Huitième Séminaire de la 35ème session méditerranéenne des hautes études stratégiques/ Cadres-Dirigeants : L’armée de terre « de combat »

« Le soldat n’est pas un homme de violence ; il porte les armes et risque sa vie pour des fautes qui ne sont pas les siennes. Son mérite est d’aller sans faillir au bout de sa parole tout en sachant qu’il est voué à l’oubli », Antoine de Saint Exupéry

  Après avoir rencontré des unités de l’Armée de l’Air et de l’Espace à Istres et à Toulouse puis celles de la Marine nationale à Toulon, pour son avant-dernier séminaire la 35ème session méditerranéenne des hautes études stratégiques/Cadres-dirigeants avait rendez-vous avec l’Armée de terre. Profitant du fait que la région PACA reste en effet l’une de celles où les armées restent très présentes, c’est donc en voisins que les auditeurs de la 35ème SMHES/Cadres ont successivement rendu visite aux Ecoles Militaires de Draguignan, à l’Ecole de l’ALAT au Cannet-des-Maures, et enfin au 1er Régiment Etranger de Cavalerie sur le camp de Carpiagne, près de Cassis et de Carnoux en Provence.  Ce séquencement en trois temps a permis à la session de partir du général : la vision stratégique du CEMAT et sa mise en œuvre dans l’infanterie, l’artillerie et l’aviation légère de l’Armée de Terre, pour aller ensuite au particulier : le régiment. Le régiment est en effet la pierre angulaire de l’Armée de terre ; le creuset où se forge l’identité profonde de tout soldat au point qu’il en reste généralement marqué tout au long de sa carrière voire au-delà, de sa vie.

Le 15 mai matin, c’est aux Ecoles Militaires de Draguignan (EMD) que les auditrices et les auditeurs de la 35ème SMHES/Cadres-dirigeants ont eu leur premier contact avec l’Armée de terre. Créées le 1er août 2010, les EMD regroupent les écoles de formation et de perfectionnement de deux des plus vieilles armes que sont l’infanterie et l’artillerie. Outre une mutualisation des moyens et des soutiens, le but de ce regroupement est de favoriser les entraînements interarmes tout en profitant de la proximité du plus grand complexe de tir d’Europe occidentale, situé sur le camp militaire de Canjuers. A 30 kilomètres de Draguignan, ce vaste camp de 35.000 hectares permet aux cadres en formation de tirer et de manœuvrer avec toutes les armes en dotation dans l’infanterie et dans l’artillerie. Par ailleurs, les EMD disposent sur leur site de Draguignan, d’installations d’instruction et d’entraînement particulièrement complètes : champs de tir, installations sportives, outils de simulation mais elles ont aussi leur propre terrain d’exercice, le camp Bergerol.  Enfin, la proximité des unités de la Marine nationale à Toulon et de l’école de l’aviation légère de l’Armée de Terre, basée au Cannet-des-Maures, est aussi un atout précieux qui facilite la coopération interarmes et interarmées.

La mission des EMD est double : à travers l’école de l’infanterie et l’école de l’artillerie, elles doivent assurer la formation des chefs de groupe et des chefs de pièces (10 hommes), des chefs de section (40 hommes) et des commandants d’unité (150 hommes). Les EMD doivent également conduire les études de prospective de la doctrine et des équipements dans les domaines de l’emploi et de l’organisation de l’infanterie et de l’artillerie. Enfin, tous les régiments et les brigades interarmes de l’armée de Terre viennent régulièrement aux EMD entraîner leurs postes de commandement en utilisant les moyens de simulation qui s’y trouvent.

