L’économie maritime aux prises avec les tensions sociales.
Les zones d’attente portuaires sont à limite de saturation devant les grands ports français, notamment Le Havre et Marseille-Fos. Plus d’une centaine d’escales ont été annulées depuis le début des grèves orchestrées par la CGT dans les ports, les terminaux pétroliers et les raffineries pour obtenir le retrait de la « loi travail ». Alors que les places portuaires françaises avaient retrouvé la fiabilité nécessaire à l’instauration d’un climat de confiance avec les grands armateurs internationaux, ces efforts risquent d’être compromis en quelques jours de blocage. Au-delà des nombreux secteurs de l’économie française touchés par la paralysie portuaire, ce sont des centaines d’entreprises de la chaîne logistique portuaire qui se retrouvent en grande difficulté. Le Cluster Maritime Français (CMF) met en garde le gouvernement et les organisations syndicales sur les conséquences de la situation de paralysie si celle-ci devait se prolonger : « si l’on veut éviter un détournement massif des trafics portuaires au profit des ports européens concurrents, une reprise rapide du travail est impérative. Ce sont des milliers d’emplois directs et induits dans les ports et leurs hinterlands qui sont en danger » a déclaré le président du CMF qui vient d’être réélu.
Le programme des Bâtiments de Commandement et de Projection (BPC) pour l’Egypte progresse.
En dépit des perturbations occasionnées par les grèves qui affectent le fonctionnement du port de Saint-Nazaire, le BPC Gamal Abdel Nasser (ex-Sébastopol russe) vient de terminer sa deuxième période d’essais à la mer. Les premières opérations d’enradiage des engins de débarquement (EDAR et CTM) se sont effectuées dans de bonnes conditions. Le navire devrait quitter Saint-Nazaire dans la moitié du mois de juin. Quant à l’Anouar el Sadate (ex-Vladivostok russe), la formation de son équipage se poursuit en vue de sa première sortie à la mer. Il devrait rejoindre l’Egypte au cours du mois de septembre. Alors que les BPC égyptiens seront les premiers bâtiments de ce type en service dans une marine du Moyen-Orient, la construction de l’Anadolu, premier porte-aéronefs de la marine turque, a débuté en avril dans le chantier turc SEDEF, en coopération avec l’industriel espagnol Navantia. Sa mise en service est prévue en 2021.
Recrudescence de l’immigration par voie maritime en Méditerranée.
La dernière semaine de mai aurait connu la mort d’environ 900 personnes par noyade à la suite du chavirement d’embarcations surchargées entre la Libye et l’Italie. Il y a pourtant de nombreux navires dans cette zone, ceux de l’opération TRITON de l’agence européenne FRONTEX, ceux de l’opération navale européenne SOPHIA et ceux des ONG humanitaires SOS Méditerranée et Médecins sans frontière. Alors qu’elle n’est pas encore relayée par la « bonne conscience » internationale, cette catastrophe était prévisible, avec le retour de conditions météorologiques favorables et le « garrot » posé sur le flux entre la Turquie et la Grèce. Un an après le début de sa mise en œuvre, l’opération SOPHIA montre ses limites, même si quelques passeurs ont été traduits devant la justice italienne et si les navires de l’opération ont sauvé près de 12.000 personnes. L’impossibilité persistance de trouver un interlocuteur gouvernemental libyen capable d’autoriser les navires de SOPHIA à opérer dans la mer territoriale, voire sur le littoral, constitue un frein considérable à la réussite de l’opération. La prolongation d’un an de l’opération vient toutefois d’être décidée à Bruxelles le 23 mai. Un effort de formation va être consenti au profit des garde-côtes libyens relevant du gouvernement « d’union nationale libyenne ».
Le 29 mai, dix-neuf migrants Albanais dont deux enfants, ont été sauvés en Manche par les autorités britanniques au large de Douvres alors qu’ils venaient du continent à bord d’une embarcation pneumatique. Une nouvelle voie ? Deux passeurs britanniques ont été arrêtés. Une affaire qui intervient en plein débat sur le « brexit ». La « Border Force » renforce sa surveillance.
La frégate Aquitaine déployée dans le Grand Nord.
Les espaces maritimes de l’Arctique sont l’objet de convoitises de la part des états riverains, aux premiers rangs desquels la Russie, le Canada et les Etats-Unis, mais aussi de la part de pays attentifs aux enjeux économiques et militaires, comme la Chine ou Singapour. C’est à ce titre que la France porte un intérêt grandissant pour le Grand Nord où les confrontations de moins en moins pacifiques se multiplient avec une marine russe en plein renouveau. Le déploiement en Norvège de la frégate de type FREMM Aquitaine, l’une des plus performantes plateformes anti sous-marine actuellement en service, revêt une forte dimension stratégique. Cette nouvelle mission s’inscrit dans le cadre du renforcement de la présence de la marine nationale au-delà du cercle polaire, tant avec des navires de surface, des avions de patrouille maritime et des sous-marins. A cet égard, les performances des navires français seront suivies avec attention par la marine norvégienne qui souhaite moderniser sa force sous-marine.
Croissance verte : Ségolène Royal inaugure le parc hydrolien de Paimpol-Bréhat et annonce le calendrier des appels d’offres commerciaux.
En déplacement à Brest et sur l’île d’Ouessant, vendredi 13 mai 2016, Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer, en charge des Relations internationales sur le climat, a rappelé son ambition de développer les énergies renouvelables en mer. Sur l’éolien en mer posé, l’ambition est d’avoir 6 000 MW de projets attribués d’ici 2023[1]. Ségolène Royal a ajouté, à la demande des professionnels, un calendrier des appels d’offres commerciaux pour les énergies marines renouvelables dans l’arrêté de programmation pluriannuelle des investissements d’énergies renouvelables. En ce qui concerne l’éolien flottant, la ministre annoncera en juillet 2016 les résultats de l’appel à manifestation d’intérêt PIA pour la réalisation de fermes pilotes.
Enfin, Ségolène Royal a annoncé la publication, dans les prochains jours, dans le cadre de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, du décret sur le complément de rémunération sur les énergies renouvelables. En juin paraîtra le décret sur la mise à disposition des données de consommation.
Un évènement dans le parapétrolier : TECHNIP fusionne avec l’américain FMC.
Alors que le secteur parapétrolier connait de fortes turbulences avec la chute du cours du brut et la baisse des dépenses d’investissement, TECHNIP et FMC ont annoncé leur fusion dans le cadre d’une opération de 13 milliards de dollars. En fait, dès 2015, les deux sociétés avaient mis en commun leurs compétences dans les infrastructures sous-marines. Complémentaires, TECHNIP et FMC peuvent faire ensemble baisser les coûts d’un projet sensiblement en améliorant sa conception et en simplifiant sa réalisation. Les économies réalisées seraient de l’ordre de 25 à 40%. Le nouveau groupe aura ainsi la capacité de proposer des projets « clés en mai » en valorisant leur complémentarité. C’est la même logique qui a abouti au rachat d’équipementier américain Cameron par Schlumberger pour 14,8 milliards de dollars. Croisement d’un français et d’un américain, le nouveau groupe français aura son siège à Londres. Outre l’aspect fiscal évident, le choix cette localisation résulte aussi des importants marchés que les deux sociétés avaient déjà en Grande-Bretagne. L’opération de fusion devrait être achevée en 2017 sous réserve de l’approbation des autorités de surveillance de la conc
Commissaire général de la marine (2ème section) Alain VERDEAUX
Conseiller maritime de la FMES