Edito de l’été

Cet été aura été marqué par l’activisme débridé de Donald Trump pour tenter d’obtenir des succès diplomatiques visant à mettre un terme à certains conflits en cours afin d’engranger des succès avant les élections de midterm de l’année prochaine, d’obtenir un deal commercial susceptible d’atténuer les conséquences sociales de ses guerres tarifaires et de satisfaire sa soif égotique de reconnaissance.  

On aurait cependant tort de réduire la politique de cette administration à sa vulgarité brutale, son court-termisme brouillon et ses foucades narcissiques. Si la recherche du prix Nobel de la Paix est un objectif affiché du locataire de la Maison Blanche, l’intégration de la puissance américaine dans un nouveau jeu stratégique définitivement désoccidentalisé reste la ligne directrice d’une politique finalement assez cohérente. Par touches successives les Etats-Unis indiquent leur nouveau positionnement dans le paysage stratégique et force est de constater qu’il est totalement indifférent aux intérêts européens. 

Dans l’incapacité de régler comme il l’avait claironné les conflits israélo-palestiniens, israélo-iranien et russo-ukrainien, Donald Trump a reporté son attention sur des dossiers périphériques. En Afrique, il a parrainé le mini-sommet des pays du littoral Atlantique et il a supervisé la signature dans le bureau ovale d’un accord de cessez-le-feu entre la République démocratique du Congo et le Rwanda (28 juin). Dans le Caucase, son engagement a permis d’aboutir à un accord de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan (9 août) et la mise en place d’une « Voie Trump pour la paix et la prospérité (TRIPP) » reliant la Turquie à l’Azerbaïdjan via l’enclave du Nakhitchevan et le corridor de Zangezour. En s’imposant comme le protecteur de cet étroit corridor placé au carrefour des intérêts est-ouest de la Turquie et de l’Azerbaïdjan et des intérêts nord-sud de la Russie et de l’Iran, les Etats-Unis marginalisent ces derniers et renforcent « l’Axe turcique » promu par le président turc R.T. Erdogan. Reste à savoir si le silence russe, peut-être échangé contre un accord sur l’Ukraine, persistera car pour le Kremlin comme pour le gouvernement iranien il est crucial de contrôler ce point de passage clé sur l’axe terrestre qui leur permet de contourner une partie des sanctions. Plus généralement, c’est l’ensemble du corridor Balkans-Caucase, très important pour l’Union européenne, qui est concerné comme l’illustre notre carte du mois (mettre le lien).  

L’autre grande affaire de la Maison Blanche aura été l’organisation d’une rencontre en Alaska (15 août) entre Donald Trump et Vladimir Poutine, dont l’Ukraine et les Européens ont été soigneusement tenus à l’écart. Celle-ci n’aura apparemment débouché sur rien de concret, même si nul ne sait les points sur lesquels les deux chefs d’Etat ont pu discrètement s’entendre. Elle aura surtout souligné l’indifférence affichée à l’égard des décisions de la cour pénale internationale et la reconnaissance du poids prépondérant de la Russie sur le continent européen, éclipsant une fois encore les illusions européennes.  

Il est ainsi grand temps pour l’Europe et la France de quitter les postures rhétoriques pour prendre réellement acte du changement qui s’opère car l’Europe, prise dans la fragmentation globale qui exacerbe les rivalités de voisinages sur notre continent, n’a pas encore trouvé un nouvel équilibre entre les intérêts nationaux qui reviennent en force et la nécessité d’un collectif à réinventer (mettre le lien vers l’article de Joséphine). C’était l’un des messages de Gérard Chaliand, intellectuel disparu fin août, à qui nous rendons un dernier hommage (mettre le lien vers l’obituaire FMES). Il avait souligné dans la remarquable conférence qu’il avait donnée à la FMES (mettre le lien vers la vidéo) la fragilité de l’Occident qui, ayant perdu sa capacité à risquer sa vie pour des idées, risque de disparaître. 

Au Moyen-Orient, Benyamin Netanyahou a lancé une nouvelle offensive majeure à Gaza avec pour but affiché de s’emparer de la quasi-totalité de la bande. L’armée israélienne a tiré également les enseignements de sa guerre contre l’Iran (mettre le lien vers l’article de Pierre sur les enseignements de la guerre ISR-IRN) et se prépare à livrer un second round dans l’hypothèse où Téhéran donnerait des signes d’accélération de son programme nucléaire, par exemple en se retirant du traité de non-prolifération nucléaire (TNP) si les sanctions de l’ONU venaient à être réintroduites à la suite de l’activation de la clause dite de snap back. En attendant, les Chinois semblent avoir livré très discrètement aux Iraniens 14 chasseurs J-10 et plusieurs batteries de missiles sol-air à longue portée, damant ainsi le pion aux Russes. Les Etats-Unis agissent de leur côté en coulisse pour tenter de faire aboutir un plan de paix entre Israël et la Syrie, de même qu’un accord de délimitation frontalière entre Israël et le Liban. 

Tous ces thèmes seront au cœur de nos Rencontres stratégiques de la Méditerranée qui se dérouleront à Toulon les 8-9 octobre prochains. Il reste encore un mois pour vous inscrire (mettre le lien vers l’inscription). Nous vous y donnons rendez-vous. 

L’équipe de direction de l’Institut 

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