SÉMINAIRE EN CORSE POUR LES AUDITEURS DES S2M

La session maritime Méditerranéenne s’est rendue en Corse du 15 au 17 mars 2023. Deux thématiques étaient à l’ordre du jour : la poursuite de l’examen des politiques de protection de l’environnement en Méditerranée, commencée en mars sur le littoral occitan, et la sécurité maritime.

Dans la continuité du séminaire de février qui s’était terminé à Agde, à la Maison de la mer, siège de l’Aire Marine Protégée de la Côte Agathoise, les auditeurs ont pu découvrir une aire marine protégée majeure avec le parc naturel marin du Cap Corse et des Agriates. Ils ont été reçus par Mme Madeleine Cancemi, directrice de ce parc naturel marin et par Mr Laurent Ricquiers, chef du service opérations.

Le parc naturel marin du Cap Corse et des Agriates couvre 6.830 km2, superficie qui en fait le plus grand de France métropolitaine. Il recèle une grande diversité d’habitats marins dont des fonds marins qui font l’objet actuellement d’une recherche poussée en raison de la découverte de structures nouvelles comme des atolls de coralligène.

Le PNM du Cap Corse illustre l’importante politique d’implantations d’aires marines protégées en Méditerranée et notamment en Corse. Le défi est désormais de pouvoir retirer de ce type de structure de nouveaux progrès en termes de recherche scientifique, de protection du milieu marin et de cohabitation des activités.

Cette visite a posé à nouveau la question de la notion de zone de protection forte qui est en débat actuellement. En effet, une telle structure qui s’est bâtie sur l’adhésion des populations locales et sur une volonté de cohabitation entre les activités maritimes et les enjeux de protection de l’environnement devrait revoir totalement son modèle économique et social pour assurer une protection plus stricte du milieu marin.

Dans la suite du parc marin, la S2M s’est ensuite déplacée au sud de Bastia, pour se rendre au laboratoire Stella Mare relevant de l’Université de Corse et du CNRS. Cette plateforme est spécialisée dans l’ingénierie écologique marine et littorale en Méditerranée. Les auditeurs ont pu découvrir un laboratoire qui imagine la pêche et l’aquaculture de demain en Méditerranée pour apporter des solutions concrètes aux défis de la raréfaction de la ressource et de la dégradation de l’environnement.  En associant les chercheurs et les professionnels de la mer, l’équipe de Stella Mare, dirigée par le professeur Antoine Aiello, lauréat national de la médaille de l’innovation 2021 du CNRS, mène des études approfondies pour évaluer les stocks, analyser les interactions au sein de l’écosystème et maîtriser les processus de reproduction et d’élevage de différentes espèces locales. Recherche, transfert de technologies auprès des professionnels de la mer, sensibilisation et accompagnement : les pôles d’activité de STELLA MARE sont aussi divers que complémentaires. Forte de 10 ans d’expérience sur la maîtrise de la reproduction d’espèces vulnérables, l’équipe de chercheurs et d’ingénieurs de STELLA MARE a réalisé la prouesse scientifique et technique de maîtriser la reproduction de la langouste rouge. Après l’huître plate, le homard européen, l’oursin violet, le denti et le corb, il s’agit d’une avancée scientifique majeure, ayant un impact écologique, économique et patrimonial pour la Corse et la Méditerranée.

Le 16 avril, les auditeurs de la S2M se sont déplacés à Ajaccio pour y aborder le sujet majeur de la sécurité maritime pour lequel la Corse est en première ligne. Carrefour de routes maritimes majeures et riveraines des seuls détroits internationaux gérés par la France en Méditerranée (canal de Corse et Bouches-de-Bonifacio), cette région est une illustration parfaite des mesures de prévention des risques pris par l’OMI, le ministère chargé de la mer et le préfet maritime de la Méditerranée.

Les auditeurs des S2M ont pu commencer ce cycle avec la visite du Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage (CROSS Méditerranée) en Corse. Installé dans les locaux de la base navale d’Aspretto, le CROSS Med en Corse assure la direction et la coordination des opérations de recherche et de sauvetage en mer le long des côtes corses. C’est dans ce cadre que les officiers et officiers-mariniers du CROSS Corse ont dû faire face au quasi cyclone survenu en Corse le 18 août dernier et ont dû coordonner 110 opérations de sauvetage.
L’autre mission du CROSS Med en Corse est la surveillance de la navigation au large des côtes, et notamment dans les deux détroits internationaux,  avec l’aide des sept sémaphores de la marine nationale répartis sur le littoral corse. Cette mission est primordiale dans cette zone écologiquement riche et donc sensible, où transite un important trafic maritime commercial.
A l’issue de cette visite, Alain Tafani, Président des pilotes maritimes du Département de la Corse-du-Sud a passionné les auditeurs avec une présentation sur la sécurité maritime des détroits corses s’appuyant notamment sur sa très riche expérience dans ce domaine.

