Cinquième Séminaire de la 35ème session méditerranéenne des hautes études stratégiques/ Cadres-Dirigeants : L’Egypte : Voyage d’études

« Je suis tout à l’Egypte, elle est tout pour moi » Jean-François Champollion

Pour choisir le pays où se ferait leur voyage d’études, un vaste éventail de possibilités était offert par le thème sur lequel travaillent les auditrices et les auditeurs de la 35ème SMHES/Cadres-dirigeants « La mer Rouge au carrefour des recompositions géopolitiques et géostratégiques globales ». Il s’agissait donc de trouver la ville, la zone ou le pays où ces recompositions et leurs conséquences sont à la fois les plus nettes, les plus perceptibles et les plus fortes. Par son positionnement géographique au Nord de la mer Rouge mais surtout parce qu’elle est traversée par l’artère majeure du commerce international entre l’Asie, l’océan indien et la Méditerranée, l’Egypte s’est très naturellement imposée comme la destination de choix. C’est donc dans sa capitale, Le Caire, que la 35ème SMHES/Cadres dirigeants s’est regroupée le 04 février pour y débuter un voyage d’études intense car se concentrant sur trois journées.  C’était bien un regroupement car quelques auditrices et auditeurs avisés étaient en effet arrivés avec un peu d’avance afin de pouvoir visiter quelques joyaux archéologiques cairotes à commencer par les pyramides de Gizeh. Elles se situent aux lisières ouest de la ville, à portée d’une brève course en taxi depuis le centre du Caire.

La ville du Caire a été fondée au 10ème siècle, par les Fatimides, une dynastie chiite ismaélienne qui régna en Afrique du Nord-Est aux Xème et XIème siècles puis en Égypte de 969 à 1171. Surnommée « la ville aux milles mosquées », Le Caire est aujourd’hui une des plus grandes agglomérations mondiales – la huitième. C’est très certainement la première ville d’Afrique et la plus importante du monde musulman, Le Caire a la réputation de ne jamais dormir et elle plonge d’emblée le visiteur dans un tourbillon de sons, d’images et d’impressions toutes plus fortes les unes que les autres. Carrefour du Moyen-Orient et de l’Afrique, la ville est située en amont du delta du Nil, sur les rives mêmes du fleuve ainsi que sur quelques îles adjacentes. Elle se trouve au nord du pays, à 178 km au sud-est d’Alexandrie et à 127 km à l’ouest du canal de Suez. De nos jours, la population de l’agglomération du Caire est estimée à plus de 25 Millions d’habitants. A l’image de l’Egypte, Le Caire est une ville tourbillonnante où la richesse scintillante côtoie la misère la plus noire et où la circulation relève d’une logique indéchiffrable pour tout occidental. Capitale économique et administrative du pays, Le Caire mériterait à elle seule que de longues journées de découvertes et de visites lui soient consacrées.