C’est donc dans ce creuset des jeunes cadres de l’infanterie et de l’artillerie françaises que les auditrices et les auditeurs ont été reçus. Le général commandant les EMD a ouvert le feu en présentant à la session la vision stratégique Chef d’État-Major de l’Armée de Terre (CEMAT) et comment elle s’inscrit dans les profonds bouleversements géopolitiques et géostratégiques auxquels toutes les armées modernes sont confrontées. Le défi pour l’Armée de terre, comme pour les autres armées et pour les directions et services interarmées, est de rester capable d’agir sur tout le spectre de la conflictualité, au loin mais aussi au plus proche des frontières de l’Hexagone voire sur le territoire national s’il le faut. Elle doit aussi rester capable de le faire en prenant sa juste place au sein de l’OTAN et sur le flanc Est de l’Europe. La nouvelle ère stratégique qui s’est ouverte en février 2022 requiert en effet une adaptation profonde de l’Armée de terre. Dans la compétition entre blocs stratégiques qui est enclenchée et qui dominera les prochaines décennies, la France, Etat doté, entend en effet jouer un rôle de puissance d’équilibres et d’entraînement.  Au service de ce positionnement, l’Armée de terre se transforme pour passer d’une logique principalement de gestion de crise à celle du renforcement de la souveraineté et de la consolidation de l’autonomie stratégique. Elle s’appuie pour cela sur des partenariats élargis et une capacité renouvelée à rallier dans l’action des alliés variés. Cette transformation vise à accroître la réactivité et adapter les capacités pour agir selon les quatre priorités fixées par le chef d’état-major des Armées :

  • Affirmer notre souveraineté ;
  • Entraîner nos alliés dans le cadre d’une opération d’envergure ;
  • Surveiller et agir dans les espaces communs – y compris par l’influence – pour préserver notre autonomie d’appréciation et notre liberté d’action ;
  • Rénover nos partenariats internationaux.

Dans un contexte d’incertitude stratégique ainsi que d’élargissement et d’hybridation de la conflictualité, l’Armée de terre, couverte par la dissuasion doit donc maîtriser des capacités multi-milieux et multi-champs (M2MC) crédibles et interopérables et se positionner en nation cadre dès la phase de compétition pour décourager tout adversaire potentiel par sa posture adaptée et ses signalements démonstratifs. Elle doit être en mesure d’assumer la responsabilité du commandement d’une opération interarmées ou d’une composante terrestre jusqu’au niveau corps d’armée. Dès lors, en étroite coordination avec les autres armées, notamment pour l’épaulement de la dissuasion et pour les impératifs de projection de force, l’Armée de terre est attendue pour agir en permanence et produire des effets simultanément dans trois espaces stratégiques, en y tenant un rôle fédérateur.

• La protection, la résilience, la souveraineté et l’esprit de défense sur le territoire national, en métropole comme dans les outre-mers, qui sont gages de puissance mais menacés par la prédation, les pressions géostratégiques régionales et les conséquences induites du changement climatique.  Souveraineté et esprit de défense doivent être sanctuarisés par le déploiement de capacités de contre-influence, de renseignement, de veille et de découragement permanentes, ainsi que par des renforcements rapides et des capacités d’intervention nationales, autonomes le cas échéant, notamment aéroportées et amphibies.

• La prévention et l’influence en Afrique, au Moyen-Orient, dans l’océan Indien et jusque dans le Pacifique par un dispositif renforcé et flexible de partenariats élargis, s’appuyant notamment sur des centres de formation permanents ou semi-permanents et des déploiements de forces pour des exercices. Des capacités d’intervention sur court préavis et dans tous les milieux doivent garantir la liberté de circulation et la stabilité face à l’influence grandissante de compétiteurs ; elles mettent les armées en mesure de contraindre ou de décourager un compétiteur ou un adversaire. L’Armée de terre doit être capable de le faire seule, avec des partenaires, ou au sein de l’OTAN.

 • La solidarité stratégique, en Europe où la France apporte une contribution de puissance moyenne mais dotée et au Moyen-Orient où notre pays doit être en mesure d’honorer ses engagements. Pour ce faire, l’armée de Terre doit disposer de l’aptitude de nation-cadre d’une opération multi-composantes ou de composante terrestre au sein d’une coalition ad hoc.

