La 29ème session méditerranéenne des haute études stratégiques s’est achevée le 15 juin 2019 à l’issue d’un séminaire de trois jours en région toulonnaise, marquée par les interventions du vice-amiral d’escadre Eric Chaperon et du vice-amiral d’escadre Charles-Henri de la Faverie du Ché.
Le 13 juin, l’ouverture du neuvième et dernier séminaire s’est déroulée à la salle Mozart, mise à la disposition de l’Institut FMES par la municipalité de Toulon. Le vice-amiral d’escadre Eric Chaperon, représentant militaire français auprès du Comité militaire de l’Union européenne et du Conseil de l’Atlantique Nord, y a présenté devant un parterre d’autorités civiles et militaires sa vision du rôle de l’OTAN et de l’Union européenne en Méditerranée. Il est en particulier longuement revenu sur les opérations militaires menées par les deux organisations, qui l’une comme l’autre, malgré des moyens et des ambitions différents, sont présentes sur le territoire de l’ex-Yougoslavie et déploient des forces aéromaritimes au large des côtes libyennes.
L’OTAN dirige une opération de soutien de la paix au Kosovo – la Force pour le Kosovo (KFOR) – depuis le 12 juin 1999, qui « contribue à maintenir un environnement sûr et sécurisé au Kosovo et à y préserver la liberté de circulation au profit de tous ». L’Union européenne quant à elle mène une opération militaire en Bosnie-et-Herzégovine appelée « ALTHEA » afin « de jouer un rôle dissuasif […] et de contribuer à un climat de sûreté et de sécurité indispensable ». Cette mission est menée en ayant recours aux moyens et capacités communs de l’OTAN (accords « Berlin Plus »), soulignant ainsi les faiblesses de l’Union européenne sur le plan militaire. Dans le domaine maritime, l’Union européenne mène « une opération militaire de gestion de crise qui contribue à démanteler le modèle économique des réseaux de trafic de migrants et de traite des êtres humains dans la partie sud de la Méditerranée centrale », baptisée « SOPHIA » tandis que l’OTAN contribue au travers de l’opération « Sea Guardian » à la connaissance de la situation maritime et à la lutte contre le terrorisme, et participe à la constitution de capacités de sûreté maritime.
L’après-midi du 13 juin ayant été consacré à la préparation par les auditrices et auditeurs de la restitution des travaux de comités, c’est le 14 juin que le cycle de visites a repris par une découverte de l’atelier industriel de l’aéronautique (AIA) de Cuers-Pierrefeu, un des cinq ateliers du service industriel de l’aéronautique (SIAé). Créé en janvier 2008, le SIAé est un service de soutien qui relève du chef d’état-major de l’armée de l’air et qui « exécute les actions de maintenance industrielle des matériels aéronautiques dont la responsabilité lui est confiée ou dont il obtient commande ». A ce titre, l’AIA de Cuers Pierrefeu assure essentiellement la maintenance du parc aéronautique de la Marine nationale, à l’exception des Rafales, et a livré 21 aéronefs en 2018. Mais la particularité de l’AIA réside dans sa division « radômes et composites », le personnel de l’atelier concevant, réalisant et testant les radômes de tous les aéronefs militaires depuis le Mirage IV, ce qui à l’époque permettait de garantir l’autonomie stratégique de la dissuasion nucléaire. C’est en préservant cet héritage que l’AIA a fabriqué en 2018 trente-trois radômes et en a rénové 73.
A l’issue d’un rapide buffet pris au milieu des vignobles varois, les auditrices et auditeurs ont eu le privilège de visiter l’installation nucléaire de base secrète de Toulon située au cœur de la base navale de Toulon, achevant ainsi un cycle « nucléaire » débuté dans l’enceinte sécurisée de l’Unité de Propulsion Nucléaire du centre de recherche de Cadarache. Conformément à l’organisation du ministère des Armées dans les domaines de la sécurité nucléaire fixée par l’arrêté du 20 août 2015, le directeur du service de soutien de la flotte de Toulon a été désigné comme responsable d’installation par le chef d’état-major de la marine, lui-même exploitant délégué « des INBS, moyens et installations associés en service implantés à Toulon, Brest et l’île Longue ». Les auditrices et auditeurs, après avoir revêtu les tenues appropriées, ont été en mesure de constater la rigueur des dispositions prises pour « prévenir et limiter les nuisances et les risques externes résultant de l’exploitation des INBS », en matière de pollution atmosphérique comme de de pollution des eaux.
Enfin, acte final de la 29ème session, la matinée du samedi 15 juin a permis aux auditrices et auditeurs de restituer les travaux portant sur les « conséquences géopolitiques de l’exploitation des gisements d’hydrocarbures en Méditerranée orientale ». Dans un brillant exposé à plusieurs voix devant de nombreuses autorités, s’appuyant sur leurs recherches personnelles et les nombreuses visites et interviews ayant marqué la session, ils ont déroulé trois scénarios issus de leurs réflexions prospectives, allant d’une vision optimiste permettant à tous les pays riverains de bénéficier des richesses des sous-sols marins à la montée d’un conflit ouvert, assortie de propositions permettant d’éviter cette confrontation. Le vice-amiral d’escadre Charles-Henri de la Faverie du Ché, commandant la zone maritime Méditerranée, qui avait déjà prononcé la conférence d’ouverture le samedi 20 octobre 2018, a tenu à remercier et féliciter les intervenants pour la qualité de leurs travaux, avant de partager avec eux l’option qu’il avait retenue et qu’il ne manquera pas de défendre dans les prochaines semaines.
Alors que, coïncidence des calendriers, les sept chefs d’Etats et de gouvernements des pays du sud de l’Union européenne publiaient une déclaration qui dans son paragraphe 22 affirmait « les droits souverains de la République de Chypre à explorer, exploiter et développer ses ressources naturelles au sein de sa zone économique exclusive » et s’inquiétaient des activités de forage « réelles ou potentielles » conduites par la Turquie dans cet espace, le vice-amiral (2S) Benoît Le Masne de Chermont, président de l’Institut FMES, a clos la 29ème session en remettant aux auditrices et auditeurs leur diplôme cosigné par le général de corps d’armée Patrick Destremau directeur de l’Institut des hautes études de défense nationale.