Présents en Egypte pour trois jours seulement, les auditrices et les auditeurs de la 35ème SMHES/Cadres-dirigeants n’ont hélas pas eu la liberté de pouvoir explorer la ville à loisir car, dès le 05 février matin, le travail et les études ont pris le pas sur les autres activités. Cette première matinée a en effet été consacrée à une série d’interventions faites par les très proches collaborateurs de l’Ambassadeur de France en Egypte. Il était en effet important que les auditrices et les auditeurs de la session puissent débuter ce voyage d’études en entendant l’avis de Français qui vivent et travaillent au Caire. Aussi, pour faire cette radiographie complète, nul n‘était mieux placé que les chefs des grands services de la mission diplomatique française en Egypte. C’est ainsi que la session a pu successivement entendre trois attachés d’ambassade particulièrement compétents et pointus en la personne de l’attaché du service économique, de l’attaché des services intérieurs et enfin de l’attaché de défense.  Chacun à son tour a dressé le panorama de ce grand pays en faisant ressortir ses forces et ses fragilités. Pour les premières on retiendra principalement le dynamisme de sa jeunesse et la qualité des talents qui en émanent ainsi qu’une stabilité politique et sécuritaire très appréciée des investisseurs étrangers au milieu d’une région traversée par les crises et les conflits. Très concrètement, cette stabilité favorise le développement économique et l’implantation d’usines et de laboratoires de pointe de la part de puissants groupes internationaux dont beaucoup sont français. S’agissant des faiblesses, il faut d’abord citer une démographie galopante qui, chaque année, fait gagner deux millions d’âmes à un pays qui en compte déjà plus de 110 millions. Satisfaire les besoins élémentaires de cette population : nourriture, eau et énergie est donc un vrai défi pour un pays dont l’essentiel de la surface est désertique. Une autre fragilité se trouve dans la dépendance économique forte vis à vis de secteurs ou d’aspects dont la maîtrise échappe aux Egyptiens et qui fluctuent en fonction de facteurs externes. Ainsi par exemple les importants revenus que l’Egypte tire de l’exploitation du canal de Suez sont amputés par les turbulences géopolitiques en mer Rouge et par les conséquences du conflit israélo-palestinien. Dans la même veine, les dividendes issus des exportations de gaz et d’hydrocarbures sont très fluctuants en même temps qu’ils confortent une rente de situation qui freine la diversification économique. On peut aussi citer la grande dépendance de l’Egypte aux devises reçues de la diaspora des Egyptiens expatriés ; ils seraient 30 millions à envoyer ainsi régulièrement des devises à leurs familles et à leurs proches restés au pays. Enfin, le pays souffre d’une surreprésentation de l’armée dans l’appareil économique et productif ce qui crée, de fait, une distorsion de conditions condamnant dans l’œuf toute concurrence privée. En complément, l’attaché de sécurité intérieure et l’attaché de défense ont dressé le panorama de la situation sécuritaire intérieure et extérieure et se sont ensuite appesantis sur la richesse et l’intensité de la coopération entre la France et l’Egypte dans leurs domaines respectifs.

Les propos passionnants de ces trois intervenants ont été ensuite confirmés et complétés par l’ambassadeur de France en personne puisque le chef de la mission diplomatique française en Egypte a eu l’extrême délicatesse de recevoir la session dans les murs de la résidence de France pour un déjeuner servi à table dans la meilleure tradition française.  Avant de débuter les agapes, l’ambassadeur de France a pris la parole pour brosser un tableau très complet du pays et de la relation franco-égyptienne. Il s’est ensuite de très bonne grâce prêté au jeu des nombreuses questions des auditeurs et des auditrices. Par ailleurs l’ambassadeur a également souligné tout l’intérêt que présente la visite d’une délégation de haut niveau comme la nôtre pour marquer l’attachement qu’ont la France et les Français pour l’Egypte ; les autorités égyptiennes y sont sensibles.

Après ce démarrage en fanfare et déjà très riche en enseignements, la journée s’est ensuite poursuivie par une passionnante conférence-débat animée par deux chercheurs égyptiens de très haut niveau. Ils sont en effet membres du centre Al-Ahram d’études politiques et stratégiques (ACPSS) Créé en 1968 en tant qu’unité de recherche indépendante fonctionnant dans le cadre de la Fondation Al-Ahram, l’ACPSS est l’un des principaux groupes de réflexion, en Égypte et dans la région, engagé dans une recherche indépendante et une pensée critique. Grâce à sa capacité de recherche, ses publications, ses articles ainsi que ses réseaux de recherche régionaux et internationaux, l’ACPSS est classé parmi les 30 meilleurs groupes de réflexion au monde ; classement produit chaque année à l’Université de Pennsylvanie (États-Unis). Il était en effet important qu’après avoir entendu l’opinion et les propos de Français vivant en Egypte et très informés sur le pays, les auditrices et les auditeurs de la 35ème SMHES/Cadres-dirigeants puissent aussi échanger avec des intellectuels égyptiens de grand renom et pour cela l’ACPSS était très certainement la meilleure source à laquelle puiser. Les deux chercheurs ont décrit en détail l’environnement sécuritaire difficile de leur pays et les perspectives d’évolution des crises et des conflits en cours dans son voisinage immédiat : Lybie, Soudan, Yémen, Ethiopie et la bande de Gaza. Face à ces crises régionales qui la cernent, L’Egypte adopte toujours un positionnement préférant la stabilité et l’engagement minimal. Impuissante à contrôler les trajectoires des conflits soudanais et libyens qui sont tous deux dans une logique jusqu’au-boutiste, elle ne veut pas y interférer. De plus, s’agissant des turbulences politiques régionales, l’Egypte se positionne clairement et systématiquement contre l’islamisme politique. Elle a ainsi été la dernière à reconnaître le nouveau régime syrien. Elle a été en rupture diplomatique avec la Turquie de 2013 à 2023 et elle soutient l’autorité palestinienne aux dépens du Hamas. Géopolitiquement, la stratégie du multi-alignement de l’Egypte l’a conduite à rejoindre les BRICS en Janvier 2024, en même temps que l’Iran, l’Ethiopie, et les Emirats Arabes Unis. Ce rattachement aux BRICS doit permettre à l’Egypte de renforcer son statut d’acteur international et lui donnera un mécanisme de soutien face à la compétition de l’Occident. C’est aussi pour elle l’occasion de se rapprocher du futur barycentre économique du monde qui se situera clairement en Asie à l’horizon 2030-2050. Dans le domaine des relations extérieures de l’Egypte force est de constater que l’Union Européenne est la grande absente dans le panorama de ses partenaires. Toutefois, les deux chercheurs ont souligné que la France conserve en l’Egypte un fort capital d’estime et de sympathie. Il résulte des positions politiques prises par la France en faveur de l’Egypte, des contrats d’armement sans oublier l’histoire et la culture qui lient les deux pays.

