SÉMINAIRE PARISIEN DE LA 30ÈME SESSION MÉDITERRANÉENNE DES HAUTES ÉTUDES STRATÉGIQUES (SMHES)

Un temps plus qu’automnal à Paris pour ce séminaire de novembre ! Une aubaine donc pour siéger à l’école militaire du 14 au 16 novembre et y mener des réflexions de niveau stratégique. Quelques percées ont néanmoins été réalisées pour aller à la rencontre des acteurs participant aux processus décisionnels de nos grands décideurs politiques et institutionnels.

Le jeudi 14 novembre, le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale a donc ouvert ses portes aux auditeurs de la 30ème session. Ils ont pu mesurer le rôle essentiel de cet organisme à pied d’œuvre au quotidien pour tout ce qui concerne la protection et la sécurité de la Nation et très impliqué dans le domaine de l’anticipation stratégique.  Ils ont, pour la plupart, découvert les mécanismes permettant au chef de l’Etat de rassembler autour de lui de façon hebdomadaire ses grands subordonnés dans le cadre des conseils de défense. Il est facile d’imaginer la pression s’exerçant sur les administrations concernées par ce type de travaux. Des travaux menés sous contrainte de temps et dont l’objectif est bien de produire des décisions qui engagent ses administrations. Observons au passage que nos travaux de comités nous placent finalement dans un cadre assez confortable !

Cette présentation très complète du capitaine de vaisseau Alban Lapointe, réalisée dans l’enceinte magnifique des Invalides, a été poursuivie par une intervention de la direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère des armées. Les auditeurs sont désormais familiers de cet organisme car ils avaient déjà rencontré au cours du séminaire du mois d’octobre l’un de ses sous-directeurs, monsieur Emmanuel Puig. Cette fois-ci, le lieutenant-colonel Grégoire Bonichon a centré son propos sur la montée en puissance de l’armée populaire de Chine. Cette armée se présente désormais sous un visage où l’organisation s’inspire de celle des armées occidentales. L’armée populaire de Chine est, c’est le moins que l’on puisse dire, dans une dynamique de transformation radicale. Au-delà de son format, souvenons-nous qu’elle produit en volume quatre fois notre marine nationale tous les quatre ans. A l’évidence, l’intérêt de l’espace maritime, s’il s’impose à proximité du territoire chinois, prend une dimension nouvelle à l’échelle mondiale. Cela n’est évidemment pas sans interagir avec les nouvelles routes de la soie en Méditerranée. La présence de la marine chinoise n’est donc pas une surprise en Méditerranée d’une part et dans les autres espaces maritimes d’autres part. A cette occasion, la DGRIS a remis une plaquette relative à la stratégie de défense en Indopacifique.

Cette matinée très dense s’est achevée par un mouvement tactique de la session vers l’école militaire pour une pause déjeuner dans le célèbre espace de la rotonde Gabriel. Nous nous retrouvons donc au cœur d’une institution d’enseignement supérieur militaire fondée en 1750 par le roi Louis XV.

En ce début d’après-midi, les auditeurs ont été séduit par l’intervention du contre-amiral Patrick Zimmermann de la direction du renseignement militaire. Cet officier général, au parcours exemplaire, n’a pas perdu son temps et dispose d’une connaissance évidemment précieuse sur ce dossier pour en livrer une analyse approfondie aux auditeurs de la session. Liberté de ton et précision du propos qui ne laissent pas insensibles. Nous disposons désormais d’un éventail assez large sur les évolutions et les capacités militaires de la Chine dont certaines sont d’ailleurs utilisées au service des opérations de maintien de la paix, au Mali, en Afrique centrale en allant jusqu’au Liban au sein de la FINUL.

Pour parachever ces présentations à caractère institutionnel, il était nécessaire de faire comprendre aux auditeurs l’action centrée sur les relations internationales menée par l’état-major des armées au profit du chef d’état-major lui-même.  Une présentation à deux voix, réalisée par les capitaines de vaisseau Pascal Carré et Mayeul du Merle, s’intéressant respectivement à la question chinoise dans une dimension globale reprenant ainsi les nouveaux équilibres stratégiques sous-tendus par la région Asie – Pacifique et à la position européenne face à ces changements stratégiques. Beaucoup de matière a été délivrée pour alimenter la réflexion des auditeurs au cours d’une journée particulièrement riche en qualité et en quantité d’informations délivrées.

Une pause était nécessaire !  Elle fut courte car notre emploi du temps avait fixé un battle rythm très élevé.

