Les 5 et 6 juin 2025 se sont tenus les derniers séminaires de la Session des Hautes Études Géopolitiques Africaines, qui ont porté sur les acteurs décisionnels africains.
La première journée de séminaire fut dédiée à la thématique centrale : « Négocier et gérer en Afrique », une question capitale à l’heure où les dynamiques locales, nationales et internationales s’entrecroisent de manière de plus en plus complexe.
La matinée s’est ouverte avec une intervention de Rodrigue Kone, Sahel Project Manager à l’Institut d’Études de Sécurité. Expert reconnu en sciences sociales et anthropologie, fort de quinze années d’expérience dans l’analyse politique et sécuritaire, la gestion des violences communautaires et la promotion des droits humains, Rodrigue Kone à travers son intervention « Le rôle des autorités traditionnelles et religieuses en Afrique » a mis en lumière le rôle essentiel et souvent sous-estimé des autorités traditionnelles et religieuses en Afrique. Ces responsables, qui interviennent à la croisée des dimensions spirituelles, coutumières et sociales, jouent un rôle fondamental dans la médiation des conflits, l’organisation des sociétés locales et la légitimation des décisions politiques dans de nombreuses régions du continent, en particulier dans les zones rurales où l’État central demeure souvent lointain ou faible.
L’après-midi s’est poursuivie avec deux conférences consacrées à la gestion des ressources naturelles, enjeu majeur pour la stabilité du continent.
La première a été donnée par Philippe Copinschi, Docteur en science politique, spécialiste des relations internationales, enseignant à l’École des Affaires Internationales (PSIA) de Sciences Po Paris et analyste senior associé à Zenon Research. Son intervention, intitulée « Gérer les ressources pétrolières en Afrique », a dressé un panorama des enjeux liés à l’exploitation des hydrocarbures: dépendance économique des États producteurs, tensions entre compagnies internationales et populations locales, problèmes de redistribution des revenus pétroliers, enjeux environnementaux et corruption systémique.

Ensuite, Amaury Hauchard, grand reporter indépendant ayant longtemps travaillé pour l’AFP, a partagé son expérience de terrain autour du thème : « Gérer les ressources aurifères en Afrique ». Dans son intervention, il a évoqué le parcours de milliers de jeunes tentant l’aventure de l’or à travers le Sahara et le Sahel, souvent au péril de leur vie. Ce phénomène migratoire et économique d’ampleur, largement informel et sous le contrôle d’acteurs variés – des chefs traditionnels aux entrepreneurs locaux, en passant par des groupes armés ou jihadistes – constitue un défi géopolitique majeur. L’or extrait de manière artisanale dans ces zones part ensuite vers les grandes fonderies régionales de Bamako ou Niamey, avant d’alimenter les circuits interntationaux, illustrant la mondialisation paradoxale d’une ressource dont les bénéfices échappent souvent aux populations locales.

Le deuxième jour a été consacré à un exercice de simulation, particulièrement apprécié des auditeurs pour son réalisme et sa dimension participative. L’exercice mettait en scène une crise fictive mais inspirée de faits réels à la frontière entre le Mali et le Sénégal, deux pays clés de la sous-région ouest-africaine.

Les participants, répartis en plusieurs groupes représentant respectivement la CEDEAO (Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest), les gouvernements des États impliqués et les ONG internationales, ont dû négocier pour parvenir à une gestion concertée de la crise. Cet exercice a mis en lumière la complexité des rapports d’acteurs dans la région sahélienne, où s’entremêlent intérêts nationaux, impératifs sécuritaires, défis humanitaires et exigences de coopération régionale. Les auditeurs ont ainsi pu tester leurs compétences en diplomatie, en négociation de crise, en gestion des relations interinstitutionnelles et en prise de décision stratégique sous contrainte.

Enfin, la fin de journée a été consacrée aux travaux en comités, moments d’échanges approfondis entre auditeurs sur leur dossier collectif de fin de session. Ce travail commun s’inscrit dans la réflexion générale autour du thème « Vers un arc de crise sahélo-soudanais ? », question au centre de la formation cette année. Ces travaux seront restitués lors d’une session de clôture au mois de septembre à l’issue de laquelle les auditeurs recevront leur diplôme SHEGA.