Le LNG Vesta japonais transportant du gaz naturel liquéfié.
Tous droits réservés.
Les tarifs d’expédition du gaz naturel liquéfié (GNL, en anglais : Liquefied Natural Gas, LNG) ont atteint leur plus haut niveau depuis six ans dans les bassins du Pacifique et de l’Atlantique. Ce chiffre s’élève à environ 140 000 à 150 000 de dollars par jour.
Le GNL est du gaz naturel porté à l’état liquide. Indolore et facilement transportable, il est constitué en grande partie de méthane et est considéré comme une énergie fossile « propre » grâce à sa faible émission de CO2, le rendant moins polluant que le charbon ou le pétrole.
Le prix des hydrocarbures est déterminé par plusieurs facteurs. Concernant le GNL, la quantité de gaz naturel liquéfié produite, le rapport entre l’offre et la demande et la situation géopolitique des pays exportateurs et importateurs sont autant d’éléments qui influent sur le prix du gaz. De fait, ces dernières années, les tarifs ont bondi. Ces chiffres croissants s’expliquent par la provenance de nouvelles usines et l’anticipation de la hausse des prix ayant les expéditeurs à conclure des contrats plus longs. Le GNL étant un marché attractif, les projets se multiplient. La croissance annuelle de ce marché était de 10% en 2017 et atteint 8,3% pour la première moitié de l’année 2018.
Le leader du GNL, le Qatar, a annoncé en 2017 sa volonté d’étendre sa capacité de GNL, en passant de 77 millions de tonnes à 100 millions de tonnes par an d’ici 2024. S’agissant de la demande, Japon et Chine sont les principaux importateurs de GNL, Pékin l’ayant érigé en politique clé afin de réduire la pollution de l’air. En Europe, les approvisionnements en GNL proviennent principalement du Qatar, d’Afrique et de Russie. Quant aux Etats-Unis, ils bénéficient d’importantes réserves de gaz à bas coût et représentent un contributeur majeur dans les projets mondiaux de GNL. Toutefois, le différend commercial entre l’administration TRUMP et la Chine de Xi JINPING pourrait fermer le marché chinois en forte croissance aux fournisseurs américains et ouvrir la porte à de nouveaux partenariats. Le Canada, qui a annoncé récemment la construction d’installations d’exportation de GNL, pourra potentiellement remplacer les Etats-Unis dans les exportations de GNL vers la Chine.
Le gaz naturel liquéfié semble avoir encore des beaux jours devant lui puisqu’il fait l’objet de récentes découvertes. Au Mozambique par exemple, des gisements importants de gaz offshore ont été découverts. Le manque d’expérience du gouvernement a ralenti le rythme des projets. La découverte de gisements d’hydrocarbures en Méditerranée orientale depuis 2009 ne cesse également d’attirer les convoitises. Faisant de la région le nouvel « eldorado gazier », la question de ces gisements est soumise à des querelles entre les Etats riverains. La découverte du vaste champ gazier Aphrodite dans les eaux chypriotes illustre et vient envenimer cette situation. L’île étant divisée depuis 1974, les négociations entreprises par l’ONU en vue d’une réunification ont échoué en 2017, faisant de Chypre le théâtre des tensions, notamment autour de la question des hydrocarbures. Alors que la République de Chypre, membre de l’UE, a signé des contrats d’exploration avec des entreprises italienne, française et américaine, la partie Nord de l’île, dirigée par les chypriotes-turcs, bloque tout projet si elle n’y participe pas.
Les auditeurs de la 29ème Session Méditerranéenne des Hautes Etudes Stratégiques de l’Institut FMES devront d’ailleurs s’interroger sur la question des GNL, à l’heure où les gisements d’hydrocarbures en Méditerranée orientale s’apprêtent à devenir déterminants.