le cas de l’élection de Donald Trump, les conséquences sont plus difficiles à prévoir.  Les interrogations sur le rapport de forces entre l’aile trumpiste et l’aile modérée du camp républicain, ainsi que sur le dilemme entre isolationnistes et interventionnistes. Les derniers discours de Trump sur la nécessité pour l’Ukraine de conclure un deal avec la Russie semblent indiquer une volonté du candidat républicain de réduire l’implication américaine dans le conflit s’il était élu.[13]

D’ailleurs, à la suite de la rencontre avec Zelensky le 27 septembre 2024, Trump, de manière inattendue a déclaré sa sympathie et son soutien à l’Ukraine, a insisté sur la nécessité de parvenir à une « paix juste » et a même exprimé le désir de se rendre en Ukraine.[14] Ce changement soudain dans la rhétorique trumpienne  pourrait s’expliquer par le fait que certains de ses conseillers avaient fini par le convaincre que ses discours pro-russes et ses assurances constantes de relations amicales avec Poutine pouvaient entamer sa popularité auprès de la majorité des électeurs américains, en plus de faire perdre le leadership des États-Unis dans le monde.

Il apparaît toutefois probable que la guerre russo-ukrainienne serait perçue comme l’affaire essentiellement des Européens afin de les forcer à payer bien plus pour aider l’Ukraine tout en permettant aux Etats-Unis de se désengager de ce front. Il faut prendre en compte la volonté de Trump d’intensifier la contribution des Européens, à garantir leur propre sécurité. Les Européens seront-ils prêts à payer pour l’Ukraine si le besoin s’en faisait sentir ? En réalité, l’industrie européenne de la défense ne se développe pas aussi vite que les Européens eux-mêmes le souhaiteraient, du moins au cas où seuls les Européens devraient aider l’Ukraine sans participation des États-Unis.

En septembre 2024, pour la première fois lors de discussions entre Zelensky, Biden et Harris, puis avec Trump, un plan pour la victoire de l’Ukraine a été avancé, ce qui est une première en bipartisan. Ce plan implique non pas la prise de Moscou par les forces ukrainiennes, qui n’a jamais été envisagée, mais l’épuisement de la capacité de la Fédération de Russie à poursuivre la guerre, Poutine se retrouvant contraint de mettre fin à la guerre et de retirer ses troupes des territoires ukrainiens occupés. Dans ce cas, la question du retour aux frontières de 1991 ou à la situation de 2014 (invasion de la Crimée) reste ouverte.

Cependant, la présidente de la Commission de la Verkhovna Rada pour l’intégration de l’Ukraine à l’Union européenne, Ivanna Klympuch-Tsintsadze, souligne que les attentes exagérées du plan de victoire de Zelensky ont été relayées dans la société ukrainienne, ce qui pourrait provoquer une certaine déception confronté à la réalité[15]

Il est probable que les USA et leurs alliés continueront à envoyer des armes à l’Ukrain. En effet, si la Russie parvenait à occuper l’Ukraine, forte de ce succès, elle pourrait être tentée par d’autres aventures militaires sur le continent européen tels qu’une attaque des pays baltes, ce qui risquerait de déclencher un conflit direct entre l’OTAN et la Russie. Pour éviter ce scénario d’escalade, le maintien d’une assistance militaire régulière et suffisante à Kyiv par Washington et ses alliés permet d’assurer à la fois la survie de l’Ukraine et la sécurité du reste du continent européen. Le scénario optimal pour les Ukrainiens est celui de la préservation de la souveraineté et de l’indépendance de l’Ukraine grâce à l’aide occidentale, ce qui affaiblirait la posture agressive de la Russie, et enverrait un signal très fort à la Chine sur une éventuelle agression contre Taiwan.Selon certains experts ukrainiens, , l’Occident – sous la direction américaine – n’a pas de stratégie précise envers la Russie. Pour Hryhoriy Perepelitsya (capitaine de vaisseau à la retraite), l’OTAN a adopté une stratégie de l’autruche au lieu d’une stratégie de dissuasion et recherche le statu quo plutôt que l’arrêt de la guerre russo-ukrainienne. Selon lui, la fin de la guerre ne sera pas décidée par l’Ukraine ou la Russie, mais par les acteurs mondiaux :  États-Unis d’Amérique, Occident et Sud global. Un nouvel ordre mondial établi par les vainqueurs émergerait des résultats de cette « guerre mondiale »[16].