Moment très éclairant, cette conférence-débat a permis aux auditrices et aux auditeurs de bien mesurer les défis et les dilemmes auxquels le pays est confronté. Par rebond, cette séance a permis à la session d’apprécier également l’expertise des Français entendus le matin et qui ont brossé un tableau très conforme à celui qu’ont décrit les deux chercheurs de l’ACPSS. Enthousiasmé par le contact et les échanges avec la session, l’un d’eux a accepté de prolonger l’échange autour d’un chaleureux diner pris au bord du Nil. A cette occasion, il a livré un tableau particulièrement précis et détaillé des difficultés de la vie quotidienne de la grande majorité des Egyptiens.  Il faut en effet rappeler qu’un tiers de la population égyptienne vit sous seuil de pauvreté tandis que le tiers suivant se situe juste au-dessus. La vie peut donc être très rude dans ce pays où la population reste aussi très encadrée par les forces de sécurité intérieure. Y cultiver des opinions dissonantes n’est donc pas chose aisée.

Levée aux aurores, la session s’est embarquée très tôt de 06 février matin en direction d’Ismaïlia. C’est en effet dans cette ville située à 160 kilomètres à l’Est du Caire, au bord du canal de Suez, que se trouve le quartier général de la « Suez Canal Authority » (SCA) : la compagnie nationale égyptienne qui gère le trafic sur le Canal de Suez.  Obtenir de la SCA qu’elle accepte de recevoir la session n’a pas été chose aisée car ne s’approche pas du canal qui veut. Pour des raisons faciles à comprendre, toute la zone du canal de Suez est en effet considérée comme stratégique et sensible par les autorités égyptiennes et, à des étrangers, ces dernières n’accordent l’autorisation de s’y rendre qu’au compte-goutte. Fort heureusement les excellentes relations franco-égyptiennes et l’intercession efficace des services de l’ambassade de France au Caire ont levé toutes les barrières. C’est donc avec chaleur et enthousiasme que les auditrices et les auditeurs de la session ont été accueillis et reçus au quartier général de la SCA. Ils y ont entendu une conférence très détaillée sur le canal, son importance, son histoire, son fonctionnement et ses perspectives. La session a pu alors mesurer l’importance et, en même temps, la très grande sensibilité de cette artère unique et donc vitale qui relie le monde méditerranéen à l’océan Indien et au-delà à L’Asie.

