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Migrants : le Maroc intensifie la répression

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La Marine royale marocaine a tiré des coups de feu sur une embarcation de migrants ce mardi 25 septembre 2018. Sur les 25 personnes présentes à bord, une Marocaine de 22 ans a perdu la vie tandis que trois autres personnes sont blessées, l’une d’entre elles étant dans un état critique. Ces quatre individus sont originaires du Rif à l’extrême Nord du Maroc.

Au large de Tétouan et de l’enclave espagnole de Ceuta, un zodiac refusait d’obtempérer suite aux avertissements des autorités marocaines. La marine royale s’est dit « contrainte » de tirer sur ces migrants se dirigeant vers l’’Espagne.

Selon des chiffres publiés par l’Office International pour les Migrations, l’Espagne est depuis le début de l’année le premier pays d’arrivée des migrants illégaux en Europe. Depuis le 1er janvier, ils sont plus de 38 000 à avoir débarqué sur les côtes espagnoles par voies maritime et terrestre. Le porte-parole du gouvernement marocain affirme d’ailleurs avoir fait avorter plus de 54 000 tentatives de passages illégaux de migrants en direction de l’Union européenne, dont 7 100 Marocains.

Les Marocains constituent en effet 15% des migrants gagnant l’Espagne. Pour enrayer cette immigration massive, le Maroc intensifie la répression. Depuis le mois d’août, environ 6 500 Subsahariens ont été refoulés vers le Sud. L’Association Marocaine des Droits Humains (AMDH) s’indigne du sort de ces migrants, en particulier des citoyens marocains « tués de sang-froid parce qu’ils veulent quitter ce pays ». En effet, au Maroc, certaines personnes victimes de l’exclusion sociale et majoritairement les jeunes qui représentent un tiers de la population, veulent fuir le climat de répression où les disparités sociales et la pauvreté sont grandissantes.

Le 11 août dernier, la chancelière allemande Angela MERKEL et le Président du gouvernement espagnol Pedro SANCHEZ ont accepté d’aider le Maroc à contrôler ses côtes. Si le porte-parole du gouvernement chérifien Mustapha EL KHALFI insiste sur la coordination conjointe et une « responsabilité partagée » entre UE et le Maroc en matière d’immigration, refusant de faire du Maroc un gendarme, les déplacements forcés à l’égard des migrants se sont intensifiés depuis le début de l’été. Pour les ONG, cette politique répond au programme initié par l’UE en direction du Maroc et de la Tunisie d’un montant de 55 millions d’euros afin de protéger les frontières de l’Europe.

Tandis que le Maroc avait, ces cinq dernières années, mené une politique d’intégration à l’égard des migrants, ces efforts ont été balayés par la politique des déplacements forcés et les actions des autorités marocaines dont les ONG dénoncent les expulsions abusives et les arrestations arbitraires.

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