Décrypter pour comprendre

Mission à Djibouti des auditeurs de la 5e session nationale « Enjeux et stratégies maritimes »

Le vendredi 10 janvier 2020 dès cinq heures du matin, les auditeurs de la 5e session « Enjeux et stratégies maritimes » et leurs camarades des autres sessions nationales de l’IHEDN convergent dans la nuit sombre et le froid vers l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. Ils décolleront à bord d’un A340 de l’armée de l’Air pour se poser en fin de journée dans l’un des pays les plus chauds de la planète : Djibouti.

Ce n’est pas un hasard si ce pays a été choisi au regard de son positionnement stratégique dans la corne de l’Afrique, sur une route maritime vitale pour l’économie mondiale et au cœur d’une région particulièrement instable. Toutes les grandes puissances s’y intéressent et certaines y ont établi des bases militaires. Enfin, des liens uniques l’unissent avec la France dont les armées bénéficient d’un théâtre unique d’entraînement, d’aguerrissement et de prépositionnement de ses forces. Djibouti constitue ainsi une destination privilégiée, permettant aux auditeurs de l’IHEDN d’appréhender un grand nombre de problématiques géopolitiques au cœur des enjeux de défense et de sécurité du monde d’aujourd’hui. C’était également pour eux l’occasion unique de découvrir les capacités de leurs armées dans un contexte très proche de celui des théâtres d’opérations. La représentation diplomatique françaises et les forces françaises stationnées à Djibouti (FFDJ) leur avaient donc concocté une mission particulièrement riche et dense, les faisant osciller entre débats stratégiques et démonstrations opérationnelles sur le terrain.

Très tôt le samedi matin, S.E. Monsieur Arnaud Guillois, ambassadeur de France à Djibouti et le général de division aérienne Éric Gernez, commandant des FFDJ ont chaleureusement accueilli les auditeurs pour les éclairer sur les intérêts et les ambitions de la France dans cette région du monde et le rôle majeur joué par nos forces armées. Puis sont intervenus successivement S.E. Monsieur Aidan O’Hara, ambassadeur de la délégation de l’Union européenne, S.E. Monsieur Larry Andre, ambassadeur des Etats-Unis et Madame Barbara Manzi, coordinatrice résidente du système des Nations unies pour donner la vision de leur pays ou de leur organisation sur les grands enjeux dans les domaines de la sécurité, du social, du développement économique et de l’environnement.

S.E. Monsieur Aidan O’Hara, ambassadeur de la délégation de l’Union européenne, s’adressant aux auditeurs

Ce fut ensuite l’embarquement dans des camions de transport de troupes, deux heures de piste et un frugal casse-croute avant d’assister à une démonstration de combat en zone désertique sur le fameux site de Koron. L’engagement coordonné d’un groupe tactique interarmes (GTIA) de l’armée de Terre, appuyé par un ballet aérien de Pumas, de Gazelles et de Mirage 2000 virevoltant autour d’une colonne de chars AMX 10 RC, de véhicules de l’avant blindés (VAB) et de véhicules blindés légers (VBL) faisaient feu de tout bois de leurs canons ou de leurs mitrailleuses lourdes. Le réalisme de l’engagement du 5e Régiment interarmes d’outre-mer ainsi que le professionnalisme et la pédagogie de ses soldats, tout autant que leur simplicité et leur gentillesse, ont particulièrement impressionné les auditeurs.

Tir réel d’AMX10 RC du 5e RIAOM sur le site de Koron

Mais la journée était loin d’être terminée. Deux nouvelles petites heures de piste ont permis aux auditeurs de rejoindre le mythique Grand Bara pour assister à une démonstration des capacités de l’armée de l’Air. Police du ciel, ravitaillement en vol, « Show off force », déposes par corde lisse et récupération en « grappe » de commandos marine par hélicoptère ou encore posé tactique sur piste d’atterrissage sommaire, autant d’opérations réalisées sous un magnifique soleil couchant qui ont émerveillé les auditeurs.