Le projet d’un canal reliant la Méditerranée et la mer Rouge date de l’Antiquité. Dès le VIIème siècle avant J.C. les Egyptiens avaient en effet déjà réalisé une jonction fluviale entre le Nil et la mer Rouge en traversant les lacs Amers. Plus tard l’empereur romain Trajan fit rétablir le canal au début du IIème siècle. Au VIIème siècle l’émir d’Egypte procéda à son tour à d’importants travaux de réfection de cette voie qui finit cependant par s’ensabler. En 1508, le projet de relier la Méditerranée à la mer Rouge réapparut à la faveur de l’ouverture, par les Portugais et les Hollandais, de la route maritime commerciale vers les Indes en passant par le cap de Bonne-Espérance. C’est tout particulièrement la France qui porta le projet à l’ère moderne et c’est la Révolution qui s’attaqua véritablement à relever le défi. Ainsi, l’étude du percement de l’isthme de Suez figurait au programme que le Directoire donna à Bonaparte pour son expédition d’Egypte. Ensuite, en 1801, un mémoire sur la communication de la mer des Indes à la Méditerranée par la mer Rouge et l’isthme de Suez, préconisa un tracé proche de l’ancien canal qui rejoignait la mer à Alexandrie en empruntant les branches du Nil. Cependant une erreur de calcul du niveau des deux mers fit malheureusement capoter le projet. Il fallut ensuite attendre 1854, les calculs et les travaux de reconnaissance du diplomate français Ferdinand de Lesseps et de deux ingénieurs du vice-roi d’Egypte Mohammed Saïd pour que l’idée d’un canal direct et sans écluse reliant en ligne droite Port Saïd au Nord à Suez au Sud prenne vraiment corps. Les travaux de percement débutèrent en 1863 mais pour les réaliser en plein désert, il n’y avait pas de main d’œuvre disponible sur place. Le vice-roi d’Égypte décida alors de faire appel à la corvée, système traditionnel qui permettait de mobiliser les paysans chaque année pour l’entretien des canaux creusés le long du Nil. Cette main d’œuvre gratuite travailla au creusement du canal à la main et dans des conditions telles qu’on estime aujourd’hui que plusieurs dizaines de milliers d’ouvriers y perdirent la vie 1859 et 1869. Le 15 août de la même année, la digue qui retenait la mer Rouge fut rompue et les eaux des deux mers se rejoignirent dans les lacs Amers. Le 17 novembre, le canal fut ensuite officiellement inauguré à Port-Saïd, en présence de personnalités politiques de toutes les nations.

Long de 164 kilomètres, le canal de Suez, en raccourcissant de moitié le temps de trajet entre l’Europe et l’Asie, eut un succès immédiat qui transforma radicalement le commerce maritime international. Il devint vite aussi un enjeu géopolitique comme le montra la crise de 1956. À la suite des opérations militaires qui, trois mois après la nationalisation du canal par le Président Nasser, opposèrent l’Égypte à la France, au Royaume-Uni et à Israël, la voie d’eau fut coupée pendant six mois. De grands travaux de modernisation étaient projetés lorsqu’ en 1967, une nouvelle guerre entre l’Égypte et Israël provoqua de nouveau la fermeture du canal qui ne fut ensuite rouvert à la navigation qu’en juin 1975.  De nos jours, avec l’augmentation du trafic, le canal est devenu la troisième source de devises de l’Égypte et il rapporte 15 millions de dollars par jour. Avant la crise du Covid, près de 19 000 navires transitaient annuellement par le canal, ce qui représentait une moyenne de 52 navires par jour. Le canal actuel a subi une dernière modernisation d’ampleur en 2015. Les travaux ont consisté à élargir le canal existant, à en augmenter la profondeur sur 35 km, et à le doubler sur 37 km dans sa partie orientale.

Pour les Egyptiens cet ouvrage est en quelque sorte le joyau de la couronne et c’est avec une fierté palpable que les autorités de la SCA ont expliqué à la session son histoire, son fonctionnement ainsi que les enjeux économiques et géopolitiques qui s’attachent à cet ouvrage majestueux. Une fois cette partie théorique achevée, la session a eu ensuite le privilège d’une visite privative du musée du canal dont l’inauguration officielle reste à venir. Elégance faite à des Français, durant cette visite à eux seuls réservée, les auditeurs et les auditrices ont même pu pénétrer dans la résidence de Ferdinand de Lesseps qui n’est pourtant pas ouverte au public. Pour terminer, la 35ème SMHES/cadres-dirigeants a été reçue à déjeuner au club nautique de la SCA qui avait été privatisé pour elle. Déjeuner ainsi sur les berges du canal de Suez en regardant passer les navires immenses qui le remontent a été un moment fort qui restera dans les mémoires de la session.  La parenthèse enchantée s’est néanmoins refermée lorsqu’il a fallu remonter dans le bus et rejoindre le Caire et sa circulation dantesque au terme d’une journée forte en émotions et en sensations y compris pendant le trajet retour en traversant les immenses banlieues cairotes. Grises et misérables, elles en disent long sur les contrastes et les paradoxes de ce pays pourtant si attachant.