Permise par la Loi de Programmation Militaire 2024-2030, qui marque un effort considérable de la nation au profit de ses armées et de la défense, la transformation de l’Armée de terre voulue par le CEMAT dans sa vision stratégique et résumée au Supra implique une rénovation des finalités de l’action de l’Armée de terre, celle de ses modalités de fonctionnement en temps de paix et en temps de guerre et enfin celle de son organisation. Les finalités de son action et ses modalités de fonctionnement au combat se discernent assez clairement dans les paragraphes qui précèdent. S’agissant de ses modalités de fonctionnement en temps de paix, elles visent à regagner de l’agilité et de la réactivité en redonnant de l’autonomie et des responsabilités accrues aux brigades et aux régiments par l’exercice d’un commandement par l’intention. Concernant enfin son organisation, l’Armée de terre s’articule désormais en 4 piliers ; chacun incarnant une ou plusieurs actions structurantes tout en regroupant les grands commandements

  • Le pilier « Etre et Durer » où on retrouve les écoles et la maintenance.
  • Le Pilier « Protéger » où se trouvent les structures et les commandements qui traitent du territoire national
  • Le Pilier « Agir » principalement incarné par le Commandement de la Force Opérationnelle Terrestre (CFOT)
  • Le Pilier « Innover » qui englobe les structures en charge de préparer l’avenir.

Cette profonde transformation de l’Armée de terre se fera jusqu’en 2030, date où ce nouveau modèle « de Combat » aura trouvé son équilibre définitif et sa pleine puissance. Elle suppose beaucoup d’efforts et d’adaptations à de nouvelles structures, de nouvelles capacités et de nouvelles méthodes sans pour autant que l’Armée de terre y perde son agilité, son mordant et son esprit guerrier, et son âme.

               Après la description de l’ambition que porte l’Armée de terre afin de s’adapter à un monde qui change très vite, les auditrices et les auditeurs ont pu ensuite s’intéresser plus précisément aux deux armes représentées aux EMD : l’infanterie et l’artillerie. Arme du combat à pied, l’infanterie remonte à 1479 et aux bandes de Picardie. Reine des batailles, elle est l’arme des 300 derniers mètres, celle où l’ennemi se regarde droit dans les yeux. Par le combat rapproché, l’infanterie emporte la décision et la victoire par la prise et le contrôle durable du terrain et par le contact direct avec les populations. S’agissant des défis et des perspectives de cette arme, l’orateur a insisté sur le bond capacitaire que représente l’ambitieux programme Scorpion et le combat collaboratif qu’il permet. Ont aussi été évoqués les robots et les drones qui, de plus en plus nombreux et sophistiqués comme le montrent les combats en Ukraine, bouleversent les procédés du combat débarqué. Après cette présentation de l’infanterie vint ensuite celle de l’artillerie : ses missions, ses structures, ses capacités sans oublier les défis qu’elle doit affronter. Depuis la bataille de Castillon (1453), l’artillerie, « arme savante » et arme des feux, contribue à la décision en exerçant sur l’adversaire des effets directs, sélectifs et souvent décisifs. C’est l’Ultima ratio regum. Présente au cœur du combat interarmes par ses capteurs, ses capacités géographiques ou de ciblage, ses drones et ses radars, ses obus, roquettes et missiles, elle s’assure de la sauvegarde des troupes au contact ou sous les feux de l’ennemi et met ses feux au service de la manœuvre aéroterrestre générale. A l’issue de ces trois exposés, une présentation réelle, mise en place à l’extérieur des bâtiments des écoles, a permis aux auditrices et aux auditeurs d’avoir le privilège d’approcher toute une série d’équipements et d’armements en dotation dans l’infanterie et l’artillerie. Cette présentation de matériels et d’équipements a aussi permis aux auditrices et aux auditeurs d’avoir de riches échanges avec les fantassins et les artilleurs qui leur présentaient les véhicules et les armes en dotation dans leurs unités.

