Le huitième séminaire de la 28ème session méditerranéenne des hautes études stratégiques (SMHES) a conduit les auditeurs à Toulouse les 17 et 18 mai 2018. La première journée a débuté par une visite du Centre spatial de Toulouse, une des entités du Centre national d’études spatiales (CNES). Cet établissement public national, scientifique et technique, institué par la loi n° 61-1382 du 19 décembre 1961, a pour mission de « développer et d’orienter les recherches scientifiques et techniques poursuivies en matière spatiale ».
Après les mots d’accueil prononcés par Philippe Marchal, directeur adjoint à la direction des systèmes orbitaux, le général de corps aérien (2S) Henry de Roquefeuil, conseiller militaire du Président du CNES et membre du conseil d’administration de l’Institut FMES, a dressé un inventaire complet des activités du CNES et de son implication essentielle dans le domaine de la défense. Les auditeurs ont ensuite pu bénéficier d’une visite du Centre de contrôle de mission français (FMCC) de COSPAS-SARSAT, opéré par le CNES. Le programme COSPAS-SARSAT est un système de détection, de localisation et de transmission par satellites d’alertes de détresse pour la recherche et le sauvetage.
A l’issue, le CNES a ouvert les portes du CADMOS (Centre d’Aide au Développement des Activités en Micropesanteur et des Opérations Spatiales). La présentation des différentes expériences proposées et mises en œuvre lors de la mission « Proxima » à bord de la station spatiale internationale a permis de découvrir une vidéo de l’astronaute français Thomas Pesquet, le « héros local ». Les auditeurs ont ensuite quitté l’orbite terrestre pour se propulser vers Mars, au cours d’une rapide visite du Centre d’opérations des missions scientifiques et plus précisément du FIMOC (French Instrument Mars Operation Centre) d’où les ingénieurs du CNES participent aux expériences menées sur Mars au travers des instruments français embarqués sur le rover Curiosity durant sa mission d’exploration du cratère Gale. Ces derniers attendent également avec impatience l’arrivée sur Mars le 26 novembre 2018 de la mission INSIGHT (INterior exploration using Seismic Investigations, Geodesy and Heat Transport) et la mise en œuvre du sismomètre français SEIS.
Après un buffet offert par le CNES, les auditeurs ont franchi le périphérique toulousain pour une découverte d’Airbus Defence and Space (ADS). A l’issue d’une présentation générale des activités spatiales d’ADS, les auditeurs ont revêtu blouses, charlottes et surchaussures pour une visite de la chaîne d’assemblage des dix premiers satellites de télécommunication de la constellation OneWeb. Inaugurée le 27 juin 2017, cette usine d’une superficie de 4 600 m2 permet de valider les méthodes de production nécessaires à la fabrication de satellites haute performance « à une échelle encore jamais atteinte ». Elle jette les bases de l’usine plus vaste de OneWeb Satellites située près du centre spatial Kennedy de Floride, qui abritera plusieurs chaînes d’assemblage. Ces dix premiers satellites, après avoir subi une vaste série de tests, seront les premiers composants d’une vaste constellation de 900 satellites en orbite terrestre basse (LEO), prévus d’être lancés par grappes de 32 satellites toutes les trois semaines. Projet évoqué rapidement par Hani Eskandar à Genève, OneWeb concrétisera le rêve de Greg Wyler d’offrir un accès à l’Internet aux populations les plus défavorisées de la planète.
Cette journée s’est achevée par un nouveau franchissement du périphérique et une présentation de l’Institut supérieur de l’aéronautique et de l’espace (ISAE – SUPAERO), établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel placé sous la tutelle du ministère des armées. L’ingénieur en chef de l’armement François Decourt, directeur adjoint de l’ISAE – SUPAERO, a brossé un rapide portrait de l’école, héritière de l’Ecole supérieure d’aéronautique et de construction mécanique créée en 1909 par Jean-Baptiste Roche, officier du génie et polytechnicien. Sans surprise, il a été rappelé aux rares auditeurs qui l’ignoraient encore à la fin de cette première journée que Thomas Pesquet avait obtenu son diplôme d’ingénieur dans ces locaux en 2001.
Afin d’illustrer l’excellence de la formation dispensée, l’ICA François Decourt a conduit les auditeurs vers les départements de recherche, à la rencontre de Roman Luciani et Antoine Tournet, deux jeunes futurs ingénieurs co-fondateurs de Diodon Drone Technology, « la startup commercialisant le premier drone gonflable pour les besoins de la défense et de la sécurité civile ».
Après une nuit réservée à la découverte de la « ville rose », les auditeurs se sont retrouvés le 18 mai 2018 devant le site de Thales Alenia Space. Organisée par Albert Cerro, directeur du site de Toulouse, la matinée a donné l’occasion aux différents intervenants de décrire les activités de l’autre géant du spatial toulousain. Outre la présentation des « solutions innovantes pour les télécommunications, la navigation, l’observation de la Terre et la gestion de l’environnement, l’exploration, les sciences et les infrastructures orbitales », les auditeurs ont bénéficié d’une description du programme européen Galileo. Thales Alenia Space est en effet depuis l’origine un partenaire important du programme dont la mise en service initiale a été prononcée le 15 décembre 2016. (FOC). Ce système européen de navigation par satellite, qui permet à l’Union européenne d’acquérir son indépendance vis-à-vis des systèmes américain GPS et russe GLONASS, renforce également l’efficacité du programme COSPAS-SARSAT.
Les capacités d’innovation de Thales Alenia Space, un « éléphant au pays des lévriers », ont également été mises en avant au cours d’un exposé centré sur le Cluster Innovation. Celui-ci a pour objectif de « faire émerger au sein de Thales Alenia Space des concepts disruptifs, qu’ils soient industriels, techniques, commerciaux et d’encourager la prise d’initiatives et la créativité au sein de la société ». A l’issue, les auditeurs ont à nouveau revêtu leur tenue de cérémonie pour pénétrer dans les salles blanches où ils ont pu découvrir de nombreux satellites de plusieurs tonnes en phase d’intégration.
Le séminaire consacré au domaine aérien et aérospatial ne pouvait se conclure sans un passage par les usines d’Airbus. Les auditeurs y ont été accueillis par Serge Boissière, ancien auditeur des SMHES. Outre une présentation générique de l’offre commerciale de la famille Airbus, riche de plus de 10 000 avions vendus sur les cinq continents, Daniel Cuchet, responsable de l’offre militaire A330 au sein d’Airbus, s’est attardé sur les différents appareils en service, dont l’A330 MRTT (Multi Role Tanker Transport), avion de ravitaillement en vol et de transport stratégique qui viendra remplacer les ravitailleurs KC-135RG et C-135FR du « Bretagne » ainsi que les Airbus A310-300 et A340-200 de l’escadron de transport « Estérel ».
La journée s’est achevée par une visite de la ligne d’assemblage final de l’A350 XWB, où se trouvaient rassemblés dix biréacteurs à différents stades. De la pose des onze mille rivets qui permettent de joindre les trois tronçons de fuselage jusqu’au montage des ailes, les auditeurs ont bénéficié d’une visite guidée riche en informations. Dans un silence religieux, ils ont constaté l’excellence du travail des « compagnons » qui assemblent le dernier de la lignée Airbus, un bel avion de 280 tonnes construit en fibre de carbone et capable d’emmener 325 passagers jusqu’à 15 000 km.
L’Institut FMES tient à remercier chaleureusement Thierry Floriant, auditeur de la 28ème session et … du CNES, sans l’investissement duquel ce séjour toulousain n’aurait pas été une telle réussite.