Ravitaillement en vol au coucher du soleil

La nuit tombée, ils ont réembarqué dans les camions pour rejoindre le lieu du bivouac où un camp éphémère leur avait été dressé par les FFDJ qui, à nouveau, leur ont fait une démonstration d’organisation. S’est alors manifestée une véritable fraternité d’armes autour d’un barbecue et de chants de soldats et de marins qui résonnèrent tard dans la nuit du désert djiboutien. Même la levée du fameux khamsin, ce vent de sable bien connu dans le pays qui a envahi les assiettes et forgé de magnifiques chevelures rouges aux auditeurs, n’a pu altérer l’enthousiasme ambiant, bien au contraire !

Ce fut donc une nuit particulièrement courte qui s’est brutalement arrêtée au son du clairon le dimanche matin à 4h30. Après le luxe d’une douche chaude (pour certains) et un rapide petit déjeuner, l’émotion fut à son comble lors de la levée des couleurs au son des hymnes djiboutiens et français. Les auditeurs se souviendront longtemps de la Mareillaise chantée a capella au lever du soleil en plein désert. Mais le ronronnement des camions se faisait déjà entendre et il fallait de nouveau embarquer pour deux nouvelles heures de piste afin d’arriver à Arta Plage pour une démonstration d’action antiterroriste de la mer vers la terre des commandos marine, appuyés par des moyens aériens des armées de Terre et de l’Air.

Lever des couleurs et Marseillaise a capella au Grand Bara

Largués en parachute avec tous leur équipement – embarcation rapide inclue – par un avion de transport tactique, les commandos marine investirent à la nage, la plage tenue par un groupe terroriste hostile pour sécuriser le « beachage » de navires amphibies qui mirent à terre des moyens de combat plus lourds. Les otages libérés, les commandos furent exfiltrés en grappe par Puma sous la protection de Mirage 2000 aussi rapidement qu’ils étaient venus. Cette découverte de capacités aussi insoupçonnées que spectaculaires des forces spéciales françaises restera pour les auditeurs un moment fort de leur mission. Le retour à Djibouti par mer à bord des bâtiments amphibies ou des embarcations rapides des commandos marines fut l’occasion de découvrir le golfe de Tadjourah. La fatigue commençant à se faire sentir, le doux bercement lié au roulis des bâtiments permit à certains d’auditeurs de s’offrir un court moment de récupération.

Dépose par Puma d’un groupe d’infanterie du 5e RIAOM

Car la journée n’était pas finie. Après ces moments uniques sur le terrain, le dimanche après-midi fut consacré à la visite de la base chinoise puis du poste de commandement et de l’avion de patrouille maritime espagnol de l’opération Atalante. Cette longue journée particulièrement riche et dense s’est conclue à la résidence du commandant des FFDJ pour un dernier moment d’échanges en présence de diverses personnalités françaises et étrangères présentes à Djibouti. Enfin, les auditeurs qui avaient encore un peu d’énergie ont pu faire un rapide passage en ville pour découvrir des djiboutiens toujours aussi accueillants, en particulier pour les Français.

Après une nuit bien méritée et nourris de l’expérience du terrain, les auditeurs ont pu poursuivre le lundi matin leurs réflexions stratégiques avec un nouveau regard. M. Olivier Gasbarian du groupe RUBIS leur a permis de mieux appréhender les enjeux liés aux approvisionnements des flux pétroliers et gaziers dans la région de Djibouti. Puis, ce fut le bouquet final avec un dernier débat sans tabou autour du commandant des FFDJ et de l’ambassadeur de France. Les auditeurs ont ensuite pris l’avion pour rentrer en métropole avec un dernier au revoir d’un Mirage 2000 des FFDJ, encore des étoiles plein les yeux, impressionnés par la qualité de l’accueil qui leur a été réservé et fiers des capacités et du professionnalisme de leurs armées. Fatigués mais heureux, les auditeurs garderont longtemps dans leur mémoire cette mission unique sur le sol de Djibouti.

Derniers débats d’une grande franchise avec S.E. Monsieur Arnaud Guillois et le général Éric Gernez

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