               C’est à une troisième école d’arme, celle de l’Aviation Légère de l’Armée de terre (ALAT) située sur la base Général Lejay au Cannet des Maures que l’après-midi du 15 mai a été consacrée. Héritière de l’aviation légère d’observation de l’artillerie, l’ALAT a été créée en 1954 et sa devise est “De la terre, par le ciel”. Arme de l’initiative, de l’urgence et de la surprise, elle agit dans la profondeur du dispositif adverse en s’affranchissant des obstacles du sol pour surprendre l’ennemi et le détruire. Chaleureusement accueillis à l’école, les auditrices et les auditeurs ont débuté cette seconde visite par une conférence prononcée à deux voix par le général commandant l’Ecole de l’ALAT (EALAT) et par son chef d’état-major. Leur exposé s’est attaché à caractériser leur arme, à préciser son rôle dans le combat de l’Armée de terre, à détailler ses spécificités ainsi que les défis qu’elle doit relever. En chiffres, l’ALAT qui est le premier exploitant d’hélicoptères en Europe, ce sont 290 hélicoptères et 14 avions légers qui totalisent 72500 heures de vol par an. Comme l’ensemble de l’Armée de terre, l’ALAT se transforme et se réapproprie ses missions dans le contexte de la haute intensité.  L’aérocombat dont l’ALAT est le principal instrument vise à renseigner, à flanc-garder et surtout à façonner l’adversaire dans la profondeur pour le livrer considérablement affaibli aux troupes qui combattent au sol et elle le fait mieux lorsqu’elle agit groupée. Aussi, alors que la période expéditionnaire a privilégié la patrouille comme principal échelon tactique, l’ALAT cherche désormais à se réapproprier la combinaison de l’agilité et de la masse pour créer des effets décisifs dans la manœuvre générale.  En combattant de la sorte, l’ALAT prépare et complète les effets des autres armes. Enfin, dans bien des cas, l’ALAT est un atout maître dans la main du chef interarmées dont elle constitue, grâce à une agilité poussée, l’échelon réservé par excellence.

Par ailleurs, cette conférence a aussi donné aux auditrices et aux auditeurs une vue complète de l’organisation, des missions et des moyens de l’Ecole en elle-même. Elle forme des spécialistes, beaucoup de mécaniciens notamment, et naturellement des pilotes. Néanmoins, le cœur de la mission de l’EALAT va au-delà ; la valeur ajoutée de l’école c’est de faire de ces pilotes des meneurs d’hommes et de constituer des équipages de combat ; sa mission cible donc autant les caractères que les compétences. En termes de volume et même si on a tendance à retenir avant tout la formation d’une centaine de pilotes, ce sont 2000 stagiaires de tous types qui passent tous les ans par l’EALAT. Enfin, pour remplir sa lourde mission, l’école bénéficie des moyens les plus performants. Son parc d’hélicoptères d’attaque (Tigre HAD) et de transport (NH90) les plus modernes est complété par des outils de simulation extrêmement performants qui permettent d’exploiter au mieux les heures de vol réelles, lesquelles sont très coûteuses sur les appareils de dernière génération.

               A l’issue de cette partie théorique, un Tigre HAD et un NH90 ont été présentés aux auditrices et aux auditeurs par des instructeurs très expérimentés. Cette visite poussée des appareils a permis aux auditrices et aux auditeurs de monter à leur bord, de visiter les différents postes de l’équipage et, ce faisant, de constater à quel point ces hélicoptères de combat sont impressionnants tout comme le sont les équipages passionnés qui les servent.

