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- Date de création 7 septembre 2017
- Dernière mise à jour 7 septembre 2017
"Au cours de la décennie actuelle, la Méditerranée aura été au cœur des préoccupations stratégiques et sécuritaires. Printemps arabes, crise syrienne, crise des migrants, le bassin méditerranéen demeure une zone d’effervescence géopolitique. Au-delà de ces dossiers contemporains, la Méditerranée reste également le théâtre de conflits anciens, qui demeurent non résolus et qui façonnent aussi, pour partie, la réalité géopolitique contemporaine – question chypriote, conflit israélo-palestinien notamment. En tout état de cause, elle constitue un espace d’intérêt majeur du fait de son caractère hautement stratégique d’antichambre vers l’Atlantique à l’ouest, vers l’océan Indien et le Pacifique à l’est.
Au regard de cette actualité brûlante et compte tenu de l’importance de la Méditerranée pour la France, il semblait naturel que la commission de la Défense s’intéresse à l’action de nos forces armées à l’intérieur ou à partir de cet espace et, singulièrement, au rôle de la marine nationale.
Encore faudrait-il plutôt évoquer les rôles qu’assure notre marine, rôles différents qui peuvent toutefois se compléter ou se confondre en fonction de la perspective retenue. Il peut s’agir du rôle joué à l’intérieur du bassin méditerranéen, avec les opérations menées dans le cadre de l’action de l’État en mer (AEM). Il s’agit également du rôle joué à partir de celui-ci, à l’image de la participation de la marine à l’opération Chammal. En outre, ces rôles sont multiples : action opérationnelle quotidienne de nature civile – l’AEM à nouveau – ou action strictement militaire plus ponctuelle mais de haute intensité – Chammal ; action « diplomatique » et de coopération au travers des partenariats noués avec les marines riveraines ou certaines marines extérieures ; action dans le domaine industriel également, avec l’apport indispensable de la marine dans le cadre du soutien aux exportations (SOUTEX).
Le présent rapport s’inscrit dans la perspective d’une défense « à 360° ». Certes, des crises majeures se sont récemment produites aux marges orientales de l’Europe, qui ont légitimement focalisé l’attention de nos partenaires au sein de l’Union européenne comme de l’Alliance atlantique. Mais les risques et les menaces ne se concentrent pas uniquement à l’est. Le flanc sud est également un espace de tensions majeures et susceptibles d’entraîner des changements profonds à terme.
La Méditerranée est un espace de contradictions, de crises et de conflits. Son caractère central en fait également souvent un espace de transit et de projection vers d’autres espaces, ce qui lui confère une dimension stratégique très particulière. Elle est dès lors le lieu de rencontre, de croisement, voire d’affrontement des principales puissances économiques et militaires, même lointaines, ainsi qu’en témoigne la présence croissante de la Chine.
Elle est une zone où se déploie tout l’éventail des grands enjeux contemporains : enjeux stratégiques, économiques, énergétiques, migratoires, enjeux de développement, enjeux juridiques (principe de liberté des mers), etc.
Pour faire face à ces enjeux, pour assurer la préservation de nos intérêts nationaux, de ceux de nos alliés et le respect du droit international, il est nécessaire pour notre pays d’avoir une marine cohérente et complète, qui dispose de l’ensemble des matériels et maîtrise l’ensemble des compétences lui permettant d’agir sur toute la palette opérationnelle. Il ne s’agit pas seulement de participer à la « gestion quotidienne » du bassin méditerranéen, mais bien d’être aussi en mesure de mener des opérations de haute intensité. Il est dès lors nécessaire de prémunir notre marine contre deux risques majeurs qui ont pu grever l’action de certaines forces navales étrangères : d’une part, la perte de compétences et de capacités et, d’autre part, le syndrome de la « marine échantillonaire », avec des unités en nombre insuffisant pour assurer les missions efficacement et dans la durée. La marine nationale doit pouvoir mettre en œuvre l’ensemble des capacités et disposer d’un nombre suffisant d’équipements, de bâtiments et d’hommes pour assurer cette mise en œuvre."