La matinée du lendemain, 07 février, a été à l’avenant puisqu’il s’est agi pour la session de traverser de nouveau ces banlieues pour aller visiter le Nouveau Caire. Cette ville nouvelle située à 45 kilomètres à l’est du Caire a pour objectif de désengorger une capitale en proie à une expansion démographique et économique que les infrastructures n’arrivent plus à suivre. Le projet de bâtir en Egypte une capitale à l’instar de celles des Etats du Golfe n’est pas nouveau ; il était à l’étude depuis les années 70 mais ce n’est que depuis 2016 qu’il a véritablement commencé à se concrétiser avec pour modèle des villes comme Dubaï, Abou Dhabi ou Doha. Aujourd’hui cette nouvelle capitale est encore en construction. Malgré des monuments civils et religieux grandioses voire hors de proportion, elle offre un aspect déroutant et fantomatique qui, pour les auditrices et les auditeurs de la session, a encore été accentué par le fait que le vendredi est, dans les pays musulmans, l’équivalent du dimanche en terre chrétienne. Très concrètement, au cours de la matinée, la session n’a aperçu que quelques gardiens et quelques rares travailleurs sur les chantiers.  Architecturalement, la ville est un ensemble très ouvert et dispersé en plein désert ; elle se compose d’immenses quartier résidentiels encore inhabités et d’un secteur politique et administratif grandiose mais sans vie et sonnant creux. Lorsqu’on y flâne un peu à pieds, on remarque que rien n’y est vraiment net ni fini ; les nombreuses plaques de marbres sont fêlées, dépolies ou disjointes et les branchements électriques ou hydrauliques affleurent de partout alors qu’une fine couche de poussière recouvre tout, parterres de plantes récemment installés, routes à 8 voies et immenses bâtiments vides. L’ensemble dégage une forte impression d’inachevé et de désolation et il faudra certainement un immense effort d’incitation et sans doute de contrainte pour faire venir dans cette nouvelle ville sans âme les millions de cairotes qui s’entassent dans leurs banlieues misérables ou pas. En tous cas cette visite pose clairement la question des priorités du gouvernement égyptien et des risques qu’un tel projet porte. On pense au rejet d’une population qui n’aura ni les moyens ni surtout l’envie d’habiter cet ensemble très artificiel.  On peut également craindre un délabrement rapide de constructions faites à la hâte par des entreprises étrangères. On peut surtout prédire la colère et la frustration d’une population qui, dans sa grande majorité, se débat dans une pauvreté de plus en plus profonde et pourrait reprocher de tels travaux au pouvoir en place.

Au bilan, cette dernière visite du voyage d’études en Egypte a constitué un bel épitomé des trois journées que la 35ème SMHES/Cadres-dirigeants a passées en Egypte. Ce pays est en effet une terre de forts contrastes voire souvent de paradoxes et de contradictions. Les immensités désertiques y côtoient une vallée et un delta du Nil luxuriants mais surpeuplés.  A la profondeur historique, civilisationnelle et culturelle se superpose un quotidien pour beaucoup difficile, misérable et sans grandes perspectives. Pour autant, tous les membres de la session ont été frappés par la gentillesse et l’accueil des Egyptiennes et des Egyptiens d’aujourd’hui tout comme par leur profondeur d’âme et de cœur. Ces hommes et ces femmes prouvent que ce pays a autant de forces qu’il a de faiblesses mais que sa population sait garder l’enthousiasme et l’Espérance. Malgré toutes les difficultés structurelles et conjoncturelles qu’elle rencontre, l’Egypte n’a pas droit à l’échec ; elle ne le conçoit d’ailleurs pas et elle s’évertue à l’éviter par ses propres moyens mais aussi avec l’aide de nombreux partenaires parmi lesquels la France figure en bonne position. Tous ces partenaires savent en effet que ce pays est la pierre angulaire de toute la région voire bien au-delà et que s’il s’effondre le séisme sera mondialement ressenti. L’objectif de ce voyage d’études, sans doute trop bref, était de le faire sentir et comprendre aux auditeurs de la 35ème SMHES/Cadres- dirigeants et il semble qu’il a été atteint.

Pour la 35ème SMHES/Cadres-dirigeants après la terre des pharaons, l’étape suivante sera sans doute plus grise et pluvieuse puisque la session se rendra mi-Mars à Bruxelles pour aller à la rencontre des institutions européennes et de l’OTAN.

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