               L’ultime étape de cette immersion des auditrices et des auditeurs de la 35ème SMHES/Cadres-dirigeants dans l’Armée de terre s’est déroulée le lendemain sur le camp de Carpiagne. C’est dans ce vaste camp situé aux portes de Marseille et à proximité d’Aubagne et de Cassis que le 1er Régiment Etranger de Cavalerie (1er REC) tient garnison depuis 2014. Auparavant il était, depuis 1967, implanté à Orange dans le Vaucluse, mais il a trouvé à Carpiagne des installations permettant une bien meilleure préparation opérationnelle tout en étant proche des plateformes de projection que sont Istres et Toulon. L’objectif principal de cette journée était de comprendre à quel point le régiment est la structure cardinale dans l’Armée de terre. C’est le lieu où l’identité profonde de tout soldat se forge. C’est là qu’est sa seconde famille et lorsqu’il n’en a pas, ou qu’il n’en a plus, c’est bien souvent son unique famille. C’est donc un monde bien particulier où jouent des dynamiques puissantes et structurantes ; l’esprit de corps, l’effet des traditions d’une troupe légendaire et d’une arme prestigieuse, la camaraderie et la fraternité d’armes de celles et ceux qui ont vécu ensemble des moments heureux et des instants dramatiques, qui ont partagé l’exaltation et la peur du combat, qui ont vu les camarades tomber et parfois ne plus se relever. Entrer dans un régiment comme le 1er REC c’est donc pénétrer dans un monde à part où, au-delà de la hiérarchie de la discipline formelle et de la dureté du métier, se pétrit une profonde et solide camaraderie ; une confrérie du devoir et de la mission que rien n’arrête.

Très chaleureusement accueillis autour d’un copieux petit déjeuner par le chef de corps, le chef du bureau opérations instruction (BOI) et quelques officiers plus jeunes, les auditrices et les auditeurs ont tout d’abord suivi une conférence au cours de laquelle le chef de corps est revenu sur la vision stratégique du CEMAT, déjà évoquée la veille aux EMD mais qu’il s’agissait ici de décliner au niveau du régiment. Prenant ensuite le relais, le chef du BOI a détaillé la riche histoire du régiment et pourquoi le 1er REC figure parmi les unités les plus prestigieuses de l’Armée de terre. Il présente la double singularité d’être à la fois le seul régiment de l’Arme blindée cavalerie à être armé par des légionnaires et d’être le seul régiment blindé dans la Légion étrangère. Créé en 1921 à Sousse, en Tunisie, le 1er REC est issu des compagnies montées du 2e Régiment Étranger d’Infanterie (REI). Initialement formé par des légionnaires russes expérimentés, il marque l’entrée de la cavalerie dans la Légion étrangère, traditionnellement composée d’unités d’infanterie. Les légionnaires du 1er REC ont ensuite prouvé leur vaillance en combattant à cheval en Syrie et au Maroc avant de passer aux automitrailleuses dans les années 1930. Ils se sont illustrés durant les campagnes de France et de Tunisie en 1940 et 1943, puis en Indochine où ils ont transformé leur unité en force amphibie, utilisant des véhicules « Crabes » et « Alligators ». Après la guerre d’Algérie, le régiment s’est spécialisé dans la reconnaissance avec des véhicules blindés et c’est toujours sa mission aujourd’hui. Le 1er REC est l’un des deux régiments blindés de la 6ème brigade légère blindée et il est le premier régiment de l’Armée de terre à être équipé des nouveaux engins blindés de reconnaissance et de combat JAGUAR (EBRC) appartenant au programme Scorpion. Les EBRC sont l’arme de la reconnaissance offensive, du combat de rencontre qui prend et précise le contact. Leur principale plus-value réside dans leur capacité à délivrer en tout temps des feux puissants, rapides et très précis par l’intermédiaire de tirs directs et indirects sous blindage. En outre, répondant aux nombreuses questions d’un auditoire avide d’en savoir plus sur la Légion étrangère, les deux orateurs en ont expliqué les spécificités et notamment comment la conjugaison d’une discipline rigoureuse, d’un entrainement intensif et d’un style de commandement qui allie exigence, bienveillance et humanité forge une troupe d’assaut redoutable et redoutée.

