La Fondation Méditerranéenne d’Études Stratégiques clôture la 3ème SMHES jeunes diplômés. Cette formation à destination des jeunes diplômés s’est tenue du 24 au 28 avril 2023 à Toulon et en Région Sud. Cette formation a été permise grâce au soutien de la Région Sud Provence Alpes Côte d’Azur.
Composée de 22 jeunes étudiants d’horizons divers (classes préparatoires, écoles d’ingénieurs, Sciences Po, université de droit, master sciences de la mer, etc.) ou jeunes actifs, cette 3ème SMHES Jeunes fut riche en apprentissages et découvertes. Tout au long de cette semaine, les auditeurs ont fait preuve de curiosité et d’une grande attention lors de chaque visite et conférence proposée. Nous espérons que cette formation leur aura permis, comme le prône notre devise, de “Décrypter pour comprendre” le monde qui nous entoure, et en particulier la région méditerranéenne. À la confluence de nos deux missions principales, informer et former, les SMHES jeunes diplômés sont le parfait exemple de notre ambition de transmission et de progrès.
Dès leur arrivée, le lundi matin à la Maison du numérique et de l’innovation, les auditeurs ont été accueillis par Sarah Sriri, directrice de la session et du général de corps aérien (2s) Patrick Lefebvre, directeur des formations SMHES. Après avoir présenté leurs parcours académique et professionnel, ils ont pu en apprendre davantage sur l’institut grâce à un propos introductif de Patrick Lefebvre. Les auditeurs, pour la plupart passionnés de géopolitique et relations internationales, associés à quelques novices en la matière, ont tous été séduits par la promesse de cette session : renforcer leur compréhension des enjeux et des défis de sécurité et de défense en Méditerranée. La matinée s’est conclue par une conférence introductive de l’amiral (2S) Pascal Ausseur, directeur général de l’institut FMES, portant sur la géopolitique en Méditerranée. Intitulée « dans quel monde vivons-nous », Pascal Ausseur a mêlé géostratégie et philosophie dans une conférence qui a permis de décrypter les enjeux géopolitiques depuis le début de la révolution industrielle, qui correspond à l’européanisation du monde, jusqu’aux années actuelles où la fragmentation sur la scène internationale est de plus en plus perceptible.
Après une pause bien méritée, Damien Hassko, directeur du centre Urgence cyber région Sud, a sensibilisé la jeune promotion aux enjeux de la cybersécurité et aux différents risques actuels. À travers des exemples concrets, les auditeurs ont pu mesurer le danger que peut représenter une mauvaise utilisation des outils informatiques.
Une séance de travail collaboratif a permis de clore cette journée. Les 22 auditeurs ont été au préalable répartis en quatre comités équilibrés en fonction de leurs profils. Ces comités ont pour mission de travailler conjointement sur un thème donné : « La guerre en Ukraine, quelles conséquences pour la France et l’Europe ? » afin de produire une analyse prospective. Tout au long de la semaine, des créneaux réservés aux travaux de comité ont permis de réfléchir à ce sujet et à sa potentielle évolution.
Le thème du mardi était consacré au fait maritime. Le commissaire général (2s) Thierry Duchesne, directeur du département maritime de la FMES a prononcé une conférence sur l’action de l’État en mer. Après avoir détaillé la singularité l’espace maritime français et de son autorité, il a exposé les prérogatives de chaque administration. Pour illustrer ses propos, Thierry Duchesne a mis en évidence les caractéristiques de l’action de l’État en mer qui se déploie grâce à un vaste dispositif de surveillance dans les zones exposées au danger, dans le but de sauvegarder la vie humaine, apporter assistance aux navires ou encore veiller au respect de la biodiversité marine.
C’est au sein de la préfecture maritime de la Méditerranée que les réflexions se sont poursuivies. Le capitaine de corvette Loïc Declercq a permis de compléter les propos de Thierry Duchesne avec une conférence axée sur les enjeux en mer Méditerranée et en mer Noire. Avec l’appui d’une carte illustrée, le commandant a dévoilé à nos jeunes diplômés les zones de tension en Méditerranée et l’interaction des puissances régionales et internationales. Cette zone crisogène concentre en son sein les tensions internationales et est le théâtre de crises protéiformes. Pour sécuriser la Mare Nostrum, la France se déploie dans les eaux sous sa juridiction et au-delà, pour certaines missions de sauvetage. La séquence au CROSS Med permettra d’approfondir ce point. Aussi, notre pays est bien entendu amené à coopérer avec presque tous les pays bordant la Méditerranée à travers des coopérations bilatérales, et les coopérations multilatérales telles que le 5+5, la coopération de l’UE ou encore celle de l’OTAN.
Faisant suite à cette riche intervention, les auditeurs ont rejoint l’entrée principale de la base navale de Toulon où ils étaient attendus par les représentants du Service soutien de la Flotte. Le directeur général adjoint Jérôme Guyon, lui-même auditeur des Sessions méditerranéennes des hautes études stratégiques Cadres dirigeants et le commandant Arnaud Martin ont présenté ce service de la marine nationale, créé il y a une vingtaine d’années et assurant la maintenance des bâtiments de surface, sous-marins et moyens navals de la marine et des autres armées. S’articulant autour d’une direction centrale à Paris, le SSF bénéficie de directions locales à Brest et à Toulon ainsi que plusieurs antennes (Cherbourg et dans les outre-mer). L’importance du port militaire de Toulon confère au SSF de Toulon une place de choix. Après les explications théoriques, place au terrain ! Les auditeurs ont eu la chance de visiter certains endroits de la base et notamment les chantiers du SSF. Ils se sont d’abord intéressés à un bâtiment en cale sèche en passe d’être rénové avant de se rendre au niveau des grands bassins Vauban qui s’apprêtaient à accueillir le porte-avion Charles de Gaulle.
