Kaliningrad, la prochaine guerre de désenclavement pour le Kremlin ?
L’adhésion pleine et entière de la Suède à l’OTAN le 7 mars 2024, après celle de la Finlande (4 avril 2023), a transformé la mer Baltique en un « lac otanien », alors qu’il y a deux ans, il s’agissait d’un espace maritime militairement partagé avec la Russie. La marine russe de la Baltique se retrouve désormais en posture défensive, acculée sur ses bases navales de Kaliningrad et Saint-Pétersbourg, tout comme la marine russe de la mer Noire est acculée en mer d’Azov par l’action conjuguée des drones et des missiles ukrainiens. La Russie se retrouve donc aujourd’hui à gérer la logistique de l’enclave russe de Kaliningrad située à l’intérieur de l’espace otanien, tout comme l’OTAN devait gérer pendant la guerre froide la logistique de l’enclave de Berlin-Ouest située à l’intérieur du Pacte de Varsovie.
En février 2022, le Kremlin a désenclavé la Crimée en envahissant l’Ukraine. Demain, le président russe pourrait être tenté de désenclaver par la force le territoire russe de Kaliningrad en Baltique, déjà transformé en bunker « nucléarisé » et en bulle de déni d’accès, et pourquoi pas aussi le territoire vassalisé de Transnistrie au sud-ouest de l’Ukraine. Ces deux opérations, si elles survenaient, reposeraient sur une offensive aéroterrestre surprise misant sur la sidération des Européens et de l’OTAN. Cette carte montre dès lors clairement l’importance stratégique du corridor de Suwalki, long de 65 kilomètres seulement, qui permet de relier à la fois la Pologne aux Etats Baltes, et la Russie à Kaliningrad. Elle montre aussi la nouvelle frontière orientale de l’OTAN qui pourrait rapidement se transformer en un nouveau rideau de fer, isolant par là même un peu plus la Moldavie et la Géorgie.