À l’issue de l’exposé en salle, les auditrices et les auditeurs ont pu assister à la démonstration dynamique d’une mission de capture d’une cible de haute valeur par des pelotons de reconnaissance et d’investigation et par des commandos. Au-delà de l’aspect spectaculaire d’une action rapide, lorsque la démonstration a été terminée, les auditeurs et auditrices ont pu s’entretenir avec les cadres et les légionnaires qui l’ont réalisée. Ils ont ainsi mesuré la très grande diversité des origines et des parcours de ces légionnaires. C’est l’un des miracles de la Légion que de réunir des hommes venant de tous les pays du monde et, en l’espace de quelques mois, d’en faire des soldats redoutables qui portent les armes de la France en se faisant parfois tuer pour elle. Les contacts se sont ensuite poursuivis pendant le déjeuner sous la forme d’un superbe buffet servi dans la magnifique commanderie templière où est installé le mess du régiment. À l’issue du déjeuner, une dernière étape était encore au programme ; il s’agissait d’une exposition des principaux matériels et équipements du régiment. Comme le 1er REC est la première unité à être équipée d’Engins blindés de reconnaissances et de combat (EBRC), le régiment a saisi l’occasion de présenter côte à côte les deux générations d’équipements afin que les auditrices et les auditeurs puissent mesurer le bond qualitatif que représente le programme scorpion et tous les équipements d’environnement qui lui sont associés.  Tout au long de ces échanges et de ces contacts directs, les auditrices et les auditeurs ont été fortement impressionnés par l’aisance et l’élégante décontraction des officiers, des sous-officiers et des légionnaires mais aussi par la profonde humilité avec laquelle ils parlent de leur métier, de leur régiment et de la Légion. Beaucoup de légionnaires disent en effet que c’est la Légion qui leur a rendu dignité et fierté et que c’est grâce à elle qu’ils se tiennent droits et debout. Les liens profonds qui les unissent, qui se lisent dans les regards et les attitudes de ces soldats, la fluidité des contacts interpersonnels entre eux et leurs cadres donnent une impression de force maîtrisée et de compétence partagée. A les regarder faire et évoluer, on comprend pourquoi le régiment est à ce point la structure déterminante et centrale de l’Armée de terre. C’était le but de cette immersion et il a été atteint car les auditrices et les auditeurs sont repartis très marqués par cette journée passée au 1er REC. Ils y ont vu et senti qu’un régiment est effectivement un lieu très spécial ; c’est un creuset où une alchimie particulière qui opère transcende les hommes et les tire collectivement vers le haut, vers le bien et vers le mieux.

               Après cette journée d’exception, unanimement qualifiée par les auditrices et les auditeurs comme comptant parmi les plus belles de toute la session, ce fut le retour à Toulon où les attendait une matinée de travail en salle de classe. Cette séance scolaire visait à permettre aux trois comités de continuer le travail sur les scenarii qu’ils devront présenter à un jury de très haut niveau, lors de la séance de restitution solennelle qui aura lieu le 14 Juin. En effet, dans le cadre du Diplôme Universitaire (DU) que délivre l’Université de Toulon pour valider la formation suivie dans le cadre d’une SMHES, les auditeurs doivent rendre et présenter, à intervalles réguliers, des travaux individuels et collectifs et ces derniers sont notés. Plus précisément, dans le cadre du thème retenu pour la session « la mer Rouge au carrefour des recompositions géostratégiques et géopolitiques globales », chaque comité doit développer un scenario prospectif sur une thématique découlant de la question posée par le sujet de la session ; c’est donc à parfaire ce travail que les auditrices et les auditeurs ont passé la matinée du 17 Mai avant de se séparer. Ils se retrouveront toutes et tous mi-juin pour un ultime séminaire qui les conduira à Marseille où ils iront à la rencontre du Bataillon des Marins Pompiers et de la Police Nationale sur le thème de la protection des personnes et des biens. Protéger les personnes et les biens est en effet le premier devoir et la première mission d’un Etat avant de prétendre peser sur les affaires du monde. Aussi, après avoir étudié les six fonctions stratégiques pendant les huit séminaires précédents, il a paru incontournable de s’intéresser à cette mission cardinale lors de l’ultime séminaire de la 35ème SMHES/Cadres-dirigeants.

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