
La France, tout particulièrement son secteur industriel, est dépendante de l’importation de ressources naturelles stratégiques, de biens manufacturés à haute valeur ajoutée, mais également de services et technologies critiques. Elle est également dépendante quant à son approvisionnement énergétique, mais ce volet fera l’objet d’une prochaine carte. S’agissant des autres ressources stratégiques, cette dépendance se concentre principalement autour de trois pôles :
- La Chine, qui domine la production de nombreux biens manufacturés, contrôle l’accès aux terres rares et fournit une grande partie des équipements électroniques et de très haute technologie.
- Les États-Unis, qui abritent près de la moitié des centres de données mondiaux et dont les services, en particulier numériques mais aussi financiers, sont essentiels aux activités européennes.
- Taïwan, dans une moindre mesure, pour son rôle central dans la fabrication de semi-conducteurs avancés en attendant l’émergence d’autres pôles de production en Europe et aux Etats-Unis.
Ces interdépendances exposent la France, l’Europe et leurs acteurs économiques à des risques accrus en cas de tensions géopolitiques ou commerciales, notamment avec les deux grandes puissances que sont la Chine et les États-Unis. Le risque serait bien évidemment accru en cas d’escalade, voire de confrontation directe entre Washington et Pékin, notamment sur la question de Taïwan ou des Corées, d’autant plus que les Etats-Unis comme la Chine restent des marchés attractifs pour les Européens. Cette situation souligne l’urgence pour la France, comme pour l’Union européenne, de diversifier leurs sources d’approvisionnement en ressources stratégiques.
À cet égard, si l’Amérique latine, l’Inde et l’Australie apparaissent comme des partenaires prometteurs, le continent africain s’impose à court et moyen termes comme une option intéressante, grâce à l’abondance de ses ressources encore largement sous-exploitées. Toutefois, cette opportunité ne pourra être saisie que si les acteurs français et européens sont capables de proposer des partenariats innovants, équilibrés, compétitifs et attractifs face aux stratégies prédatrices déjà bien établies de la Chine, des États-Unis et de la Russie.
Dans tous les cas, cette stratégie de diversification impose que la France et l’Union européenne s’investissent davantage dans les domaines naval, aérien et spatial, indispensables pour garantir la sécurité de nos approvisionnements stratégiques, mais aussi des câbles sous-marins, qui transitent essentiellement le long de routes maritimes.