Le Premier ministre éthiopien Abiy AHMED.
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Le 5 octobre 2018, à Hawassa, dans le Sud du pays, Abiy AHMED a été réélu à la tête de la coalition au pouvoir en Ethiopie lors du 11ème congrès du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), au pouvoir depuis depuis 27 ans. Avec 176 voix sur 177, les grands électeurs des quatre partis politiques de la coalition ont réaffirmé leur confiance au Premier ministre, élu en avril.
Depuis son élection, le nouveau premier ministre éthiopien a affirmé sa volonté de réformer le pays. Ayant condamné publiquement les manquements démocratiques de ces dernières années, Abiy AHMED s’est attiré les foudres de sa coalition. En quelques mois, l’Ethiopie a procédé à la libération de milliers de prisonniers et de dissidents. Surtout, le pays a amorcé une réconciliation avec son voisin érythréen avec la réouverture des frontières à l’issue d’un conflit vieux de deux décennies. Alors que les dissensions internes font rage dans la coalition dont il fait partie, le Premier ministre a dévoilé sa nouvelle équipe. Pour la première fois, Addis-Abeba bénéficie d’un gouvernement paritaire. Abiy AHMED a d’ailleurs confié le portefeuille de la Défense à Aïsha MOHAMED, première femme ministre de la défense dans l’histoire du pays. De plus, ce nouveau gouvernement compte un ministère inédit : le ministère de la Paix, confié également à une femme, Muferiat KAMIL, présidant auparavant le Parlement. En annonçant les changements devant le Parlement, le Premier ministre a déclaré que le processus de réformes mis en place se poursuivrait dans le but de mettre un terme aux problèmes structurels et stratégiques ayant plongé le pays dans une situation inquiétante.
Toutefois, des violences meurtrières intercommunautaires sont venues ternir ces avancées. Plus d’un million de personnes ont été déplacées après des violents combats dans le Sud entre les Oromos, le groupe ethnique majoritaire en Ethiopie et les Gedeos, une minorité ethnique. Comptant 80 groupes ethniques, l’Ethiopie est familière aux guerres de clans et affrontements ethniques. Ces conflits sont aggravés par la pauvreté et la configuration de la politique éthiopienne. En effet, depuis 1991 et la chute de l’ancien président Mengistu HAILEMARIAM, la création de la coalition de l’EPRDF a entraîné une gouvernance fédérale des régions qui a nourri les sentiments ethno-nationalistes et affaibli l’unité nationale.
Abiy AHMED, conscient des problèmes que connait son pays, n’entend pas revenir sur l’Etat fédéral, « option privilégiée en Ethiopie » mais espère renforcer la démocratie.
Les élections générales doivent se tenir en 2020 et l’avenir de l’EPRDF est incertain. L’analyste politique Asnake KEFALE a déclaré : « Si l’EPRDF veut jouer un rôle important lors du scrutin de 2020, ses membres doivent rester unis malgré leurs différences ».