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Iran : Le troc européen anti-sanctions

La Haute Représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité Federica MOGHERINI et le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad JAVAD ZARIF en mars 2015 avant les négociations de l’Accord de Vienne.

Lundi 24 septembre au soir, Federica MOGHERINI, cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, a annoncé, en marge de l’Assemblée générale des Nations-Unies à New York, la création d’une entité dans l’optique de pouvoir continuer à commercer avec l’Iran alors que le pays fait face aux sanctions américaines. Etaient présents des représentants de l’Iran, la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, ces Etats étant toujours signataires de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015.

L’arrivée du modéré Hassan ROHANI à la tête de la République islamique aboutit en 2015 à un accord sur le nucléaire iranien avec les Etats-Unis afin de « garantir que le programme sera mené exclusivement à des fins pacifiques », après des années de crispation. Sous le nom de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien ou plan d’action conjoint, ce traité concerne les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations-Unies, auxquels s’ajoute l’Allemagne ainsi que l’UE et l’Iran. Donald TRUMP, hostile à cet accord, décide en mai 2018 le retrait des Etats-Unis, le qualifiant de « désastreux ». Les sanctions états-uniennes à l’égard de l’Iran reprennent et affaiblissent l’économie iranienne. Elles concernent également les entreprises étrangères qui continueraient de commercer avec Téhéran.

Les alliés européens ne veulent pourtant pas rompre avec l’Iran. Ce souhait, exprimé par Federica MOGHERINI, prend forme grâce à une « entité légale pouvant faciliter les transactions financières avec l’Iran », sous le nom de « véhicule spécial » (Special purpose vehicle : SPV). Dans une déclaration lue conjointement avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad JAVAD ZARIF, elle promet de continuer à commercer avec l’Iran, notamment pour l’achat de pétrole, conformément au droit européen. L’idée est de créer un système de troc sophistiqué, afin d’échanger du pétrole iranien contre des produits européens sans transactions financières. En 1996 déjà, l’UE avait déjà contourné les sanctions américaines contre Cuba.

Face à cette annonce de bourse d’échanges, le Secrétaire d’Etat américain, Mike POMPEO s’est dit « dérangé et profondément déçu » devant ce qu’il considère comme « l’une des mesures les plus contre-productives que l’on puisse imaginer pour la paix et la sécurité régionales ».

Donald TRUMP, qui entend exercer une « pression maximale » sur Téhéran, invitant toutes les nations à isoler le régime iranien et cherchant à lui faire accepter un nouvel accord nucléaire, doit présider ce mercredi 26 septembre une séance spéciale au Conseil de sécurité sur la non-prolifération. De son côté, Hassan ROHANI ne souhaite pas rencontrer le Président américain.

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