Retrouvez des extraits de l’article de Pascal Ausseur paru dans le numéro 63 des Grands Dossiers de la revue Diplomatie. En vente ici.
Face à la mutation de l’ordre mondial, la Turquie a développé une nouvelle géopolitique qui répond à une fragilité interne croissante, au besoin de se sécuriser dans un environnement très instable et à la volonté d’étendre son influence pour devenir l’acteur de référence dans le jeu de puissance régional.
Le monde entier en a conscience : nous vivons une ère de changement stratégique. Le monde du XXe siècle
qui s’était progressivement structuré autour de l’Occident est bouleversé par un mouvement brutal des plaques tectoniques géopolitiques qui redessine un nouvel équilibre encore incertain. Comment va s’organiser le prochain ordre mondial ? […]
Une politique extérieure liée à la politique intérieure
Le glissement autoritaire de la Turquie depuis le coup d’État manqué de 2016 n’interdit pas la possibilité d’une défaite aux prochaines élections prévues en 2023. […]
Pauvreté, inflation et chômage croissants minent la posture du Président, qui n’a pas réussi à améliorer son image par sa gestion, volontariste mais critiquée, de la crise sanitaire. Le deuxième facteur structurant de la politique intérieure turque est lié à la question de la minorité kurde, qui représente 20 % de la population […]
Face à cette fragilisation politique, le Président a fait le choix d’une politique très volontariste de verrouillage de l’opposition, d’une alliance avec le parti nationaliste MHP et d’une communication publique axée sur sa politique internationale qui joue sur les fibres nationaliste, islamiste et eurasiste et promet des retombées économiques
exceptionnelles.
Une priorité : sécuriser son glacis
Ce dernier est considéré à la fois comme une menace en termes de cohésion nationale, comme une source de fragilisation de ses frontières et comme une opportunité d’expansion économique. […]
Développer son influence
Pour Ankara, il s’agit d’une priorité à la fois pour flatter le sentiment national en s’appuyant sur la nostalgie entretenue de l’Empire ottoman et pour asseoir la posture stratégique la plus large possible en profitant des espaces laissés libres par les réorganisations géopolitiques. Aidée par les financements du Qatar, où la Turquie a installé une base militaire en 2016, Ankara multiplie sa présence militaire dans une zone susceptible d’être réceptive à son leadership et qui correspond à l’ancien Empire ottoman. […]
Opposition à Israël, durcissement de la politique antikurde, soutien aux groupes islamistes en Syrie, rapprochement avec l’Iran et proximité croissante avec la Russie sont autant de démonstrations d’une politique qui s’autonomise, en dépit des représailles économiques et diplomatiques américaines. […]
Un jeu de puissance subtil avec ses partenaires
Le premier d’entre eux est bien entendu les États-Unis, allié tutélaire jusqu’au début des années 2000, lorsque Erdogan a entamé sa politique d’émancipation. La partie n’était pas facile, […]
Le rapprochement opéré avec la Russie, menace séculaire, est encore plus révélateur du bouleversement géopolitique à l’oeuvre. […]
La tentative d’Erdogan d’acquérir des missiles antiaériens chinois en 2013 avait matérialisé l’attrait que représente cette nouvelle superpuissance alternative qui s’intègre bien dans le concept eurasiste d’Ankara. […]
La politique arabe d’Erdogan doit elle aussi s’adapter à un environnement complexe. […]
L’UE à l’intersection des enjeux de la stratégie turque
[…] La Turquie a ainsi développé une nouvelle géopolitique à la fois ambitieuse, cohérente et décomplexée. […] Cette posture, tellement en phase avec le nouvel ordre mondial, impose aux Européens une nouvelle grammaire stratégique qu’elle doit s’approprier pour ne pas être marginalisée.
L’article complet est actuellement disponible en kiosques ou sur le site de la revue Diplomatie.