Valery Tchalyy, ancien ambassadeur d’Ukraine aux États-Unis (2015-2019) estime pour sa part que l’Ukraine essaiera d’éviter une trêve vue comme préparatoire à une nouvelle attaque massive russe contre l’Ukraine. Selon lui, les négociations ne se termineront pas en 2024, mais en 2025 lorsqu’il y aura une « conversation sérieuse », non pas parce qu’il y aura une possibilité de paix, mais parce que toutes les ressources des belligérants seront très diminuées. L’ancien ambassadeur note que l’Ukraine a besoin d’une stratégie pour la victoire, mais il ne peut pas imaginer quelles ressources seront utilisées pour cela et dans quel état sera alors le pays.[17] En effet, le gouvernement ukrainien est confronté à des problèmes importants : la destruction d’une quantité importante d’infrastructures énergétiques, les problèmes de mobilisation, une catastrophe démographique et la question du maintien de l’aide des Européens et des Américains. La question clé concerne ce que les Ukrainiens sont prêts à négocier. Lorsque la question des négociations sur le statut de la Crimée est soulevée, le ministère des Affaires étrangères de l’Ukraine déclare que l’intégrité territoriale de l’Ukraine « n’a jamais été et ne peut pas être un sujet de discussion ou de compromis » et que « la Crimée est le centre de gravité » de l’architecture de sécurité européenne. Sa réintégration complète ne sera possible qu’après la libération complète de l’ensemble du territoire ukrainien.[18]

Le président V. Zelenskyi souligne quant à lui que l’Ukraine n’acceptera jamais d’accord de paix en échange des territoires occupés et que l’Ukraine « n’abandonnera jamais ses territoires, car cela constitue une violation de la Constitution ». »[19] Oleksandr Lytvynenko, secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense de l’Ukraine, estime de son côté que la Russie n’est pas prête à engager des négociations de paix sérieuses. Il appelle les partenaires occidentaux à fournir à l’Ukraine les armes nécessaires pour vaincre la Russie et met en garde contre la possibilité d’une extension du conflit à d’autres territoires en cas de soutien insuffisant.[20]

En Ukraine, on considère qu’il n’est possible de contraindre Vladimir Poutine à retirer ses troupes d’Ukraine que par des victoires ukrainiennes sur le champ de bataille. Cela dépendra en grande partie de l’aide des partenaires américains et européens de l’Ukraine, et cela commence par la capacité à frapper des cibles militaires ainsi que des infrastructures logistiques situées dans la profondeur du territoire russe pour mettre fin à la guerre. Or c’est justement ce sujet qui fait débat, aux Etats-Unis comme en Europe.

