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Yémen : une famine dévastatrice menace le pays

L’ONG Save the Children tire la sonnette d’alarme dans un rapport publié mercredi 19 septembre : plus de cinq millions d’enfants sont menacés par une famine sans précédent au Yémen. « Le temps commence à manquer » alerte le Programme alimentaire mondial (PAM) pointant du doigt le sort des Yéménites qui ne savent pas actuellement comment s’approvisionner face à l’ampleur du conflit. Selon l’ONU, trois Yéménites sur quatre ont aujourd’hui besoin d’aide.

Si le Yémen, appelé il y a longtemps « l’Arabie heureuse » est embourbé dans des conflits depuis une cinquantaine d’années, il s’est mû en véritable guerre en mars 2015. A l’issue de la prise du palais présidentiel et du contrôle de la capitale Sanaa par les houthis, une faction minoritaire du chiisme appuyée par l’Iran et le Hezbollah libanais, le gouvernement yéménite d’Abdrabbo Mansour HADI, d’abord replié à Aden puis réfugié en Arabie Saoudite, demande à Riyad, son soutien historique, de mettre en place une coalition de pays arabes voisins sous commandement saoudien pour combattre les houthis contrôlant Sanaa et le port d’Hodeïda. Pour remettre HADI en place, l’Arabie Saoudite se livre à une guerre par procuration avec l’Iran sur le sol yéménite.

Depuis 2015, le prix des denrées alimentaires a augmenté de 68% tandis que le prix des carburants s’est accru de 25% depuis novembre 2017. La menace d’une famine grandissante surgit alors que le port d’Hodeïda, principal point d’entrée des importations et de l’aide internationale a été victime d’une offensive de la part des forces progouvernementales, après l’échec des pourparlers récemment à Genève. L’Arabie saoudite et ses alliés soupçonnent les rebelles de faire transiter des armes venues d’Iran par le port d’Hodeïda et imposent actuellement un blocus quasi-total. Save the Children déclare que l’interruption de l’approvisionnement de la population « mettrait la vie de centaines de milliers d’enfants en danger immédiat, tout en poussant des millions d’autres vers la famine ».

Depuis mars 2015, plus de 10 000 personnes ont perdu la vie et 56 000 ont été blessées. Les conséquences économiques de cette guerre et l’écroulement de l’Etat tuent plus de yéménites que la violence des conflits. Si Riyad pensait régler le problème rapidement en intervenant, les pays s’enlisent dans une guerre à l’issue incertaine.

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