Un tanker iranien a été touché par deux missiles le vendredi 11 octobre en mer Rouge, à proximité immédiate du port de Djeddah en Arabie-Saoudite. L’événement, qui a notamment occasionné une importante fuite de pétrole, a été signalé par l’armateur du navire, la National Iranian Tanker Company (NITC). Le ministère des affaires étrangères iranien a indiqué que l’attaque a été lancée « depuis un endroit près du corridor, dans l’est de la mer Rouge ». Le tanker s’apprêtait probablement à emprunter le canal de Suez afin de gagner la Méditerranée pour acheminer le pétrole en Syrie.
L’Iran, sous le coup de sanctions internationales, a vu ses exportations de pétrole s’effondrer. A ce jour, le pays ne vend plus que 200 à 400 000 barils par jour contre 2,5 millions avant le rétablissement des sanctions américaines en novembre 2018. La Syrie, tout comme la Turquie et la Chine, fait partie des rares pays à acheter le pétrole iranien, en très petites quantités.
Cet incident, qui intervient quelques semaines après les attaques de drones (le 14 septembre) contre les sites de la compagnie pétrolière saoudienne Aramco, s’inscrit dans une phase de montée des tensions autour de la péninsule arabique et du transport de produits pétroliers dans le golfe persique et le détroit d’Ormuz. Rappelons que la destruction des installations pétrolières saoudiennes avait été immédiatement imputée à l’Iran par les Etats-Unis, allié de l’Arabie Saoudite. En effet, l’attaque apparaissait très complexe à mettre en œuvre et impliquait des moyens « lourds », discréditant l’implication des rebelles Houthis du Yémen au vu de leurs capacités matérielles.
Vendredi soir, l’Arabie saoudite n’avait pas encore réagi à l’attaque, une enquête était en cours côté iranien sur un acte qualifié d’« irresponsable » par Abbas Moussavi, porte-parole de la diplomatie iranienne. Le lundi 14 octobre, le Président iranien Rohani, lors d’une conférence de presse à Téhéran, déclarait que « sans aucun doute, un gouvernement a été impliqué [dans cette attaque] ».
Toutes les hypothèses peuvent être considérées. Réplique de l’Arabie saoudite à la suite des attaques évoquées supra, manœuvre masquée des Israéliens afin de maintenir la zone sous tension, auto-sabotage par les iraniens dans une stratégie de victimisation, …. Il ne faut exclure aucune possibilité. L’incident ne va certainement pas dans le sens de l’apaisement des tensions dans la région. Déclaration de guerre, représailles, ou agissement d’un acteur de la zone espérant tirer avantage de la situation ? Personne ne peut encore se prononcer.
La situation demeure très préoccupante, les camps iranien et américain restant campés sur leurs positions. La stratégie d’étranglement du second se heurtant à la résistance du premier. Ni Washington ni Téhéran n’ont intérêt à ce qu’une guerre éclate. Cependant, l’imprévisibilité du Président Trump en matière de politique étrangère et de défense est plus que jamais un facteur déstabilisant pour la sous-région. Les Kurdes au Nord de la Syrie peuvent en témoigner ….