Après cette journée intense, les auditeurs se sont retrouvés le lendemain à La Garde pour une matinée consacrée au Centre Régional opérationnel de surveillance et de sauvetage de la Méditerranée. Reçus par l’administrateur de 1ère classe des affaires maritimes Louis Cougoureux, la jeune promotion a pu mesurer toute l’importance du sauvetage en mer dans une zone SAR (Search and Rescue), s’étalant sur 2000 km de côtes, 9 départements côtiers et 115.000 km2 mais aussi la pluralité des missions d’un centre tel que le CROSS Med. Au terme de cette présentation très claire qui a mis en lumière la diversité des acteurs avec lequel le centre collabore, les auditeurs ont pu se rendre dans la salle des opérations où des opérations de sauvetage étaient en cours.
À l’issue, les auditeurs ont rejoint Toulon où un copieux déjeuner les attendait à l’hôtel OKKO. Cette parenthèse conviviale apparaissait indispensable afin d’échanger leurs réflexions communes sur les séquences réalisées. L’accent de l’après-midi était mis sur un volet plus culturel avec la visite du musée de la Marine de Toulon. Avant même d’entrer au sein de l’institution, la porte du musée de la Marine, qui était auparavant celle de l’arsenal donne le ton de la visite à suivre. Guidés par Cristina Baron, conservatrice du musée, les jeunes diplômés ont admiré entre autres les maquettes de nombreux vaisseaux, galères, frégates, sous-marins, d’antan et d’aujourd’hui. Elle est également revenue sur la construction des navires et les progrès techniques qui permettent aujourd’hui à la base de Toulon d’être la principale base navale française. Une approche culturelle très appréciée et complétée par un volet plus géostratégique avec l’épisode du sabordage de la flotte française à Toulon en 1942 et ses conséquences durant la Seconde guerre mondiale.
Le jeudi, place à la géopolitique ! Pierre Razoux, directeur académique et géopolitique de l’institut, a entamé cette quatrième journée par une conférence sur les recompositions géopolitiques au Moyen-Orient et en Méditerranée. Sa conférence a débuté par une actualité brûlante qui rebat les cartes géopolitiques dans la région : la normalisation des relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite, soutenue par la Chine. Cette récente connexion illustre bien les nouveaux équilibres au Moyen-Orient. Pour aller plus loin, Pierre Razoux a passé en revue les différentes stratégies des principaux pays de la région mais également les velléités des puissances extérieures, la Russie, la Chine et les États-Unis en premier lieu. Son intervention s’est achevée par un tableau des ressources décisives pour demain, à l’instar des câbles sous-marins ou du capital intellectuel humain.
Cette conférence leur a permis de comprendre les logiques et intérêts stratégiques des grandes puissances. Ces connaissances ont rapidement été mises à profit. L’après-midi a en effet été consacrée au serious games Suprématie 2050. Dans la peau de la Chine, des États-Unis, de la Russie ou de l’Union européenne, les auditeurs ont tenté d’incarner le leader sur la scène internationale en 2050. Diplomatie, conquête spatiale, guerre commerciale, quête de ressources, toutes les stratégies ont été mises en œuvre. Au terme de plus de 3 heures de jeu et malgré tous les efforts déployés, la Chine, la Russie et les États-Unis n’ont pas réussi à devancer l’Union Européenne, grande gagnante de cette partie.
Pour leur dernière journée de formation, les auditeurs se sont rendus à l’Institut Français de Recherche pour l’Exploration de la Mer (IFREMER). Cet organisme public de recherche étudie les océans et les ressources marines grâce à ses engins sous-marins, notamment des robots sous-marins et des véhicules téléopérés. Reçus par le directeur du site, nos jeunes diplômés ont pu bénéficier d’une visite dynamique et d’explications précieuses. Ils ont pu observer quelques engins sous-marins, dont le Nautile, l’AsterX et même le tout dernier robot dédié à l’exploration des grands fonds, l’UlyX.
Après un dernier déjeuner pris sur les bords de la Méditerranée, il était temps pour les auditeurs de présenter leurs réflexions. Tour à tour, les comités ont décliné leur scénario d’analyse prospective sur les conséquences de la guerre en Ukraine pour la France et l’Europe. Le jury présidé par le directeur des Sessions Patrick Lefebvre et comprenant des représentants de la FMES et de SeaTech, l’école d’ingénieurs de l’université de Toulon, a apprécié la profondeur des analyses et la déclinaison très claire des différents éléments des scénarios. A l’issue, leur implication et leurs travaux ont été récompensés par des certificats de participation. Leur « diplôme » en poche, ils rejoignent désormais leurs prédécesseurs dans le cercle des alumni des Sessions Jeunes.
Merci à tous nos partenaires pour cette semaine de formation d’exception et bravo à nos auditeurs pour leurs exposés brillants et leur esprit de cohésion !