***

En Ukraine, on espère que quel que soit le vainqueur de l’élection du 5 novembre, les États-Unis continueront à fournir une aide à l’Ukraine.  Les autorités ukrainiennes préfèreraient sans doute la victoire de Kamala Harris, mais ellerestent très pragmatiques : elles dissocient la communication politique des candidats à destination de l’électorat américain de la politique qui sera menée. Le souvenir de l’instrumentalisation de la question ukrainienne par les deux camps pour des raisons de politique intérieure qui s’est cristallisé avec la procédure d’impeachment d’origine démocrate contre le président Trump suite à la révélation du contenu d’entretiens Trump-Zelenski reste vif. Cette grande prudence des dirigeants ukrainiens sur les réelles intentions des candidats à la présidentielle américaine, au-delà de leurs déclarations électoralistes, s’explique d’autant plus que ce fut le président Trump qui fournit le premier des missiles Javelins à l’armée ukrainienne. Dans une large mesure, cela dépendra de la solidarité du peuple américain avec l’Ukraine, ainsi que de la coopération harmonieuse du Congrès avec le nouveau président des Etats-Unis. A ce stade, le gouvernement ukrainien ne donne aucun signe indiquant qu’il est prêt à sacrifier des territoires en échange de la paix. Les autorités ukrainiennes ne peuvent pas négocier une paix léonine avec le pouvoir russe. Ce ne pourrait être assimilé qu’à une capitulation ukrainienne après tant de sacrifices endurés par la population ukrainienne. S’il est hautement probable que la guerre continue bien au-delà de janvier 2025, l’inconnue majeure concerne les capacités d’action à venir des autorités ukrainiennes. En cas d’arrêt de l’aide américaine, l’armée ukrainienne serait confrontée à l’alternative entre l’abandon de ses dernières positions dans le Donbass et le risque de dislocation d’unités entières. Si l’Ukraine ne recevait plus aucune assistance militaire des pays occidentaux, le risque d’une occupation russe de son territoire serait grand et la Russie pourrait attaquer d’autres pays tels que la Moldavie ou les Etats baltes. En revanche, en cas de maintien de l’aide actuelle, l’armée ukrainienne semble pouvoir tenir ses positions dans le Donbass, ce qui aboutirait à la continuation d’une guerre d’attrition pour les deux camps russe et ukrainien. 


[1] https://www.holosameryky.com/a/dopomoga-ssha-groshi-vijna-/7739276.html

[2] https://www.unian.ua/weapons/dopomoga-ukrajini-vid-ssha-yaku-zbroyu-peredavav-vashington-vid-pochatku-viyni-12667614.html

[3] https://www.unian.ua/weapons/dopomoga-ukrajini-vid-ssha-yaku-zbroyu-peredavav-vashington-vid-pochatku-viyni-12667614.html

[4] https://www.unian.ua/weapons/dopomoga-ukrajini-vid-ssha-yaku-zbroyu-peredavav-vashington-vid-pochatku-viyni-12667614.html

[5] https://www.unian.ua/weapons/dopomoga-ukrajini-vid-ssha-yaku-zbroyu-peredavav-vashington-vid-pochatku-viyni-12667614.html

[6] https://apnews.com/article/ukraine-nato-membership-summit-4156df4062e69e0da38e7c18bf657285

[7] https://edition.cnn.com/2023/05/10/politics/ukraine-russia-putin-trump-town-hall/index.html

[8] https://www.foxnews.com/politics/trump-describes-how-he-could-solve-russia-ukraine-conflict-24-hours?msockid=187aae9b9d136ce90b46bace9c026d42

[9] abrégé du slogan de Trump – Make America Great Again – « Rendons à l’Amérique sa grandeur »

[10] https://www.holosameryky.com/a/7657899.html

[11] https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/la-maison-blanche-octroie-une-aide-timoree-a-lukraine-2121601

[12] https://www.pewresearch.org/short-reads/2024/02/16/how-americans-view-the-conflicts-between-russia-and-ukraine-israel-and-hamas-and-china-and-taiwan/

[13] https://www.politico.eu/article/donald-trump-signal-us-stop-ukraine-election-russia-volodymyr-zelenskyy-vladimir-putin/

[14] https://www.bbc.com/news/articles/c7810y11dyjo

[15] https://interfax.com.ua/news/political/1016921.html

[16] https://www.ukrinform.ua/rubric-world/3908680-grigorij-perepelica-direktor-institutu-zovnisnopoliticnih-doslidzen.html

[17] https://war.obozrevatel.com/ukr/ukraintsi-ne-hochut-pauzi-pri-yakij-cherez-pivtora-roki-bude-znovu-vijna-eksposol-ukraini-v-ssha-chalij.htm

[18] https://www.eurointegration.com.ua/news/2024/09/19/7194547/

[19] https://espreso.tv/viyna-z-rosiyeyu-tse-e-porushennyam-konstitutsii-zelenskiy-vidpoviv-chi-ukraina-gotova-postupitis-teritoriyami-zaradi-miru

[20] https://112.ua/v-rnbo-vislovilisa-pro-mirni-peregovori-z-putinim-39608

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EDITO DECEMBRE 2024

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