Jean-Jacques Roche, professeur de Science politique à l’Université Panthéon-Assas où il dirige l’Institut supérieur de l’armement et de la défense (ISAD), fidèle de l’institut FMES depuis longtemps, s’était fixé un défi en essayant de convaincre son auditoire sur la nette amélioration de l’environnement mondial au travers d’une conférence sur la guerre en chiffres. Cela pouvait paraître nous éloigner du thème portant sur l’implication des routes de la soie en Méditerranée alors que dans les faits cette intervention est très utile pour appréhender les évolutions de notre environnement avec rigueur. Les événements, où qu’ils se produisent, prennent le plus souvent des proportions démultipliées. Mais sans doute est-il rassurant que nous souhaitions que le monde s’améliore davantage demain en en maîtrisant les facteurs qui concourent à cette amélioration. Une raison supplémentaire de conduire des travaux de prospective pour les sessions méditerranéennes des hautes études stratégiques. Une raison supplémentaire aussi de le faire avec une extrême rigueur.

En cette fin de journée, les auditeurs ont été conviés à un cocktail organisé à l’école militaire en présence d’anciens auditeurs et de personnalités appartenant au comité stratégique de l’institut. Ce rendez-vous témoigne du rayonnement de l’institut FMES et constitue aussi une formidable opportunité d’échanger avec des responsables en exercice ou l’ayant été récemment au plus haut niveau des administrations ou des ministères. Ce fut une très belle clôture de la journée avent de redémarrer le vendredi 15 juin sur d’autres pistes de réflexions.

C’est donc sous un angle plus économique que nous avons démarré la journée. En particulier, l’approche énergétique constitue un prisme d’intérêt évident lorsque l’on s’intéresse aux grands enjeux auxquels est confrontée la République populaire de Chine. Monsieur Nicolas Mazzucchi, particulièrement aiguisé sur ses questions, est docteur en géographie économique, chargé de recherche à la Fondation pour la Recherche Stratégique. Ce fut donc l’occasion pour nos auditeurs de percevoir les grands enjeux énergétiques chinois, notamment pour ce qui concerne les énergies fossiles compte tenu d’une intervention programmée sur les autres sources le samedi matin.

L’après-midi nous a enfin permis de réaliser une nouvelle percée vers un autre ministère, celui des affaires étrangères sous une pluie battante entre l’esplanade des Invalides et la rue de l’université. Ce fut d’abord un passage au centre de crise et de soutien du quai d’Orsay qui a permis aux auditeurs d’appréhender la gestion des crises pilotées par cet organisme née en 2008 et qui nous a été présenté par Nacera Amraoui, chargée de la formation et du RETEX. Conjugaison d’actions à caractère humanitaire et d’actions au service des Français de l’étranger qui souligne un engagement et une mobilisation de l’ensemble des acteurs de ce centre exclusivement engagés au service des autres. Enfin, nous avons privilégié un débat avec monsieur Gurvan Lebras, sous-directeur du centre d’analyse, de prévision et de stratégie du ministère des affaires étrangères. Inutile de dire ici tout l’intérêt de cet échange dont la profondeur exigerait à elle-seule un article complet.

Pour clore cette journée, les auditeurs ont décidé de se retrouver à proximité du palais du Luxembourg pour un dîner convivial permettant de prolonger les débats en s’autorisant ici ou là, malgré tout, quelques digressions…

C’est donc avec le même enthousiasme que la session s’est retrouvée à l’école militaire pour terminer son séminaire le samedi 16 novembre. Dans la continuité des interventions portant sur les enjeux économiques, madame Angélique Palle, docteur en géographie et chercheur à l’institut de recherche stratégique de l’école militaire (IRSEM) a porté son regard sur l’énergie électrique et les efforts de la Chine dans son développement. Au-delà, de réelles perspectives d’investissements se dessinent en Europe et ailleurs où des places ont été prises et pourraient être prises à moyen terme sur un secteur évidemment stratégique où les questions de souveraineté se posent. L’intervention de madame Béatrice Trigeaud sur le droit international dans l’environnement des affaires a d’ailleurs démontré toute la complexité des démarches d’investissements. Des traités bilatéraux existent notamment sur les investissements directs offrant certaines garanties qui sont pourtant loin d’être acquises sur les investissements indirects.  C’est sans doute un raccourci un peu rapide et rien ne peut se substituer à une intervention à caractère juridique de haut vol qu’il faudra assurément reconduire sur les thématiques futures des sessions méditerranéennes des hautes études stratégiques.

Vous l’aurez compris, ce séminaire a été assez dense. Mais, c’est à ce prix que nous pourrons conduire une réflexion stratégique en profondeur sur les enjeux des nouvelles routes de la soie. Cette réflexion d’ailleurs, nous ne manquerons pas de la transmettre à nos intervenants. A n’en pas douter, ils apprécieront.

La 30ème session méditerranéenne des hautes études stratégiques poursuit donc sa route et prend un nouveau rendez-vous au mois de décembre à Toulon. Nous reviendrons donc évidemment sur les interactions des nouvelles routes de la soie avec notre Méditerranée…

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