Décrypter pour comprendre

La revue stratégique de défense et de sécurité nationale

« Dans un système international marqué par l’instabilité et l’incertitude, la France doit conserver sa capacité à décider et à agir seule pour défendre ses intérêts ».

En un peu plus d’une centaine de pages, la revue stratégique de défense et de sécurité nationale 2017 apporte un éclairage complet sur le contexte stratégique, présente les nouvelles formes de guerres auxquelles nos forces armées sont ou peuvent être confrontées et s’achève par l’affirmation de la stratégie de défense nationale, basée sur l’autonomie stratégique et l’ambition européenne.

Le Président de la République dans sa préface, souligne que « nous sommes entrés dans une ère de grandes turbulences ». Si la plupart des risques et des menaces d’aujourd’hui étaient cités dans le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2013, leurs manifestations se sont accélérées et leurs effets se sont amplifiés et rapprochés. Dans son avant-propos, la ministre des armées constate également que de nouveaux modes opératoires se sont développés, « basés sur l’ambiguïté, l’intimidation ou la déstabilisation ».

La Revue s’étend longuement sur le contexte stratégique, « en dégradation rapide et durable ». Au Levant, elle s’inquiète de la persistance de la fragmentation communautaire en Irak, qui pénalise la reconstruction et la restauration de l’Etat, et constate la dynamique de consolidation du régime syrien mais également sa dépendance à l’égard de ses alliés russe et iranien, « dont la présence est appelée à durer ». Reconnaissant que l’ensemble des recompositions à venir au Proche et au Moyen-Orient s’inscrit dans un contexte « dominé par l’influence de la Russie, de l’Iran et de la Turquie », la Revue note que la « rivalité entre Riyad et Téhéran entretient les tensions régionales ». Conséquence de luttes d’influence entre courants wahhabites et salafistes, le document dénonce une radicalisation islamiste visible des populations de l’Afrique subsaharienne, qui se traduit par le prosélytisme actif d’ONG religieuses et le financement extérieur de structures sociales de santé et d’éducation. Sur le règlement de la question intermalienne, il dénonce l’attentisme politique des parties et leur intérêt pour le statu quo.

La Revue s’inquiète également de l’évolution des capacités mises à la disposition des acteurs étatiques comme non-étatiques, évoquant un « nivellement technologique » qui rend la supériorité militaire occidentale « fragile et réversible ». Contrer les capacités de déni d’accès et d’interdiction de zone (A2/AD) redevient ainsi un objectif préalable à toutes les opérations.

Sans évoquer le retour d’un service national obligatoire, la Revue appelle à affermir la cohésion nationale, en particulier au sein de la jeunesse, cohésion « qui conditionne la légitimité de l’action des armées par le soutien de la Nation aux décisions de recours à la force ». Cet axe d’effort prioritaire « doit mobiliser l’ensemble des moyens concernés de l’Etat et de la société ».

VA(2S) Alain Christienne, directeur de la stratégie de l’Institut FMES.

La revue sur le site du ministère des armées =>

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