Visite du Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage (CROSS Méditerranée) en Corse

La dimension secours en mer a été concrètement illustrée par l’intervention de la Société Nationale de Sauvetage en Mer SNSM de Corse-du-Sud. Grace à la présentation de la SNSM dans sa dimension nationale puis locale assurée par Jean-Jacques Casalot et Lionel Vignon de la SNSM de Corse-du-Sud, les auditeurs ont pu mesurer toute l’efficacité et les services éminents rendus par cette association aux marins en détresse, qu’ils soient professionnels ou plaisanciers.

Ils ont été aussi impressionnés par l’enthousiasme de ces sauveteurs en mer bénévoles qui interviennent sur demande du CROSS, tous les jours de l’année et dans des délais très courts.

Pour parfaire leur connaissance des acteurs de la chaine de sécurité maritime, les auditeurs ont eu le privilège de pouvoir visiter le sémaphore de La Parata situé à la pointe nord du golfe d’Ajaccio. Ils ont pu découvrir les nombreuses missions des sémaphores de la Marine Nationale allant de la défense maritime du territoire jusqu’à des missions d’action de l’Etat en mer, au profit du préfet maritime.
Cette visite a permis de comprendre comment les sémaphores en Corse jouent un rôle essentiel dans le secours aux navigateurs sous la coordination du CROSS, mais aussi dans la sécurité de la navigation et la surveillance des aires marines protégées.

Visite du sémaphore de La Parata par nos auditeurs

 Ce travail n’est possible que grâce au professionnalisme et à la veille permanente des guetteurs sémaphoristes affectés dans les 19 sémaphores de Méditerranée et notamment les sept implantés en Corse. Ce suivi permanent de la situation maritime fait d’eux les « yeux et les oreilles du préfet maritime » comme cela a été précisé aux auditeurs. Pour cela, outre une veille optique, ils s’appuient en particulier sur des moyens radars performants et exploitent les données AIS (Automatic Identification System).
Pour leur dernière journée, les auditeurs des S2M ont visité la base navale d’Aspretto, présentée par le capitaine de frégate Gregoire Chavignot commandant la marine en Corse.

Point d’appui opérationnel dans les domaines de défense maritime, de l’action de l’Etat en mer de la marine, du contrôle des espaces maritimes ou de la gestion de crises, la base navale s’est dotée depuis 2021 d’une cellule anti-pollution pour intervenir dans des situations d’urgence en cas d’accident maritime générant des pollutions en mer.
La cellule antipollution de la base navale d’Aspretto ont fait la démonstration de leur efficacité en réalisant un exercice de lutte contre la pollution sur le plan d’eau de la base navale et sous les yeux des auditeurs. Ces deniers ont pu ainsi concrètement comprendre la stratégie à adopter dans un tel cas et les méthodes de lutte à adopter. Cette séquence a été particulièrement appréciée par son intérêt et sa dimension très pédagogique.

Visite de la base navale d’Aspretto par nos auditeurs

Ce déplacement a été, enfin, l’occasion pour la S2M de découvrir la nouvelle direction de la mer et du littoral de Corse (DMLC) ainsi que les nombreux enjeux maritimes de cette collectivité. Présentée par son directeur, Riyad Djaffar et par son adjoint Tristan Bataille, chef du service de gestion intégrée de la mer et du littoral, la DMLC est une structure régionale qui n’a pas d’équivalent sur le continent. Elle met en œuvre les politiques de l’État, en matière de gestion des ressources marines, ainsi que les politiques de régulation des activités exercées en mer et sur le littoral pour toute la Corse (sur le continent cette action est départementale).

Elle concourt à la planification des activités en mer, à la protection du littoral et des milieux marins, à la gestion intégrée des zones côtières et à la gestion du domaine public maritime. Elle assure également les missions portuaires de l’État en Corse.

Cette présentation d’un très grand intérêt a été illustrée par deux actions majeures menées par la DMLC. Il s’agit de la gestion des évènements dramatiques provoqués par la tempête du 18 août dernier et de la mise en œuvre en Corse de la politique des mouillages des navires, instiguée par le préfet maritime. Deux actions dans laquelle la DMLC a brillamment montré son intérêt en tant que structure maritime administrative régionale.

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