Décrypter pour comprendre

La France parle au nom des citoyens du monde

Sans surprise, le discours du Président de la République devant la 72ème session de l’Assemblée générale, dans son ton et dans sa forme, a été en totale opposition avec celui tenu par Donald Trump quelques minutes plus tôt. Alors que le Président américain débutait par un satisfecit de son action personnelle (« fortunately, the United States has done very well since Election Day last November 8th »), Emmanuel Macron a rappelé que « le devoir de la France est de parler pour ceux qu’on n’entend pas », Bana, citoyenne d’Alep, Ousmane, Kouamé, jeté sur les routes du désespoir et Jules, son compatriote vivant sur l’île de Saint-Martin. La couverture de la journée par les Nations Unies souligne cette opposition.

Si la lutte contre le terrorisme est une priorité partagée par les deux Présidents, les moyens à y consacrer diffèrent notablement. Emmanuel Macron a insisté sur l’importance d’une véritable politique de développement et a donné rendez-vous en février 2018 à Dakar pour la reconstitution du partenariat mondial pour l’éducation que la France coprésidera avec le Sénégal, « parce que c’est par l’éducation que nous gagnerons cette bataille contre l’obscurantisme ». Donald Trump a lui rappelé que son gouvernement allait dépenser quelques 700 milliards de dollars dans le budget de la Défense.

L’évocation des zones de crise a également donné l’occasion d’opposer deux visions. Donald Trump a dressé un long réquisitoire très agressif envers la Corée du nord (« depraved regime », « band of criminals », « we will have no choice but to totally destroy North Korea »), l’Iran (« a corrupt dictatorship », « economically depleted rogue state »), et le Venezuela (« socialist dictatorship », « corrupt regime »). Prônant une solution « politique, et non militaire » pour la Syrie, Emmanuel Macron a refusé « toute escalade » en Corée du nord, qui doit être « ramenée par la fermeté à la table des négociations ». Il a également défendu l’accord nucléaire du 14 juillet 2015 avec l’Iran, qualifié de « solide, robuste et vérifiable ». Répondant indirectement aux menaces du Président américain (« that deal is an embarrassment to the United States, and I don’t think you’ve heard the last of it — believe me »), le Président a qualifié de « lourde erreur » une éventuelle dénonciation.

Sur l’Accord de Paris, enfin, l’intervention du Président français est sans équivoque : « cet accord ne sera pas renégocié, il nous lie, il nous rassemble, le détricoter serait détruire un pacte qui n’est pas seulement entre les Etats mais aussi entre les générations. »

Emmanuel Macron : « et oui, lorsque je vous parle de Bana, d’Ousmane, de Kouamé ou de Jules je parle de mes concitoyens, je parle de vos concitoyens et de chacun d’entre eux car nos intérêts, notre sécurité ce sont aussi les leurs ! »

Donald Trump : « as President of the United States, I will always put America first, just like you, as the leaders of your countries will always, and should always, put your countries first. I will defend America’s interests above all else. »

VA(2S) Alain Christienne, directeur de la Stratégie.

Le discours du Secrétaire général des Nations Unies ⇒

Le discours d’Emmanuel Macron ⇒

Le discours de Donald Trump ⇒

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